Le Monde à l'envers à Madagascar!
- La Grande Ile connaît, depuis le début de 2017, un bouleversement environnemental, imputé aux changements climatiques.

Antananarivo
AA/Anatanarivo/Sandra Rabearisoa
Pluie dans le Sud, sécheresse dans le Centre ! Le monde est à l’envers dans la Grande Ile, constate la plupart des Malgaches.
L’alternance des saisons à Madagascar connaît, par les temps qui courent, un bouleversement encore plus perceptible, depuis le début de l’année en cours. Ce bouleversement est imputé aux changements climatiques.
Pays de l’Océan indien, Madagascar vit deux saisons, à savoir, la saison sèche et fraîche (du 15 avril au 15 octobre) et la saison pluvieuse et chaude (du 15 octobre au 15 avril), avec des intersaisons instables.
Alors qu’Antananarivo (capitale) est habituée aux fortes précipitations durant le mois de janvier, une raréfaction des pluies est toutefois enregistrée depuis le début de l’année en cours. L’on craignait même une sécheresse jusque dans dans la ville. Ironie du sort, le Sud, généralement peu irrigué par le ciel, a été inondé en janvier.
A Anatananarivo, février n’était, néanmoins, pas irrémédiablement avare. Après les premières gouttes, la pluie s’est enchaînée vers le début de la saison cyclonique que traverse le pays en ce moment. Mais les craintes d’une sécheresse aiguë persistent et les habitants de la capitale se montrent peu rassurés.
Le 10 janvier dernier, une grande panique régnait dans la ville. Le directeur général adjoint de la Jirama (Société d’eau et d’électricité de Madagascar) a déclaré que la population d’Antananarivo risquerait de faire face à une pénurie d’eau. Le lendemain, le ministre de l’Eau, Roland Ravatomanga, a tempéré, sur les ondes de la Radio Nationale Malgache (RNM), disant que toutes les précautions ont été prises.
Dans une interview exclusive à Anadolu, la directrice générale de la météorologie, Samueline Rahariveloarimiza, reconnaît que « Madagascar est vulnérable aux changements climatiques ».
L’érosion des zones côtières malgaches est due, dit-elle, à la remontée progressive de la mer, et la prolongation de la saison sèche a été constatée, depuis janvier dernier.
« Le début de la saison pluvieuse a connu un grand retard cette année. Au lieu de novembre-décembre, celui – ci n’a commencé qu’à la fin de février dernier », explique-t-elle. Un fait qui confirme la variabilité climatique, selon Rahariveloarimiza.
Le service de la météorologie de Madagascar prévoit d’ici 2050, une tendance à la hausse de 1°C de la température. Par conséquent, les cycles pluviométriques seront beaucoup plus réduits. « Concrètement, la saison pluvieuse sera beaucoup plus courte », explique encore Samueline Rahariveloarimiza. Elle fait, en outre, remarquer que cette réduction des pluies pourrait avoir un impact sur le cycle végétatif qui se retrouverait alors complètement perturbé.
« Il faudrait procéder à la création d’une couverture forestière, en transformant les lieux déserts en forêts », préconise-t-elle. Pour elle, la déforestation pourrait accélérer les effets du changement climatique.
Une étude sur l’évolution de la couverture forestière nationale du pays, durant la période allant de 2005 à 2010 a été publiée par l’Office national de l’Environnement (ONE), en 2015.
Selon cette étude réalisée en se basant sur des données satellitaires, le taux annuel de déforestation s’agissant de la même période était de 0.4%. Ce taux a connu une baisse par rapport aux périodes précédentes, où il variait entre 0,8% entre 1990 et 2000 et 0,5% entre 2000-2005, d’après le même rapport.
La couverture forestière a été évaluée, en 2010, à 9. 220. 040 ha. Environ 36 000 ha de forêts naturelles sont annuellement perdus à Madagascar entre 2005 et 2010, selon des données officielles.