AA / Tunis / Marwa El-Sahli 



La salle de cinéma « Le Colisée » a accueilli, samedi et comme depuis un demi-siècle, la cérémonie d'ouverture de la 28ème édition du Festival de Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), l'un des plus anciens festivals de cinéma en Afrique et dans le Monde arabe., qui se déroule tous les deux ans dans la capitale tunisienne.

Le Colisée est l'un des plus anciens cinémas du pays, fondé en 1932, à l'époque coloniale française (1881-1956).

Après l'indépendance, plus précisément en 1966, cet espace a vu naître le Festival des JCC, le plus ancien festival de cinéma arabe et africain qui se tient régulièrement, à l'initiative du pionnier du cinéma tunisien Tahar Cheriaa (1927-2010).

Durant la même année, le premier long métrage intitulé « l’Aube », produit par la Tunisie après son indépendance, a été réalisé par le scénariste Omar Khlifi

** "Reine des salles de cinéma"

Fondé dans les années 1930, le Colisée a été créé en conjonction avec le développement des techniques de cinéma et l'émergence de la technologie sonore dans les films.

Le terme Colisée est à l'origine de l’amphithéâtre Flavien (Colosseo en italien) qui est un immense amphithéâtre ovoïde situé dans le centre de la ville de Rome, entre l'Esquilin et le Cælius, le plus grand jamais construit dans l'empire romain.

La salle est appelée "Reine des salles" ou "Mère des salles", puisqu’elle représente l'un des théâtres les plus anciens et les seuls qui ont survécu après que de nombreuses salles ont été fermées en raison de la réticence du public à s’y rendre.

Treize salles de cinéma sont actuellement actives, en Tunisie, alors que le nombre était de 150 dans les années 80.


** Une histoire majestueuse

"Ce théâtre a été construit en 1932 par un homme d'affaires italien en adoptant le style de l'Art Déco, un style de design qui a été répandu entre 1920 et 1939", a déclaré Wassila Goubantini, propriétaire de la salle dans une interview accordée à Anadolu.

Le design, qui a ensuite été considéré comme un modèle pour les professionnels, consiste en des conceptions et des lignes cassées, des courbes géométriques en aluminium, en acier et en bois, ainsi que l'adoption de couleurs neutres combinées avec la couleur argent.

"Cette salle a été construite dans un complexe entier, avec un centre commercial, des appartements, un cinéma et un salon littéraire qui était fréquenté par les Français aristocrates", a-t-elle dit.

"Le Colisée était considéré comme un lieu de luxe à l'époque", a-t-elle expliqué.

L'espace (le Colisée) a été construit dans l’avenue Jules Ferry qui, après l'indépendance, a été rebaptisée « Habib Bourguiba » (premier président de la Tunisie après l'indépendance 1956-1987). L’avenue constitue une partie de la ville moderne qui a commencé à se former au début du XXe siècle.

"De nombreuses stars du cinéma ont visité le Colisée, dont l'actrice italienne Claudia Cardinale (née en Tunisie), le regretté acteur égyptien Omar Sharif et d'autres", a-t-elle déclaré.

De nombreux films tunisiens, français, américains, égyptiens et italiens ont été projets dans la salle, dont le premier long métrage en dialecte tunisien " Le Fou de Kairouan " réalisé en 1937 par un Français.

"Après l'indépendance de la Tunisie de la colonisation française (1956), les frères Salem et Gilani Goubantini, deux pionniers dans les domaines de l'investissement et de la cinématographie, ont décidé d'exploiter cette salle depuis 1972 à nos jours", a ajouté le propriétaire du Colisée.

Elle a expliqué que "les deux frères ont débuté dans le domaine du cinéma en 1962, après qu’un grand vide ait régné dans ce secteur, d'autant plus que les distributeurs, producteurs et réalisateurs, à cette époque, étaient tous étrangers de France et d'Italie".


** Maintenance annuelle

«Nous avons hérité de la famille l'amour du cinéma et nous ne pouvons pas nous permettre de laisser tomber plus d'un demi-siècle d’efforts. Nous avions 14 cinémas, mais la situation a changé et est devenue plus difficile d’un point de vue logistique et financier », a déclaré Goubantini en évoquant la pérennité de cet espace cinématographique par rapport aux autres salles qui ont été fermées et démolies.

"Nous effectuons chaque année des travaux d'entretien de cette salle", a-t-elle déclaré, ajoutant que "le Festival des JCC apporte également un soutien adéquat".

Najib Ayyad, directeur du JCC, avait déclaré à Anadolu que le retour à l'espace « le Colisée » est très important car le cinéma a son espace et ses salles, indiquant que le choix de l'espace du Palais des Congrès (gouvernemental) n'a pas été couronné de succès.


** Les débuts du cinéma tunisien

Omnia Pathé est le premier cinéma en Tunisie, construit en 1907, dans la capitale, par la société française Pathé.

Les débuts du cinéma en Tunisie remontent à 1896, lorsque les frères Lumière avaient filmé des scènes en direct dans la capitale.

L'année suivante, Albert Samama-Chikli, premier cinéaste tunisien, avait réalisé son premier film. Chikli avait ensuite filmé le premier court métrage tunisien non muet intitulé « Zohra » (1922), puis « La Fille de Carthage » en 1924.

De nos jours, le cinéma tunisien produit trois longs métrages et six courts métrages par an.
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