Afrique

Le cinéma burundais peine à plaider pour la paix

"Le Cinéma au service de la réconciliation" telest le thème de la 8ème édition du Festival international du cinéma et de l'audiovisuel au Burundi (Festicab 2016), marquée par le peu d'engouement du public et une faible participation burundaise.

Nadia Al Chahed  | 27.06.2016 - Mıse À Jour : 27.06.2016
Le cinéma burundais peine à plaider pour la paix

Bujumbura

AA/Bujumbura/Yvan Rukundo

Depuis son déclenchement en avril 2015, la crise politique et sécuritaire burundaise a eu des conséquences négatives sur tous les secteurs aussi bien économiques, culturels que sociaux. Le cinéma aussi n'a pas été épargné, selon des témoignages recueillis par Anadolu en marge de la 8ème édition du Festival International du cinéma au Burundi (Festicab 2016).

A la clôture de cette 8ème édition du Festicab (17-24 juin), un seul constat était partagé par la majorité des participants: La crise frappe de plein fouet le cinéma burundais.

D'ailleurs et contrairement aux éditions précédentes, cette année le festival n'a pas rassemblé un grand public, relève Serge Alain Noa, scénariste et réalisateur camerounais, qui s’était déplacé de Yaoundé à Bujumbura.

Un manque d'engouement qui s'explique selon les observateurs par la situation sécuritaire encore fragile, ce qui n'encourage guère les amateurs à se déplacer.

Abordé par Anadolu lors de la soirée de clôture, vendredi 24 juin, Noa s'est dit désolé face à l'absence de jeunes cinéastes qu’il avait formés durant les précédentes éditions. "Je me souviens que lors des 5 ème et 6ème éditions, l'affluence du public était telle qu'on se serait cru à un grand festival africain".

Il est dommage que cette crise survienne alors que le cinéma burundais "commence à éclore", déplore-t-il, ajoutant que le "Cinéma burundais est encore au stade où il a besoin d’être soutenu et encouragé".

Outre la faible participation, l'impact de la crise s'est traduit par le nombre réduit de films burundais présents dans cette édition. "Sur les 54 films en compétition, trois, seulement, étaient Burundais alors que sur la centaine de films projetés il n' y avait qu'une dizaine de productions burundaises", a indiqué Léonce Ngabo, président du Festicab.

Expliquant les raisons de la rareté de la production, Ngabo note que "la crise socio-politique a poussé nombre de jeunes talents à fuir le pays et découragé plusieurs autres qui, face à la situation sécuritaire dégradée, n'ont pu faire de tournages dans les quartiers de Bujumbura".

Par ailleurs la quasi-totalité des films primés sont étrangers, a-t-il encore indiqué. Un seul film local a été récompensé lors de cette 8 ème édition, à savoir "La photo de ma famille" d'Eric Nshimirimana qui a reçu un prix d'encouragement de un million de fbu (625 dollars).

Ce triste constat est partagé par des spectateurs qui ont relevé l'absence déplorable de cinéastes Burundais. "C’est regrettable que ce Festicab se tienne dans une situation pareille. Beaucoup de nos jeunes talents ont fui le pays alors qu’ils commençaient à être connus", se désole Mathieu, un cinéphile rencontré par Anadolu à la sortie de l’Institut Français du Burundi (IFB) où a eu lieu la clôture de édition de cette année.

Confiant Mathieu pense qu'il est temps que le pays retrouve la paix et la stabilité afin que les cinéastes puissent être libres de leurs mouvements et produire de nouvelles oeuvres.

"Le cinéma au service de la réconciliation", le thème de cette 8ème édition va d'ailleurs dans ce sens et témoigne de la volonté partagée de ramener le pays vers la paix.

Un choix qui vise, selon le président du Festicab, à pousser les jeunes talents et autres cinéastes à faire des films portant un message de paix et de réconciliation et participer ainsi à faire sortir le pays de la crise.

Lancé en 2009, le Festicab se présente comme le rendez-vous de choix du cinéma africain au Burundi. Il comporte trois compétitions : nationale, est-africaine et internationale.

Lors de cette édition 2016, c’est la Tunisienne Sonia Chamkhi qui a été primée, dans la catégorie meilleur long métrage de fiction, avec son film "Narcisse". La Camerounaise, Dorothy Atabong a, quant à elle, obtenu le prix du meilleur court métrage, pour son "Sound of tears".

Côté meilleur documentaire, c’est Aicha Macky, du Niger, qui a été primée pour "L’arbre sans fruit".

Pour la catégorie Communauté est-africaine, deux films ont été primés à savoir "Bahati" du Tanzanien Tim Connad, et "Kai, the vendor’’ de l'Ougandais Robert Nyanzi.

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