Afrique

Les exportations d'armes..fer de lance de la présence russe en Afrique

La militarisation russe de l'Afrique déblaie la voie à d'autres formes de coopération, le tout n'étant pas conditionné par le respect des Droits de l'homme dans ces pays africains

Mohamed Hedi Abdellaoui  | 01.12.2015 - Mıse À Jour : 02.12.2015
Les exportations d'armes..fer de lance de la présence russe en Afrique

Tunis

AA/ Tunis/Mohamed Abdellaoui                 

De grand retour en Afrique, la Russie ne cesse d’accélérer le pas gagnant davantage du terrain aux dépens d’autres grandes puissances concurrentes.

«La Russie qui se basait du temps de L’URSS sur le Marxisme et le Léninisme ayant le vent en poupe auprès des jeunes du camp socialiste africain, a ensuite accusé un certain retard» note, dans une déclaration à Anadolu, le directeur de l’Institut panafricain de géopolitique de Nancy (France), Mwayila Tshiyembe.

Après avoir procédé à une reconstruction militaire, politique et économique, la Russie semble s’imposer en tant que fournisseur d’armes, au premier lieu,  et acteur de poids sur le plan économique tant au continent noir que sur l’échiquier international, explique-t-il.

La politique russe en Afrique n'est toutefois pas sans reproches. De nombreux observateurs n’ont eu de cesse d’émettre des réserves, arguant que « Moscou se range du côté des gouvernants, quitte à négliger les intérêts et la question des Droit de l'Homme ». Surtout après sa position favorable à l’amendement de la Constitution congolaise par le président Denis Sassou Nguesso, en vue de se maintenir au pouvoir, selon la même source.

Il y a «un large soutien de la politique de (..) Sassou-Nguesso par le peuple congolais" déclarait le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov le 3 novembre en recevant le chef de la diplomatie congolaise Jean-Claude Gakosso au Kremlin. Une visite' à l'occasion de laquelle le "soutien" russe a été réaffirmé. 

 L’importance de la présence russe en Afrique sur les plans économique, politique, militaire et culturel se traduit par les chiffres recueillis par Anadolu via divers sites russes et internationaux qui se basant sur différents rapports.

  Rosobonexport, l’agence russe chargée des exportations du complexe militaro-industriel, coopère, en effet, avec 15 pays d’Afrique subsaharienne, selon l’agence d’informations russe Sputnik, ce qui fait de Moscou l'un des principaux fournisseurs d'armes en Afrique.

  Elle s’emploie, de surcroit, à consolider ses exportations militaires vers l’Afrique subsaharienne, qui ne représentent que 2% de l’ensemble des exportations militaires russes dans le monde, soit plus de 13,225 milliards de dollars en 2014, dont près de 5 milliards de dollars pour la seule Afrique du Sud.

Selon la même source, 25 contrats ont été signés en 2013-2014, pour un montant total de 1,7 milliard de dollars. Les meilleurs clients de la Russie sont les pays d’Afrique du Nord, notamment l’Egypte et l’Algérie. Un accord signé en 2013 avec Le Caire portait sur la modernisation du système de défense anti-aérienne. La Tunisie et la Libye figuraient également en bonne place avant la chute des deux régimes Ben Ali/Kadhafi, rapporte le site rfi.fr.

Auprès des pays africains, les vieux chars T55 et T62, rustiques, sont toujours très appréciés. Le même constat s’applique aux chasseurs Soukhoï et aux hélicoptères MI8 et LI24, d’après la même source.

Confirmant l’engouement des Africains pour les armes russes, des rapports sur les exportations russes vers le continent noir publiés par des médias spécialisés, notent qu’en 2013, l’Angola a signé un contrat de plus d’un milliard de dollars pour s’approvisionner en équipements, dont des avions de chasse Soukhoï et des hélicoptères. Et pour la première fois depuis quinze ans, la Russie et la Namibie ont signé un contrat pour la livraison de véhicules et de munitions, de missiles antichars, d'armes d'infanterie et de mortiers.

Un autre contrat a également été signé avec le Ghana pour la livraison d’hélicoptères, dont le coût total s’élève à 66 millions de dollars, avec la Russie. La Russie vend aussi des armes au Mali. A la suite d’une commande datant de septembre 2012, Moscou a livré à Bamako pour 12 millions de dollars des fusils d’assaut, des mitrailleuses et des munitions. Mais des discussions sont maintenant en cours pour des hélicoptères, des avions-cargos, des avions de combat et des véhicules blindés.

  Cette remarquable présence militaire russe sur le continent africain sous-tend un dynamisme économique allant crescendo. D’après les mêmes rapports, plusieurs entreprises s’y sont en effet implantées ces dernières années. Rusal, Severstal et Gamma-Him se sont implantées en Guinée. En Afrique du Sud, on retrouve le groupe Renova ainsi que Mechel. Alrosa, Technopromexport, Rosatom, Atomredmetzoloto et le consortium NIS, filiale de Gazpromneft, sont actifs en Angola. Le groupe Renova est également présent en Namibie, où Gazprombank entend lui aussi s’implanter. Rusal, lui, est actif au Nigeria, où Gazprom et Atomstroyexport pourraient participent à certains projets.

Les États africains sont toujours plus nombreux à développer avec la Russie une coopération basée sur les investissements : Guinée équatoriale, Botswana, Ghana, Libéria, Sierra Leone, renseignent les rapports illustrant la présence russe en Afrique par des chiffres.

La Russie occupe, aujourd’hui, le douzième rang en termes de projets d’investissements en Afrique du Sud, et le cinquième rang en volume d’investissements.

En septembre dernier, lors de la visite de Lavrov à Harare, la Russie a signé avec le Zimbabwe un accord d'un montant de 3 milliards de dollars portant sur l’exploitation d’un important gisement de platine, selon le site fric-afrique.fr.

La Russie ne se contente pour autant pas des domaines militaire et économique. Plutôt, elle diversifie autant que faire se peut sa présence, touchant également au domaine culturel. Pour l’année 2014-2015, 12 enseignants de la langue russe ont envoyés en Afrique, contre 78 en Asie, 71 dans la CEI (Communauté des Etats indépendants) et 38 en Europe, d’après l’Agence russe pour les compatriotes à l’étranger et la coopération humanitaire.

Tshiyembe fait observer qu'«en multipliant ses champs d’investigation, la Russie cherche à recouvrir son ancien espace géopolitique et culturel, en adoptant, tout comme la Chine, la politique du soft power pour faire semblant de respecter de la souveraineté des Etats, en se gardant de s’ingérer dans leurs affaires internes».

L'analyste politique russe Ftichlav Mavozov, voit la question autrement, reflètant plutôt la vision de Moscou. Pour lui, "la Russie cherche à faire barrière à l'hégémonie d'une seule partie sur le monde (les Etats Unis), plus particulièrement sur le continent africain, qui demeure une proie facile aux groupes terroristes ainsi qu'aux forces étrangères qui ont intérêt à y maintenir le chaos". 

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