Afrique

La menace terroriste frappe aux portes de Madagascar

Nadia Al Chahed  | 30.08.2016 - Mıse À Jour : 31.08.2016
La menace terroriste frappe aux portes de Madagascar

Afghanistan

AA/Antananarivo/Sandra Rabearisoa

Alors que Madagascar s'apprête à accueillir deux événements majeurs avant la fin de l'année, à savoir, le Sommet du Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) les 18-19 octobre prochain et le Sommet de la Francophonie, prévu les 26 et 27 novembre prochain, le pays doit faire face à une menace terroriste qui le guette.

Cette menace s'est particulièrement précisée depuis le 26 juin dernier lorsqu'un attentat à la bombe a fait deux morts et 84 blessés lors de la célébration de la fête nationale malgache, dans le stade de Mahamasina, à Antananarivo.

Cette attaque a fait monter les inquiétudes d’un cran. Bien qu'elle ait été qualifiée par les autorités de "manœuvre criminelle de déstabilisation" mise sur le compte des opposants au régime, la piste terroriste a été envisagée pendant un moment et demeure à ce jour évoquée.

D'ailleurs, les dispositifs sécuritaires ont été renforcés au lendemain de cet attentat, notamment à l’aéroport d’Ivato, à Antananarivo, la capitale malgache, a constaté la correspondante de Anadolu.

Les dernières déclarations faites, à la fin du mois de juillet, par l’ambassadeur de Turquie à Madagascar sont venues confirmer cette menace pesant sur la grande île.

Volkan Türk Vural, l'ambassadeur turc à Antananarivo, a, en effet, tiré la sonnette d’alarme en interpellant sur l'éventuelle présence d’un réseau terroriste à Madagascar. « C’est un virus, un danger. Il faut considérer son mouvement comme celui de Boko Haram et celui de Daesh », avait-il déclaré quelques jours après le coup d’Etat avorté en Turquie le 15 juillet dernier.

Le diplomate pointait du doigt le réseau de Fethullah Gülen, dont l'organisation FETO est mise en cause dans le putsch manqué en Turquie, qui "endoctrine les gens au terrorisme", selon ses termes, à travers des initiatives éducatives.

Du côté du gouvernement, la menace est prise très au sérieux. Interrogé par les journalistes à ce sujet, le Premier ministre malgache, Mahafaly Olivier Solonandrasana, a annoncé, le 2 août des "mesures sérieuses" pour pallier cette menace.

« Madagascar comme tant d’autres pays du monde, n’est pas à l’abri des actes terroristes », avait-il déclaré, annonçant "le renforcement de la sécurité en prévision du sommet de la Francophonie".

Bien avant l'attaque de juin, une délégation américaine du programme de lutte contre le terrorisme a été reçue par le Premier ministre, en avril dernier. Une convention pour la mise en place du projet « Personal Identification Secure Comparison and Evaluation System» (PISCES-système d'évaluation et de comparaison d'identification personnelle) a été signée à l'occasion.

S'exprimant devant la presse le 3 août, le ministre de la Défense, Béni Xavier François, a rejoint le Premier ministre en confirmant à la presse que « Madagascar ne fait pas exception à la menace terroriste à l’image d’autres Etats du monde». Il a également annoncé la coopération étroite avec d’autres pays qui luttent contre le terrorisme dont la France et les Etats-Unis.

Interrogé par Anadolu, Julien Radanoara, professeur de Relations internationales à l'Université Catholique de Madagascar a déclaré que « le terrorisme est partout. L’Etat malgache doit être vigilant ». Selon lui, la grande île de l'Océan indien peut aussi bien être une cible comme un lieu de cachette des terroristes.

"La déclaration de l’ambassadeur de Turquie m’interpelle au plus haut point. En effet, il existe des agents dormants qui peuvent être liés à des organisations terroristes et agir à tout moment", a-t-il ajouté.

Radanoara estime que "ces agents dormants peuvent se fondre dans le décor, c'est-à-dire prendre la nationalité malgache, travailler dans le pays et y faire des actions de charité par exemple".

C'est à cet effet qu'il recommande aux autorités malgaches de mener des enquêtes approfondies, notamment, sur tous les ressortissants étrangers qui résident à Madagascar.

S'agissant des performances sécuritaires de Madagascar, le spécialiste évoque des "faiblesses" dues notamment aux faibles effectifs déployés.

L'organisme national spécialisé dans la lutte contre le blanchiment de capitaux (SAMINFIN) se penche, de son côté, sur l’éventualité d’un financement de réseaux terroristes. Un atelier national destiné à renforcer les capacités du système de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement de terrorisme a été organisé les 09 et 10 août.

Lamina Boto Tsara Dia, directeur général du SAMIFIN a annoncé que cet organe va engager des investigations afin de détecter de tels réseaux à Madagascar. Une mobilisation générale qui vise à rassurer la population sur la menace terroriste qui continue de planer malgré tout.


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