La RDC promet de reprendre Goma alors que les rebelles du M23 se disent ouverts aux pourparlers
-Le chef du groupe rebelle Corneille Nangaa a tenu une conférence de presse à Goma, affirmant son contrôle sur la ville de l'est

Kenya
AA/Nairobi/Andrew Wasike
La République démocratique du Congo s'est engagée jeudi à reprendre la ville stratégique de Goma alors que les rebelles du M23 ont déclaré que le groupe, qui serait soutenu par le Rwanda, était ouvert aux pourparlers avec Kinshasa.
Le ministre congolais des Communications, Patrick Muyaya Katembwe, a déclaré à la chaîne de télévision publique sud-africaine SABC que le gouvernement du président Félix Tshisekedi s'était engagé à reprendre Goma aux rebelles.
Muyaya a également accusé le président rwandais Paul Kagame d'alimenter le conflit à des fins économiques.
« Le président Kagame, depuis trois ans, utilise la partie orientale du Congo comme un endroit où il peut semer le trouble afin de s’assurer qu’il contrôle les ressources minérales, qui sont utilisées pour construire son économie au Rwanda », a-t-il affirmé.
Kigali a nié soutenir les rebelles du M23 dirigés par le chef politique Corneille Nangaa, qui a récemment dirigé la commission électorale congolaise.
Après plusieurs jours de combats pour prendre le contrôle de Goma, Nangaa a tenu une conférence de presse jeudi dans la ville de l’est, promettant de rétablir l’approvisionnement en électricité et en eau.
Il a cependant déclaré que le groupe rebelle était ouvert aux pourparlers avec le gouvernement de Tshisekedi, une proposition rapidement rejetée par le ministre congolais de la Défense Guy Kabombo Muadiamvita.
Les dirigeants de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) ont exhorté Kinshasa mercredi à engager des pourparlers directs avec les rebelles du M23, dans le cadre des efforts visant à désamorcer le conflit dans l’est du Congo.
Cependant, Tshisekedi a évité la réunion virtuelle organisée par le Kenya, à laquelle Kagame a également assisté.
Nangaa a déclaré que le groupe armé marcherait vers la capitale, Kinshasa, à près de 1 600 kilomètres à l'ouest de Goma, selon RadioTV 10, qui a diffusé en direct la conférence de presse.
Le M23 a lancé une offensive majeure la semaine dernière à Goma, où vivent environ 3 millions d'habitants.
Kinshasa a accusé Kigali d'avoir envoyé des troupes rwandaises dans la ville pour soutenir les rebelles.
Alors que Kigali a nié soutenir les rebelles, les dirigeants régionaux ont appelé à un cessez-le-feu immédiat, car des dizaines de personnes ont perdu la vie et des centaines d'autres ont été blessées.
L'Ouganda a également été accusé de soutenir les rebelles du M23, une affirmation rejetée par Kampala.
Plusieurs rapports ont affirmé que près de 100 personnes avaient été tuées au cours de la semaine dernière, mais Anadolu n'a pas pu confirmer de manière indépendante le nombre exact de morts.
Des milliers de personnes ont été déplacées, dont beaucoup ont fui vers le Rwanda, y compris le personnel d'organisations internationales telles que l'ONU et la Banque mondiale.
Kigali a déclaré que neuf de ses citoyens ont été tués dans des tirs transfrontaliers présumés en provenance de Goma. Au moins 17 soldats de la paix ont également été tués depuis la semaine dernière.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.
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