Afrique

La Grande muraille verte d'Afrique: solution miracle aux changements climatiques, en attente de fondations

Ce vaste projet toujours en cours de réalisation consiste à reboiser une bande de 15 km de large sur 7000 km de long, de Dakar à Djibouti

Mohamed Hedi Abdellaoui  | 11.12.2015 - Mıse À Jour : 12.12.2015
La Grande muraille verte d'Afrique: solution miracle aux changements climatiques, en attente de fondations

Tunis

AA/ Tunis/ Mohamed Abdellaoui

Alors que les cris d’alerte s'élèvent à Paris, où s'achève, vendredi, la conférence mondiale sur les changements climatiques "COP 21", une lueur d’espoir semble émaner de l’Afrique, avec la Grande muraille verte, un projet optimiste, mais piétinant, en raison d'un manque de financements.

Initié en 2005 et lancé effectivement en 2007, ce vaste projet toujours en cours de réalisation consiste à reboiser une bande de 15 km de large sur 7.000 km de long, de Dakar à Djibouti, pour stopper l'avance du désert, informe la Banque africaine de développement (BAD), sur son site officiel.

Un projet "prometteur" pour les populations du Sahel, de l'avis de Siré Sy, géo-économiste sénégalais, "sous réserve de sa finalisation", s'empresse-t-il de rajouter, dans une déclaration à Anadolu.

A l'exception du Sénégal, en effet, qui a jusque-là réalisé "147km de reboisement sur 503 sur le tracé national", d'après le président Macky Sall s'exprimant à la COP 21 (démarrée le 30 novembre), le projet traîne encore du côté des autres pays concernés.

 "Le Sénégal ouvre la voie, en plantant depuis 2006, environ 5.000 hectares par an, soit 2 millions d’arbres et arbustes. Mais il reste encore à convaincre tous les autres pays de lui emboîter le pas", précise Gilles Boetsch, anthropobiologiste et directeur de recherche de l'Observatoire Hommes-Milieux international (OHMi) à Téssékéré au Sénégal, dans de récentes déclarations à la presse sénégalaise.

Les raisons de cette lenteur sont "avant tout financières", selon Sy, par ailleurs chercheur à africaworldwidegroup.com, cabinet de conseil en Géostrategie et en Goéconomie, basé à Dakar.

Après l'engouement des premiers temps, les bailleurs de fonds internationaux (dont la Banque mondiale,  l’Organisation mondiale pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Union européenne) semblent avoir "modéré leur enthousiasme", en revoyant les priorités.

"Il y a eu un changement de l’agenda international en matière de préoccupations majeures. La question sécuritaire a primé sur le reste, du fait de la montée de la menace terroriste dans plusieurs régions de la planète, plus particulièrement au Sahel", commente Sy.

Après plusieurs années de conception stratégique et d'enquête de terrain, la Grande muraille verte n'aurait ainsi réussi qu'à réunir un budget de 2 milliards USD, largement financé par la Banque mondiale, l'Union européenne et l'Union africaine, selon le site lepoint.fr. Or, le montant annoncé au départ était de l'ordre de 3 milliards de dollars, d'après le site spécialisé irinnews.org.

"Les Africains devraient compter sur eux-mêmes pour bâtir la muraille verte", propose l'analyste sénégalais Sy, d'autant plus que ce projet leur est profitable à plus d'un titre.

Globalement, il permettra la réduction des carences alimentaires, de nouveaux revenus pour les ménages, la réduction des distances de transhumance pour les grands troupeaux grâce à la multiplication des forages et zones de pâturage, l'engagement citoyen des familles qui s’approprient véritablement le projet, somme toute, le verdissement du désert.

Pour la Banque Mondiale cette "vision régionale de gestion durable des terres (..) a des effets positifs multiples sur l’environnement et l’économie et contribue à renforcer la résilience du Sahel, une région où plus de la moitié de la population vit avec moins de 1,25 USD par jour et près de 70 % dépendent des services économiques générés par les ressources de la terre".

Selon les informations disponibles sur son site, la BM estime que ce projet vient à point nommé "sauver" le Sahel dont la zone forestière régresse sous l’effet des changements climatiques conjugués à une "exploitation agricole intense" due à "la pression démographique" et à "un déboisement qui entraîne une dégradation des sols et une désertification quasi-inexorables". Aujourd’hui, en effet, "les deux tiers de l’Afrique sont devenus désertiques ou fortement dégradés".

Mais les impacts positifs de cette initiative africaine toucheront aussi, par ricochet, l'Europe. "Cela contribuera à limiter les mouvements migratoires illégaux des Africains vers les pays occidentaux. Puisque les populations auront plus les moyens de vivre de leurs terres", fait observer Siré Sy.

"Près de 70% des populations du Sahel vivent de l’agriculture et de l’élevage, donc tributaires des sources de revenus générées par les terres. En fertilisant les terres où ils vivent, on leur assure de quoi survivre et espérer à des lendemains meilleurs. Ils finiront ainsi par arrêter de s’aventurer à traverser les mers et les océans au péril de leur vie", analyse-t-il.

La Grande muraille verte concerne onze pays, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigéria, le Tchad, le Soudan, l’Egypte, l’Ethiopie, et le Djibouti. En vue d’assurer la coordination et le suivi de la réalisation de ce rideau vert,  les onze pays impliqués ont créé en 2010, sous l’égide de l’Union africaine (UA), l'Agence panafricaine de la grande muraille verte (APGMV).

Selon la BAD, la Muraille verte est constituée d’espèces végétales et animales choisies pour leur capacité d’adaptabilité à la sécheresse et pour leur intérêt économique. Elle intègre également sur le tracé «un réseau de bassins de rétention et d’autres infrastructures sociales de base».

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın