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L'Afrique du Sud à la CIJ : Israël utilise la famine comme "méthode de guerre" contre les Palestiniens

- L'Afrique du Sud a exhorté Israël à coopérer avec l'ONU, à laisser passer l'aide humanitaire et à cesser de violer les droits des Palestiniens, a déclaré son représentant

Beyza Binnur Dönmez  | 29.04.2025 - Mıse À Jour : 29.04.2025
L'Afrique du Sud à la CIJ : Israël utilise la famine comme "méthode de guerre" contre les Palestiniens

Geneve

AA / Genève / Beyza Binnur Donmez

L'Afrique du Sud a déclaré mardi devant la Cour internationale de Justice (CIJ) qu'Israël utilise la famine comme arme contre les Palestiniens dans les territoires occupés, violant ainsi ses obligations internationales.

Lors du deuxième jour d'audiences publiques à La Haye, Jaymion Hendricks, représentant sud-africain, a affirmé : « Le droit international interdit à Israël d'utiliser la famine comme méthode de guerre. Même sous siège ou blocus, Israël ne peut pas punir collectivement la population palestinienne qu'il maintient sous occupation illégale. »

Poursuivant son intervention, Hendricks a accusé Israël d’avoir « déployé toute la gamme des techniques de la faim et de l'inanition, perfectionnant le degré de contrôle de la souffrance et de la mort qu'il peut causer par le biais des systèmes alimentaires, ce qui a conduit à cet épisode de génocide. Malgré les tentatives horribles des responsables israéliens de les qualifier autrement, les Palestiniens sont des êtres humains. »

Il a souligné qu'Israël devait « coopérer de bonne foi avec les Nations unies et lui prêter toute l’assistance nécessaire », et respecter ses obligations d’occupant en « garantissant l'approvisionnement en nourriture et en soins médicaux ainsi que la libre circulation de l'aide humanitaire, des services essentiels et de l’assistance au développement fournis par l'ONU, les États tiers et d'autres organisations internationales. »

Hendricks a également insisté sur la nécessité pour Israël de « cesser totalement les hostilités » et « d'annuler immédiatement sa décision d’expulser l’UNRWA ainsi que d'autres organes onusiens chargés de missions humanitaires. »

Concernant le rôle des Nations unies, Hendricks a affirmé que l'organisation « doit exiger et négocier la levée des barrières imposées par Israël » et « continuer de fournir une assistance humanitaire au peuple palestinien malgré les restrictions israéliennes. »

Par ailleurs, il a rappelé que les États tiers ont « l'obligation de ne pas reconnaître les actes internationalement illicites d'Israël, y compris l’interdiction de l'UNRWA », et a exhorté ces États à « coopérer pour mettre fin à de tels actes » en s'abstenant de fournir des armes à Israël.

Plus tôt, Zane Dangor, chef du Département sud-africain des Relations internationales et de la Coopération, avait déclaré devant la Cour :
« Le système d’aide humanitaire est au bord de l’effondrement total. Cet effondrement est intentionnel. »

Enfin, Nokukhanya Jele, une autre représentante sud-africaine, a rappelé qu'« Israël ne peut imposer aucune mesure explicitement interdite par le droit humanitaire international, telles que les déplacements forcés massifs, la destruction de biens, l’implantation de colonies de peuplement, ou encore le ciblage des écoles et de leurs programmes pour effacer l’histoire du peuple palestinien. »


- « Israël viole ses obligations »

La représentante algérienne Samia Bourouba a appelé la Cour internationale de Justice (CIJ) à « déclarer qu'Israël viole ses obligations légales en tant que membre de l'ONU et en tant que puissance occupante. »

Bourouba a dénoncé l'absence de réaction efficace face aux actions israéliennes.
« Face aux violations commises par Israël, nous assistons à une absence de réaction effective de la communauté internationale », a-t-elle déploré.

De son côté, Maya Sahli Fadel, également représentante de l'Algérie, a souligné que l'aide humanitaire ne devrait jamais être utilisée comme « monnaie d'échange politique ou arme de guerre. »

« Sauver des vies ne devrait jamais faire l'objet de controverses », a-t-elle insisté, rappelant que « les principes du droit international élaborés depuis des siècles pour protéger les civils ne doivent pas être écartés et que l'impunité ne doit pas perdurer. »


- Arabie saoudite : Israël a ignoré les mesures conservatoires et aggravé la crise à Gaza

L'Arabie saoudite a déclaré devant la CIJ qu'Israël avait ignoré les ordonnances juridiquement contraignantes de la Cour et aggravé la crise humanitaire dans la bande de Gaza.

« Le jugement de la Cour traçait une voie claire qu'Israël devait suivre pour se conformer enfin à la légalité internationale », a affirmé Mohammed Saud Alnasser, représentant saoudien aux audiences, en référence à la décision de mars 2024 ordonnant à Israël de permettre « l'acheminement sans entrave de l'aide » vers Gaza.

« Hélas, mais sans surprise, Israël a choisi d’ignorer cette décision, démontrant qu’il se considère au-dessus des lois », a-t-il ajouté.

Alnasser a précisé qu'Israël avait « ignoré ces mesures conservatoires, tout comme d'autres appels émanant d'organes onusiens, d'organisations internationales et d'États concernés », préférant « aggraver la crise humanitaire et transformer Gaza en un amas de ruines invivable, tout en tuant des milliers d'innocents et de personnes vulnérables. »

Évoquant les responsabilités d'Israël concernant les installations de l'ONU à Gaza, il a déclaré : « L'incapacité d'Israël à garantir l'inviolabilité des locaux onusiens ne saurait être justifiée par des considérations de sécurité nationale ou de nécessité militaire. »

Il a en outre rappelé que l'Arabie saoudite « réaffirme son engagement inconditionnel en faveur de la création d'un État palestinien indépendant et souverain, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Cette position est ferme et non négociable. »


- Belgique : risque persistant de famine à Gaza

Le professeur Vaios Koutroulis, représentant la Belgique, a averti que Gaza fait de nouveau face au risque de famine et de malnutrition, tout en soulignant que l'accès à l'eau et aux installations sanitaires demeure « très limité et très inégal. »

Il a insisté sur le fait que « les obligations humanitaires d'Israël doivent être interprétées et appliquées de bonne foi », ajoutant qu'« il est interdit d'attaquer les personnels paramédicaux et humanitaires. »

Selon Koutroulis, « les intérêts militaires et sécuritaires d'Israël doivent être exercés dans le respect du droit international, et non en dépit de celui-ci. »


- Colombie : violations des devoirs humanitaires par Israël

Pour sa part, Mauricio Jaramillo Jassir, représentant de la Colombie, a affirmé qu'Israël viole ses obligations en « entravant l'accès aux services de base et à l'aide humanitaire pour la population palestinienne. »

Il a précisé qu'Israël devait « s'abstenir d'attaquer, de détruire, de confisquer ou de rendre inutilisables les biens essentiels à la survie des civils », et garantir « un accès sécurisé aux personnels médicaux et aux ambulances. »

Jassir a également dénoncé les actions d'Israël contre l'UNRWA, soulignant que, « en entravant le travail des organisations internationales, Israël condamne la population de Gaza à une aggravation de la crise humanitaire. »

Pour rappel, l'armée israélienne a relancé son offensive contre Gaza le 18 mars, rompant l'accord de cessez-le-feu et d'échange de prisonniers conclu le 19 janvier.
Depuis octobre 2023, plus de 52 300 Palestiniens, majoritairement des femmes et des enfants, ont été tués lors de l'assaut israélien contre Gaza.


* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba

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