Le café burundais immunisé contre les crises
La production totale est passée de 14000 tonnes en 2014 à 18000 en 2015.

Bujumbura
AA/Bujumbura/ Nzosaba Jean Bosco
Malgré une grave crise politico-sécuritaire qui le secoue depuis des mois, le Burundi connaît une nette embellie dans ses cultures de rente en particulier le café. Les autorités ne s’en cachent pas.
«En 2015, le pays a connu une sérieuse augmentation de la production de café par rapport à l’année d’avant. La production totale est passée de14000 tonnes en 2014 à 18000 lors de l'année écoulée », a déclaré à Anadolu Jean de Dieu Mutabazi, directeur général de l’Agence burundaise de régulation de la filière café (Arfic).
Cette augmentation de la production du café procède à la fois du regain d’intérêt du paysan/producteur pour le caféier, de l’augmentation du prix du café cerise et d’une politique de privatisation qui prend finalement en compte les intérêts des caféiculteurs.
«Le gouvernement a pris la décision d’accorder aux producteurs 30 % des sociétés de lavages de café en cours de privatisation, c’est une mesure qui redonne du goût pour cette filière dont ils se sentaient de plus en plus exclus », explique à Anadolu Joseph Ntirabampa, président de la confédération nationale des caféiculteurs, CNAC.
Sur le plan régional, la courbe de la production caféière se veut aussi ascendante. Aujourd’hui, d’une manière générale, l’Afrique de l’est est en effet conjoncturellement en bonne posture sur le chapitre café.
Mais le Burundi reste le premier pays de la région qui doit le gros de ses ressources d’exportations au café. Selon le rapport de l’Agence de régulation de la filière café au Burundi (Arfic), la production du café vert (café marchand) était de 13.790 tonnes au cours de la campagne 2014-2015. Cette moisson a permis au pays d’encaisser des recettes évaluées à 81. 222. 654. 690 Francs burundais, soit 52.936.361 dollars. Le Burundi est suivi par l’Ethiopie, de l’Ouganda et du Rwanda.
Comme l’indique bien un rapport récemment publié par le Département américain de l’agriculture (USDA), « la production de café en Ethiopie devrait atteindre des niveaux record lors de la campagne 2015/2016. La récolte devrait tourner autour de 6,51 millions de sacs, tandis que le pays exportera autour de 3,2 millions de sacs », peut-on lire dans ce rapport.
L’Ouganda et la Tanzanie s’inscrivent aussi dans cette dynamique qui, selon le même USDA, « permettra à l’Afrique de l’est de voir sa production atteindre 12,46 millions de sacs (+3,2%)».
Les exportations est-africaines de la fève, elles, devraient tourner autour de 9,40 millions de sacs, en progression de 7,6% par rapport à la dernière campagne.
L’Afrique de l’est est le principal bassin caféier du continent avec pour figure de proue, l’Ethiopie qui est le 5ème producteur mondial.
Un rapport sur « la durabilité de la filière café en Afrique » publié le 26 août 2015 et disponible à l’Agence burundaise de régulation de la filière café (Arfic) donne aussi la même perspective à partir d’un zoom sur la situation du café en Afrique de l’est.
Le document fait la part belle à tout le continent africain en matière de café. « L’Afrique est la région qui abrite le plus grand nombre de pays producteurs de café : 25 contre 11 en Asie et Océanie, 12 au Mexique et Amérique centrale et 8 en Amérique du Sud ».
La production de la campagne 2014/15 est de l’ordre de 16,9 millions de sacs, soit 12% de la production mondiale estimée à 141,9 millions de sacs. Sur ce total, 10,4 millions de sacs devraient être produits par deux pays seulement, l'Éthiopie et l'Ouganda. Un sac de café pèse 60 kg.
En Afrique de l’est, au rang des géants du café se trouvent aussi l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie.
«La Tanzanie est le quatrième pays producteur de café d'Afrique avec une production annuelle moyenne de l’ordre de 800 000 sacs. Une amélioration substantielle a été enregistrée depuis la campagne 2012/13. La production de la campagne 2014/15 est estimée au-dessus de 1 million de sacs ».
L’Ouganda a aussi enregistré une croissance soutenue de sa production, avec une moyenne annuelle fluctuant entre 2,7 et 3 millions de sacs depuis les années 1970. Son niveau de production était estimé à 3,8 millions de sacs en 2014/15.