Afrique

Les Marocains résidant à l’étranger de retour sur la route d’Espagne pour rejoindre le pays (Reportage)

- L’Agence Anadolu a fait le voyage depuis le sud de la France, pour raconter ce retour très attendu des MRE vers leur pays d’origine.

Fatma Bendhaou  | 08.08.2022 - Mıse À Jour : 09.08.2022
Les Marocains résidant à l’étranger de retour sur la route d’Espagne pour rejoindre le pays (Reportage)

France

AA / Nador / Feïza Ben Mohamed

Après deux ans de restrictions, la crise sanitaire n’a pas empêché, cette année, les MRE (Marocains résidant à l’étranger), de reprendre l’emblématique route d’Espagne, pour rejoindre le royaume.

Un simple test PCR de moins de 72 heures ou un schéma vaccinal complet suffisent désormais pour accéder au territoire marocain.

Et ils sont nombreux, pour cette saison estivale, à emprunter les autoroutes espagnoles, puis le bateau, pour enfin arriver au Maroc.

L’Agence Anadolu a fait le voyage depuis le sud de la France, pour raconter ce retour très attendu des MRE vers leur pays d’origine.

Au départ de Nice, les Marocains sont peu reconnaissables sur les routes, voire pas du tout, circulant au milieu d’autres touristes, venus de toute l’Europe sur la Côte d’Azur. Mais à l’approche de la frontière espagnole, ils deviennent de plus en plus visibles.

Plaques d’immatriculation hollandaises, allemandes, belges et bien sûr françaises, se multiplient au fil des kilomètres, avec pour nombre de véhicules, des porte-bagages et autres remorques.

Sur l’aire de repos de La Jonquera, à quelques 150 km de Barcelone, tôt le matin à la veille du premier week-end d’août, des dizaines de véhicules font une pause.

« Je m’arrête systématiquement sur cette aire, qui est la première après la frontière, tout simplement parce que c’est celle où je m’arrêtais avec mes parents, quand j’étais enfants », raconte à l’Agence Anadolu, Samih, 38 ans, parti de Grenoble dans la nuit de mercredi à jeudi pour rejoindre Taza.

Il décrit « un sentiment de nostalgie » et « l’importance de transmettre » à ses enfants ce qu’il a lui-même vécu avec ses parents.

Une envie partagée par beaucoup de MRE, à l’image de Karim, installé à Nîmes et originaire de Berkane.

Admettant que « c’est un très long trajet, parfois fatigant », il attache une importance particulière à ce voyage, qui lui rappelle sa jeunesse et « qui fait partie des vacances ».

« Quand j’étais jeune, on partait de Nîmes avec mes parents, et mes frères et sœurs. Ma mère préparait à l’avance les repas de chacun: du pain, des œufs durs, des boites de thon etc », se souvient ce père de quatre enfants, pour qui « ce sont les meilleurs souvenirs de jeunesse », et « la première étape pour rejoindre le Maroc et le reste de la famille ».

À Barcelone, Tarragone, ou encore Alicante, le schéma est le même. Les aires de repos sont pleines et les coins d’ombre se font rare sous une chaleur écrasante.

Les familles marocaines représentent une grande partie de la clientèle, à tel point que certaines aires disposent de guichets de vente de billets de bateau, pour effectuer la traversée qui les amènera jusqu’au Maroc et qui constitue la dernière étape de ce périple estival.

Arrivés sur le port d’Alméria après près de 15 heures de trajet, les files d’attentes sont pleines, pour monter à bord d’un ferry.

Des centaines de véhicules sont stationnés en attendant de pouvoir effectuer la traversée Alméria-Nador, ou Alméria-Melilla.

Pour ceux qui continuent plus loin sur la route d’Espagne, la traversée de la Méditerranée est également possible depuis Malaga, Motril, ou encore Algéciras pour rallier Tanger ou Ceuta.

À Alméria, une aire de jeux a été aménagée pour permettre aux enfants de patienter plus facilement, tandis que plusieurs espaces de restauration sont disponibles.

C’est par des coups de sifflet que les autorités portuaires marquent enfin, ce vendredi soir, après une longue attente, le signal que l’embarquement va pouvoir commencer.

Chacun peut alors rejoindre sa cabine ou le siège qu’il a réservé pour cette traversée qui durera huit heures avant de mener vers l’enclave de Melilla.

Neuf heures, vendredi matin, le Ferry de la compagnie Armas Naviera accoste enfin sur l’enclave.

Mais si les passagers pensent que leur voyage touche à sa fin, l’ultime étape vers la Maroc va s’avérer bien plus pénible que prévue.

Arrivés au poste frontière entre Melilla et Nador, les centaines de véhicules descendus du ferry, vont devoir s’armer de patience et d’eau fraîche, sous une chaleur caniculaire.

Il faudra plus de sept heures d’attente pour que les derniers voyageurs puissent enfin faire tamponner leurs passeports et accéder au territoire marocains après les formalités administratives d’usage.

« C’est hyper pénible avec les enfants dans les voitures, mais on n’a pas d’autre choix que de patienter calmement », souffle Nora.

Elle explique attendre « ce moment depuis tellement longtemps que finalement les quelques heures bloqués à la douane pour tamponner les passeports n’ont plus beaucoup d’importance ».

Une fois le graal obtenu, les vacances peuvent enfin commencer, avec au programme: visite des familles, repos et activités, avant un retour pour la rentrée.

Le Maroc, qui comptabilise plus de 5 millions de MRE, en recense 80% en Europe, qui peuvent être orientés et guidés grâce notamment au travail effectué depuis 2001 par la Fondation Mohamed V pour la solidarité, à travers l’opération « Marhaba », déployée du 5 juin au 15 septembre.

À noter que les MRE ont effectué plus de 93,3 milliards de dirhams (environ 8,8 milliards d'euros) de transferts financiers selon Bank Al-Maghrib en 2021.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.