Le président de la RDC affirme que les rebelles du M23 ne se sont pas encore retirés de la ville frontalière d’Uvira
- « Les informations sur le terrain indiquent que des combattants rebelles sont toujours présents dans la ville et ses environs immédiats », a déclaré Felix Tshisekedi lors d’un sommet régional
Kampala
AA/Kigali/James Tasamba/ Hamza Kyeyune
Le président congolais Félix Tshisekedi a déclaré dimanche que les rebelles du M23 ne s’étaient pas encore retirés de la ville frontalière stratégique d’Uvira, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), malgré leurs annonces précédentes.
L’Alliance Fleuve Congo (AFC), coalition rebelle opérant dans l’est du pays et incluant le M23, avait annoncé en fin de semaine dernière avoir entamé le retrait de ses forces d’Uvira, affirmant que l’opération serait achevée le lendemain, à la suite d’une demande des États-Unis, médiateurs des pourparlers de paix.
Toutefois, s’exprimant par visioconférence lors d’un sommet ad hoc de dirigeants régionaux convoqué par le président ougandais Yoweri Museveni pour examiner la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, Félix Tshisekedi a estimé que ce prétendu retrait « ne correspond ni aux faits ni aux observations faites sur le terrain ».
De son côté, le président ougandais Museveni a écrit sur le réseau social américain X : « Je suis encouragé par les discussions et par l’engagement fort des pays participants à collaborer en faveur d’une paix et d’une stabilité durables dans la région des Grands Lacs. »
« Nos informations établissent que des éléments armés demeurent présents dans la ville et ses environs immédiats, que des positions stratégiques restent occupées et que la population continue d’être exposée à des exactions », a déclaré Félix Tshisekedi devant le sommet.
« Un retrait annoncé, mais ni effectif, ni vérifié, ni suivi du rétablissement de l’autorité des forces régulières, ne peut être considéré comme un véritable retrait. La crédibilité de tout processus de paix repose sur des actes vérifiables et non sur des déclarations de circonstance », a-t-il ajouté.
« Les mécanismes régionaux doivent être au premier plan »
S’exprimant devant la presse à l’issue du sommet, le ministre d’État ougandais aux Affaires étrangères chargé de la Coopération régionale, John Mulimba, a indiqué que le président kényan William Ruto et le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, respectivement présidents en exercice de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), avaient été chargés de piloter la mise en œuvre des initiatives de paix existantes.
« Nous avons conclu que les mécanismes régionaux doivent occuper une place centrale », a-t-il déclaré.
Il a souligné la nécessité de vérifier les déclarations du groupe rebelle M23 et du gouvernement congolais concernant le retrait d’Uvira, ville stratégique prise par les rebelles le 10 décembre après une semaine de combats. Le M23 a qualifié son retrait de la capitale provisoire du Sud-Kivu de « mesure de confiance ».
Selon John Mulimba, « une force régionale devrait désormais intervenir en tant que force neutre afin de procéder aux vérifications ».
Les récents affrontements entre les rebelles et les forces gouvernementales ont provoqué une grave crise humanitaire, avec plus de 200 000 personnes déplacées, contraintes de fuir leurs foyers.
Les combats se sont intensifiés malgré un accord de paix signé le 4 décembre par le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, visant à mettre fin aux violences dans l’est du Congo.
Kinshasa et Kigali se sont mutuellement accusés concernant les violences à Uvira : la RDC évoque « une offensive généralisée menée ces derniers jours par les Forces de défense rwandaises », tandis que le Rwanda accuse les forces congolaises et burundaises d’avoir violé le cessez-le-feu.
Le groupe rebelle M23 contrôle d’importants territoires dans l’est de la RDC, notamment les capitales provinciales de Goma et Bukavu, prises plus tôt cette année. L’ONU, Kinshasa et d’autres acteurs accusent le Rwanda voisin de soutenir le M23, des accusations que Kigali rejette.
*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir
