Lac Tanganyika: La guerre du poisson n'aura pas lieu
Côté Burundi, responsables et pêcheurs se réjouissent d'une production qui a pratiquement doublé en trois ans grâce à la régulation de la pêche et à des programmes environnementaux régionaux.

Bujumbura
AA/Bujumbura/ Jean Bosco Nzosoba
Le Lac Tanganyika, plus long réservoir d’eau douce au monde, reprend son chant après un long silence. Ses eaux gargouillent désormais sans arrêt, rythmant la danse des milliers de poissons qui peuplent ce vaste espace bleu.
Avec une superficie d’environ 32.900 km², s'étirant sur 677 km², le lac Tanganyika, qui puise sa source dans le fleuve Congo, est un des lacs les plus profonds et les poissonneux de la planète. Il héberge plus de 2000 espèces animales et végétales, dont environ 600 sont endémiques, selon le ministère de l'Environnement.
Ce joyau africain est bordé par la Tanzanie, à l’Est, la République démocratique du Congo à l'Ouest, le Burundi à la pointe Nord et la Zambie à celle au Sud. Sa production annuelle est passée de 10 mille tonnes à 17 mille tonnes ces trois dernières années, selon des responsables rencontrés par Anadolu sur les rives burundaises, tout heureux de «cette embellie».
Ils se réjouissent de voir ce lac reprendre aujourd'hui sa vie alliant beauté et fertilité, et attribuent cette réussite, entre autres, au fait que le gouvernement ait pris la décision de réviser la loi régissant la pêche sur le Lac.
«Alors que les pêcheurs recouraient, auparavant, aux filets prohibés tels que les moustiquaires, les filets maillant, les pêcheurs agissant selon la nouvelle réglementation doivent uniquement se servir de bateaux à carrelets (filets), de catamarans et bateaux à filet maillant dormant. Tout au plus, la zone de reproduction techniquement appelée 'zone de frayères' est désormais protégée», explique à Anadolu, Léonie Nzeyimana, directrice du département de l’Eau, de la Pêche et de l’Aquaculture au ministère burandais de l’Agriculture et de l’Elevage.
«La nouvelle loi sur la pêche recommande aussi un repos de sept jours par mois pour permettre aux poissons de se régénérer. Du coup, la production va crescendo», ajoute-t-elle.
En raison de cette bonne gestion de la production, les prix ont chuté sur le marché local pour les deux grandes catégories de poissons du lac Tanganyika à savoir le Ndagala et le Mukeke. Aujourd’hui, un Kilo de Ndagala coûte 10 dollars, soit la moitié du prix d'il y a trois ans, selon les pêcheurs de la région rencontrés par Anadolu.
Toute la sous-région en raffole. La renommée du poisson appelé Mukeke dépasse les frontières burundaises. De grands hôtels et restaurants de la place et de l’extérieur du Burundi (Rwanda et l’Est de la R.D.Congo) viennent, aujourd’hui, s’approvisionner en poisson frais à Rumonge et à Nyanza-lac au sud de Bujumbura.
Selon les statistiques du ministère des Finances, la filière pêche représente un chiffre d'affaires de plus de 20 milliards de Francs burundais (près de 11 millions de dollars).
Pour développer la production du poisson dans le lac Tanganyika, le gouvernement burundais a aussi décidé, il y a plus de cinq ans, d’adhérer aux différentes initiatives régionales visant à la fois l’augmentation de la production de poisson et la protection des lacs communs.
Dans ce contexte s’inscrivent notamment deux programmes majeurs récemment initiés autour du lac Tanganyika dont l’autorité du Lac Tanganyika (ALT) et SmartFish.
«L’Autorité du Lac Tanganyika a été initié en 2011 par quatre pays riverains, le Burundi, le Congo, la Tanzanie et la Zambie pour la mise en œuvre des interventions communes par ordre de priorité en prenant soin de la protection de la biodiversité et de l’utilisation durable du lac et des ressources naturelles», explique à Anadolu Anésie Nahayo, cadre à l’Autorité du Lac Tanganyika.
L'autre programme régional est le SmartFish que le Burundi a intégré en février 2014, il vise le même objectif et s’étend sur un domaine géographique plus large.
«SmartFish entend améliorer le développement socio-économique et environnemental au sein de la région de l’Afrique orientale et australe/océan Indien (AfOA-OI), grâce, notamment, à une meilleure gouvernance et à des approches plus fiables en matière de gestion de la pêche et de l'aquaculture», précise encore Anésie Nahayo.
Ce vaste programme a été mis en œuvre par la Commission de l'Océan Indien (COI) pour le compte du COMESA (Marché commun de l’Afrique de l’Est et du Sud), de l'IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement) et de la CAE (Communauté d’Afrique de l’Est), en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Il bénéficie du soutien financier de l'Union Européenne et a été mis en place pour aider les autorités compétentes à renforcer leur cadre de gestion et de réglementation dans les lacs partagés de la région, notamment les lacs Kariba, Tanganyika et Victoria.
Près de 19.000 tonnes de poisson ont été pêchées en 2014 au Burundi dans le lac Tanganyika, un tonnage parmi les plus importants de ces 30 dernières années, selon le ministère burundais de l'Agriculture et de l'Elevage.
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