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La Tunisie cherche à réduire le taux de pauvreté à 7% d'ici 2030 (Interview)

- Pour le ministre tunisien des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, cet objectif est réalisable notamment après l'accord avec les syndicats et l'adoption d'une nouvelle loi sur la sécurité sociale.

Adil Essabiti, Hafawa Rebhi  | 25.02.2019 - Mıse À Jour : 26.02.2019
La Tunisie cherche à réduire le taux de pauvreté à 7% d'ici 2030 (Interview)

Tunisia

AA / Tunisie / Adel al-Thabeti

La Tunisie cherche à réduire le taux de pauvreté des 15% actuels à 7 ou 8% d’ici 2030.

Avant de communiquer cette projection et d’autres objectifs de son ministère, le ministre tunisien des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, a fait part à Anadolu d’un diagnostic de la situation sociale dans le pays.

Selon Trabelsi, la pauvreté en Tunisie ne cesse de reculer, "même dans les pires moments d’instabilité sociale dans le pays". Des 15% des Tunisiens qui sont pauvres, 3% seulement vivent dans des conditions d'extrême pauvreté, a-t-il précisé.

"En Tunisie, 285 mille familles pauvres bénéficient d'interventions directes de l'État. A partir de septembre 2018, cette prise en charge s’est améliorée grâce à une augmentation des allocations mensuelles de 50 à 60 dollars, en plus des soins gratuits et d'autres augmentations de certaines aides familiales", a-t-il ajouté.

Évoquant les 620 mille autres familles tunisiennes qui "ont des revenus insuffisants pour subvenir convenablement à leurs besoins", le responsable tunisien a rappelé la récente loi qui devrait, estime-t-il, remédier à cette insuffisance.

Il s’agit en effet de la loi sur la sécurité sociale, adoptée le 16 janvier par l'Assemblée des représentants; une loi "plus complète et multidimensionnelle, qui va au-delà de l’unique aspect financier de la pauvreté pour l’aborder dans toutes ses dimensions liées au travail, à l'éducation et à la santé".

Le ministre tunisien estime qu'avec la nouvelle loi, le traitement de la pauvreté ne relève plus de la responsabilité de son département, ni même du gouvernement, mais de la responsabilité de la nation tourte entière. "Tout le monde est concerné. Toute personne démunie privée de cette aide a le droit de saisir les tribunaux pour rétablir ses droits", a-t-il insisté.

Trabelsi a également évoqué l'accord récemment passé avec l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) pour augmenter les salaires des fonctionnaires. "La paix sociale est indispensable, indépendamment des échéances électorales, et elle est nécessaire pour créer un meilleur climat d'investissement et de travail. La paix sociale est doublement importante en période d’élections", a-t-il jugé.

** Augmentation des salaires

Plus tôt ce mois-ci, le gouvernement tunisien a signé un accord avec l'UGTT pour augmenter les salaires des fonctionnaires, ce qui a mis fin à des grèves et à des manifestations organisées ou programmées par la centrale syndicale.

"Nous avons signé un accord avec le syndicat pour réviser les salaires des employés (680 mille)", a-t-il déclaré. "Tout coûte cher, le coût de la paix sociale et de la coordination nationale dans cette transition est inestimable".

"Nous espérons que les accords de 2018 et du début de 2019 profiteront à l'économie locale en augmentant le taux de croissance", a-t-il espéré, réitérant l’impact de ces accords sur le climat social, à travers l’atténuation de la protestations et l’amélioration, par conséquent, u climat des affaires .

** Protestations au bassin minier

Interrogé sur les manifestations en cours dans le bassin minier riche en phosphates dans le sud du pays, le ministre a tenu à analyser la situation dans le temps. "Les gouvernements post-révolutionnaires ont hérité d'une situation difficile dans certaines régions, en particulier celles qui contiennent de la richesse ... Le citoyen a souffert de cette contradiction flagrante entre richesse et privation", a-t-il constaté.

"L'accélération des événements et le rythme des manifestations et des revendications des habitants et des jeunes ont amené les gouvernements à calmer la situation par des mesures incapables d’endiguer la grogne populaire. Les manifestations se sont donc poursuivies", a-t-il expliqué.

Selon les statistiques officielles, la production de phosphate est passée de 8 millions de tonnes en 2010 à moins de 4 millions de tonnes en 2018.

De nombreux experts associent le déclin de la production de phosphate aux manifestations en cours dans le bassin minier de la région de Gafsa.

"Nous devons trouver des solutions à travers un contrat social avec les habitants et leurs représentants, en optant pour une approche de développement durable de la production", a-t-il préconisé.

Les termes de ce contrat social ? Affecter les revenus de la production de phosphate, en tout ou en partie, à de véritables projets de développement dans la région pendant une certaine période, en contrepartie de l’arrêt des manifestations.

De telles propositions sont, selon Trabelsi, tout à fait en mesure de mettre fin à la protestation.

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