La Campagne de Tunisie : Un musée de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale (Reportage)

AA / Tataouine (Tunisie) / Haythem Mahdhi

- Le musée comprend plus d’un millier de pièces de guerre et d’outils militaires, parmi les vestiges de la deuxième Guerre mondiale
-Neuf batailles majeures qui ont opposé les forces de l’Axe aux alliés se sont déroulées sur le sol tunisien
- La promotrice du musée a conclu une convention avec la Délégation régionale de L’Education de Tataouine pour accueillir les élèves

Rien ne laisse présager l'existence d'une quelconque activité culturelle dans la paisible zone rurale d’Ouled Yahia, distante d’environ quatre kilomètres du centre de la ville de Bir Lahmar, située dans la province de Tataouine (Sud-est de la Tunisie).
La majorité des habitants de la zone d’Ouled Yahia travaillent dans le domaine de l'agriculture.
Toutefois, la zone rurale comprend un musée initié par la jeune Zeinab Yahyaoui, qui porte le nom de « La Campagne de Tunisie » et qui documente une phase majeure de de l'histoire du pays qui remonte à la période de la Seconde Guerre mondiale, plus précisément les années 1942 et 1943.
Licenciée en patrimoine et en archéologie de l’Université tunisienne, Yahyaoui a ouvert à la fin de l’année 2022 son musée privé partant de sa passion pour le patrimoine.
Sur une superficie de 120 mètres carrés, le musée présente plus d'un millier de pièces de guerre et divers outils militaires parmi les vestiges des batailles qui s’étaient déroulées sur le sol tunisien durant la Seconde Guerre mondiale, et qui avaient fait des milliers de victimes parmi les soldats qui ont pris part aux combats ainsi que des civils tunisiens.
** Neuf batailles
Entre 1942 et 1943, la Tunisie est devenue un champ de guerre entre les forces de l'Axe (L’Allemagne nazie et l’Italie) d'une part, et les Alliés (Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Nouvelle-Zélande) d’autre part, et ce lors des ultimes phases de la guerre.
Neuf batailles majeures ont opposé les Alliés aux forces de l'Axe sur le sol tunisien, à l’instar des batailles de Sajnan (nord), de Kasserine (centre). La bataille la plus célèbre est celle de la ligne Mareth (Sud-est) et s’est soldée par la victoire des Alliés.
La propriétaire du musée a déclaré à Anadolu : « Ma passion pour ce domaine m'a incité à créer ce musée qui fait la lumière sur la période de la Seconde Guerre mondiale en Tunisie, que de nombreux historiens d’ailleurs n'ont pas évoqué ».
Elle a ajouté: « Cette période est extrêmement importante dans l'histoire du pays, dans la mesure où la plupart des batailles ont fait plus de 60 mille civils issus des différentes provinces, de même que plusieurs cimetières des soldats (de diverses nationalités) qui ont péri dans cette guerre sont décédés à cette guerre, se trouvent dans le pays ».
Le musée comporte divers équipements militaires et de guerre, tels que des boîtes de munitions, des récipients d’essence, des munitions, des cartouches et des ions et des kits d'oxygène.
** Équipements de guerre
La différence entre les outils exposés apparait selon l’endroit de leur fabrication, tels que les ustensiles et les bouteilles d'eau allemandes et françaises. Nous trouvons également de gros et lourd obus.
Yahyaoui a indiqué, dans ce contexte, que « les obus exposés sont tous sûrs. Ils sont vides malgré leur poids lourd et ne représentent aucun danger aux visiteurs du musée ».
« Chaque pièce exposée au musée recèle une histoire triste ou heureuse, une victoire ou une défaite », a-t-elle poursuivi.
Elle a relevé que « la dernière pièce que j'ai collectée à l'intérieur de ce musée est une paire de chaussures appartenant à un soldat américain datant de 1941 ».
« La paire de chaussures est toujours en très bon état en dépit des huit décennies écoulées. Cette pièce est particulièrement précieuse ».
Le musée comporte aussi des photos de batailles entre les forces de l'Axe et les Alliés, et d’autres clichés des commandants allemands et américains sur le terrain pendant la guerre, en plus des impacts de destruction qui a ravagé les infrastructures tunisiennes au cours de cette période.
La mère a ajouté qu’il « n'a pas été facile pour certains résidents de la région d'accepter l'idée d'établir un musée dans la zone, et certains d'entre eux ont suggéré d'établir un local de commerce ou un dépôt pour en tirer bénéfice ».
Certains des anciens équipements militaires sont utilisés dans les activités quotidiennes par les habitants de ces régions, tels que l'agriculture, la cueillette d'olive ou le stockage d’huile.
** Des victimes civiles
Dans l’aile droite du musée, sont exposées des photos de Tunisiens qui ont été tués par des forces britanniques en 1943, lors du massacre de Henchir Safsafa dans la province de Béja (Nord).
Selon Yahyaoui, le processus de collecte de ce qui a été exposé au musée a été possible à la faveur d’une grande tournée qu'elle a effectuée dans plusieurs provinces et régions du pays, en plus de l'aide que lui a apporté sa famille.
De son côté, Najet Yahyaoui, la mère de Zeineb, a souligné que « Nous nous employons à l’encourager en l’accompagnant pendant les vacances et la saison estivale pour chercher et collecter les restes de la guerre éparpillées dans notre zone ».
Et la mère de poursuivre : « J'ai certes une idée sur la Seconde Guerre mondiale, mais dans le passé, ces outils n'avaient aucune valeur à mes yeux, mais aujourd'hui, nous avons découvert qu'revêtaient une grande valeur historique, et ce grâce à Zainab ».
** Une convention pour accueillir les élèves
Yahyaoui espère que son musée privé attirera de nombreux visiteurs locaux et étrangers, aussi bien parmi les personnes intéressées par la recherche historique que le commun des mortels, afin de découvrir de manière concrète une période importante de l'histoire du pays.
C’est dans cette optique que Yahyaoui a conclu, récemment, une convention avec la Délégation régionale à l'Education de la province de Tataouine, afin d’accueillir nombre d'élèves dans le musée, pour que ces derniers apprennent davantage sur la période de la Seconde Guerre mondiale dans le pays.
Yahyaoui a relevé que « les enfants sont admiratifs vis-à-vis des vestiges et des restes de la guerre et posent de nombreuses questions pour en savoir davantage sur l'histoire de notre pays ».
Elle a ajouté que le « musée a connu une grande affluence de la part des passionnés par le patrimoine et je formule l’espoir de voir d’autres visiteurs venir d’autres régions du pays ».

*Traduit de l'arabe par Hatem Kattou