La communauté internationale responsable de l’exacerbation de la crise dans l’Est de la RDC (MAE rwandais)

Kinshasa
AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa
Le chef de la diplomatie rwandaise, Vincent Biruta, a accusé la communauté internationale « d'exacerber » la crise dans l'est de la République démocratique du Congo où la résurgence des rebelles du M23 a ravivé les tensions entre les autorités congolaises et rwandaises sur fond d’accusations mutuelles.
Biruta s’exprimait lundi soir dans un communiqué après un appel du secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, exhortant Kigali de cesser tout soutien aux rebelles du M23 qui se sont emparés de la majeure partie du territoire de Rutshuru et une portion du territoire de Nyiragongo au nord de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Le secrétaire d’Etat américain a déclaré avoir eu dimanche une « conversation productive avec Paul Kagame pour souligner le besoin de paix et sécurité dans l'est de la RDC ». Il a exhorté le dirigeant rwandais à « mettre fin au soutien du Rwanda au M23 ».
Le ministre rwandais des affaires étrangères a affirmé que Paul Kagame et Antony Blinken «avaient eu de bons échanges (...) mais que des différences demeurent sur la compréhension du problème ».
« L'approche erronée de la communauté internationale continue d'exacerber le problème», a poursuivi le diplomate.
Il a affirmé que « les problèmes de sécurité du Rwanda doivent être pris en compte », notamment l’activisme des rebelles Hutus rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), actifs dans l’Est congolais depuis 1994 après le génocide des tutsis au Rwanda.
Pour Biruta le « M23 ne doit pas être assimilé au Rwanda ».
Les autorités congolaises accusent le M23 d’avoir massacré 272 civils dans une localité sous leur contrôle le 29 novembre dernier.
Le M23 a rejeté ces accusations et demandé une « enquête indépendante ».
Kigali n’a eu de cesse de démentir les accusations de Kinshasa sur l’appui aux rebelles du M23, vaincus en 2013 mais qui ont repris les armes en fin d’année dernière accusant Kinshasa de non-respect des accords de paix. Ils étaient réfugiés au Rwanda et en Ouganda avant de reprendre les armes.
Les tensions sont vives entre les deux capitales. Le Président congolais Felix Tshisekedi a affirmé samedi devant une représentation de la jeunesse congolaise à Kinshasa que les Rwandais ont « besoin de notre aide pour se libérer » de Paul Kagame, au pouvoir depuis deux décennies. Il a ajouté que l’Afrique n’avait plus besoin « de ce genre des dirigeants rétrogrades ».
Le mercredi 30 novembre, lors d’une cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres du cabinet, le Président rwandais Paul Kagame a accusé son homologue congolais Felix Tshisekedi de tirer parti des violences du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo pour retarder les élections prévues le 20 décembre 2023.