Afrique

Les médecins tanzaniens appellent à l'action contre une maladie mortelle du foie

- Alors que la communauté internationale se prépare à célébrer la Journée mondiale de l'hépatite, en Tanzanie la prévalence de l'hépatite est plus élevée que celle du VIH/sida

Ekip  | 27.07.2022 - Mıse À Jour : 27.07.2022
Les médecins tanzaniens appellent à l'action contre une maladie mortelle du foie

Istanbul


Par Kizito Makoye

AA/Dar Es Salam (Tanzanie)

La Tanzanie pourrait être au bord d'une crise sanitaire majeure en raison de l'augmentation des cas d'hépatite provoquée par un nombre croissant d'infections et de diagnostics tardifs, ont averti les experts de la santé.

L'hépatite, une infection potentiellement mortelle qualifiée de tueur silencieux, est une inflammation du foie souvent causée par des virus, mais parfois aussi par l'abus de drogues ou d'alcool.

Le virus se transmet souvent de la mère à l'enfant lors de la naissance, mais aussi par contact avec du sang ou des fluides corporels lors de rapports sexuels, d'injections ou d'expositions à des instruments tranchants, expliquent les experts médicaux.

Il existe cinq types principaux d'hépatite : A, B, C, D et E.

John Rwegasha, gastro-entérologue à l'hôpital national Muhimbili de Tanzanie, a déclaré que la prévalence de l'hépatite B dans les centres de don du sang est passée de 9,5 % à 16 % au cours des cinq dernières années. La prévalence du VIH est de 5,3 %.

Cependant, Rwegasha a indiqué qu'il n'y a pas de données précises pour connaître le charge de morbidité exacte de la maladie.

"Nous nous appuyons sur les données des centres de don du sang, qui ne sont pas toujours précises", a-t-il déclaré à l'Agence Anadolu.

Selon lui, la plupart des patients atteints d'hépatite ne présentent pas de symptômes lorsqu'ils sont infectés par le virus, bien que d'autres puissent tomber gravement malades avec des symptômes tels que le jaunissement de la peau et des yeux.

"L'hépatite aiguë peut provoquer une insuffisance hépatique entraînant la mort", a indiqué Rwegasha.

L’expert explique que de nombreux habitants des zones rurales risquent de contracter une maladie chronique du foie, un cancer et de mourir prématurément, exhortant les autorités médicales à intensifier les tests et les traitements.

"Cette maladie est un défi majeur de santé publique qui nécessite une réponse coordonnée et une action urgente.’’

Le virus mortel touche 354 millions de personnes dans le monde et, compte tenu de l'ampleur de l'épidémie, tout le monde pourrait être en danger, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

L'OMS estime que 296 millions de personnes vivaient avec une infection chronique par l'hépatite B en 2019, avec 1,5 million de nouvelles infections enregistrées chaque année. En 2019, l'hépatite B a entraîné environ 820 000 décès, principalement causés par le cancer du foie.

En Tanzanie, la plupart des personnes atteintes d'hépatite ne savent par qu’elles sont contaminées. Pire encore, les tests de dépistage de l'hépatite sont compliqués et peuvent être coûteux, avec une faible capacité des laboratoires où les évaluations diagnostiques et thérapeutiques coûtent 470 000 shillings tanzaniens (201 dollars), selon les experts locaux.

Selon Rwegasha, les médicaments pour traiter l'hépatite B étant coûteux, on conseille souvent aux patients de prendre des médicaments antirétroviraux.

"L'infection par l'hépatite nécessite un traitement à vie. Nous leur donnons généralement du ténofovir, un médicament antiviral générique également utilisé dans le traitement du VIH.’’

Dans toute l'Afrique, mourir de l'hépatite devient de plus en plus une menace plus importante que de mourir du VIH/sida. Cependant, les experts affirment que les personnes malades ne sont pas diagnostiquées et traitées avant qu'il ne soit trop tard.

Kidawa Halfani, 32 ans, se souvient que sa mère a contracté une hépatite dans la ville de Tabora, dans l'ouest de la Tanzanie, et que les médecins de l'hôpital central de Kitete n'ont pas pu diagnostiquer immédiatement les symptômes.

"Personne ne savait qu'il s'agissait d'une hépatite, même si nous l'avons emmenée à plusieurs reprises à l'hôpital chaque fois que ses yeux devenaient jaunes", a-t-elle expliqué.

Selon elle, les médecins ont dit qu'elle souffrait d'une légère fièvre et lui ont donné des analgésiques, ce qui ne l’a pas aidée.

Neuf ans après le début des symptômes, on a diagnostiqué à la mère d'Halfani un cancer du foie en phase terminale.

"Son état s'est encore aggravé. Il était trop tard pour sauver la vie de ma mère. Elle a connu une mort très douloureuse", a-t-elle déclaré.

Selon Rwegasha, l'hépatite est généralement difficile à détecter car elle ne présente que de légers symptômes semblables à ceux de la grippe, notamment de la fièvre, des courbatures et de la fatigue.

"Ce sont les symptômes que de nombreux patients ignorent. Ils ne commenceront à la prendre au sérieux que lorsqu'ils subiront une perte de poids massive et des troubles cutanés, qui peuvent mettre des mois à apparaître", a-t-il indiqué.

- Une lueur d'espoir

Récemment mariée et enceinte, Tausi Kiwanga a fait un test sanguin et a été effarée d'apprendre qu'elle était contaminée par l’hépatite B.

Après avoir consulté un médecin, elle a eu envie d'apprendre comment protéger son futur bébé de la maladie.

L'hépatite B ne la hante plus. Elle est passée du statut de survivante à celui d'aidante. Elle veille à ce que son futur bébé soit immunisé contre le virus.

"Je suis sûre que tout ira bien", dit-elle.

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