Afrique

Le patchouli adoucit les conditions de vie au Burundi

- Originaire de l’Asie, le patchouli, cette plante tropicale de la famille des lamiacées, gagne du terrain dans l’ouest du Burundi frontalier avec la RDC et le Rwanda.

Esma Ben Said  | 25.11.2017 - Mıse À Jour : 25.11.2017
Le patchouli adoucit les conditions de vie au Burundi

Burundi
AA/Bujumbura/Yvan Rukundo

Le patchouli, une plante tropicale asiatique, défit les perturbations politiques et le climat burundais et constitue une source de financement pour de nombreux cultivateurs dans différentes régions du pays.

Afin de promouvoir l’industrie des huiles essentielles, le patchouli a été introduit, pour la première fois, en 1990 lorsqu’un groupe d’investisseurs burundais et allemands ont créé un complexe agro-industriel à Rugombo dans la province de Cibitoke (Ouest), raconte à Anadolu Chadrick Habonimana, directeur exécutif du complexe.

« Le volume d’exportation atteint une valeur de 10 tonnes d’huiles essentielles annuellement » indique Habonimana. « Notre complexe encadre plus de trois mille producteurs et offre 400 emplois » ajoute-t-il.
« Pour un cultivateur de patchouli, le revenu annuel est passé de 80 à 177 dollars américains », se félicite le directeur renseignant néanmoins, que dans un pays marqué par des violences, cette plante n’a pas été à l’abri.

Le projet s’est arrêté à la suite du coup d’État de 1993. Cette époque a été marquée par l’assassinat du président burundais, Melchior Ndadaye (21 octobre 1993), et de la guerre civile qui s’en est suivie. Conséquence : de nombreux cultivateurs ont fui vers la RDC, d’autres ont été tués.

« En 2001, à la suite de la signature de l’Accord d’Arusha, 10 mille boutures de patchouli ont été importées d’Indonésie. Cependant, la première récolte a été effectuée en 2004 », poursuit Habonimana notant qu’après séchage, les feuilles ont été envoyées en France pour un essai de distillation.

« S’appuyant sur l’assistance technique fournie par d’Astier Damarest (entreprise française), nous avons pu aboutir, en 2010, à une première exportation d’huile essentielle », indique Habonimana, mentionnant qu’Astier Damarest se charge de la distillation et de la commercialisation également.

-Une plante sensible aux rayons solaires

Le patchouli préfère un milieu semi-ombragé et bien drainé avec un sol riche et humide, décrit Grégoire Ndiragora, encadreur agricole.

A Cibitoke, le patchouli est implanté sous les ombrages des bananiers. « Leur biomasse abondante, leur ombrage naturel apportent une fraîcheur particulière au patchouli et favorisent sa croissance », explique Ndiragora.

L’encadreur agricole indique que le patchouli s’étend sur plus de 16 hectares dans 4 zones villageoises dans les communes de Rugombo, Murwi, Mugina et Mabayi.

-Source de financement pour les cultivateurs

« Le patchouli, dont le kilogramme est vendu à 0.17 dollars demande moins d’entretien par rapport à d’autres plantes notamment le coton et le café », révèle Simon Kabura, cultivateur de Rugombo.

« La culture d’un hectare permet d’obtenir 4 tonnes de feuilles », détaille-t-il, indiquant que la récolte se fait trimestriellement après la première moisson. Selon lui, un champ peut persister d’une période de trois à quatre ans avant son renouvellement.

« Les revenus de culture de cette plante m’ont permis de construire une maison, d’acheter une moto et de garantir un meilleur avenir pour mes enfants », a ajouté Kabura.

Selon Habimana, le patchouli possède, en outre, des vertus médicinales. « Il est efficace contre la mauvaise digestion, les troubles intestinaux et a des propriétés antiémétiques, antalgiques et antiseptiques », énumère-t-il, soulignant que dans certains pays asiatiques, le patchouli est utilisé contre le rhume, les céphalées et les vomissements.

« A l’état frais, les feuilles de patchouli sont inodores. Ce n’est qu’après fermentation que les précurseurs des différentes molécules donnent l’odeur aux feuilles traitées par distillation ou par extraction », a-t-il conclu.
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