Afrique

Jadot et le rêve d’un Burundi tout vert (portrait)

Nadia Chahed  | 10.04.2018 - Mıse À Jour : 11.04.2018
Jadot et le rêve d’un Burundi tout vert (portrait)

Bujumbura

AA / Bujumbura / Yvan Rukundo

Jadot Nkurunziza est un jeune burundais à qui l’arbre est le centre du monde, indispensable à la vie humaine.

A 24 ans, il a déjà à son actif plus de 50 millions d’arbres plantés dans les 17 provinces sur les 18 que compte le Burundi, à l’exception, donc, de Cankuzo, située à l’Est, à plus de 200 km de Bujumbura.

Cet attachement aux plantes lui a valu le surnom ‘’Giti’’, mot Kirundi (langue nationale) signifiant ‘’arbre’’.

«C’est à 5 ans que je me suis senti pour la première fois très attaché à l’arbre. J’étais en 2ème année de l’Ecole Primaire. J’étais en grandes vacances chez mon grand-père», confie-t-il à Anadolu.

Et c’est là que ce jeune a été inspiré de son grand-père qui, lui aussi, aime l’arbre comme rien d’autre.

«Il passait presque toute la journée à planter des arbres, à entretenir des pépinières. Toute sa propriété s’était transformée presque en une petite forêt», indique Jadot.

Petit, Jadot accompagnait son grand-père et l’embêtait avec des questions sur l’importance de l’arbre, son utilité, ses spécificités, etc.

Les explications qu’il recevait sont restées gravées dans sa mémoire dans les moindres détails.

« Il m’expliquait que c’est à base d’arbres qu’on fabrique les bancs-pupitres, les chaises, les portes, qu’on a de l’air sain. D’où, donc, le fait que l’arbre est source de vie».

Jean Bitama, son grand-père est devenu ainsi son idole.

Dès lors, affirme-t-il, à son retour à Bujumbura, chez son père, Jadot Nkurunziza commence à planter des arbres fruitiers dans l’enclos de son père, au bord de quelques avenues de Nyakabiga, son quartier d’enfance, commune Mukaza au centre de Bujumbura.

C’est à 10 ans que ce cadet d’une fratrie de cinq enfants s’est joint à d’autres jeunes, certains plus âgés que lui, pour fonder une association dénommée ‘’Association pour la préservation de l’environnement-Ça nous concerne tous’’.

Très vite, grâce à son charisme, à son esprit d’organisation, teint noir, taille élancée, Jadot prend le leadership.

«Multiplier, planter et distribuer les nouveaux plants gratuitement», tel était leur but ultime dans ce petit pays d’Afrique centrale et dont l’histoire est particulièrement marquée par des crises, des tueries interethniques, des déplacés, etc.

Selon le ministère de l’Environnement, la crise politico-ethnique de 1993 a entraîné la destruction d’environ 30 mille ha de boisements.

Et en 2014, le Burundi disposait de forêts qui couvraient environ 172 mille ha, soit 7% du territoire dont 103 mille ha de forêts naturelles et 69 ha plantés par l’homme, ajoute la même source.

C’est un «pari en cours d’être gagné», se réjouit M. Nkurunziza, faisant état de 57.263.000 arbres déjà plantés, comprenant ici des arbres forestiers, fruitiers, d’ornement, etc.

Cette année, à la tête de plus de six mille jeunes, recrutés des quatre coins du pays, Jadot vient d’initier un projet de plantation de fleurs sur les boulevards, les avenues, devant les maisons, les centres urbains dont Bujumbura, la capitale.

C’est pour les rendre plus attractifs, embellis, glisse-t-il, avec un large sourire aux coins de ses lèvres.

‘’L’union fait la force’’, dixit la sagesse burundaise.

Pour avoir des plants, ces jeunes s’en sont inspirées.

«Nous organisons des journées de collecte de graines dans les forêts, d’aménagement et d’installation des pépinières», décrit-il, notant qu’après, des équipes sont formées pour l’entretien et l’irrigation des pépinières.

Bref, le gros du travail est assuré bénévolement lors des grandes vacances, de juillet à septembre de chaque année, la cotisation d’un membre étant fixée 0.7 dollars.

Et de dévoiler son rêve : «Nous rêvons que dans quinze ans, le Burundi soit vert.»

Pour lui, cela signifie qu’on va planter des arbres, des fleurs dans tout espace non occupé par une maison, des routes ou d’autres infrastructures.

Et pour y arriver, Jadot Nkurunziza a besoin de mobiliser plus de 28 mille dollars par an, appelant à une meilleure compréhension publique.

«Tout le monde devait comprendre qu’en plantant un arbre, il contribue au développement du pays, de la planète», lance-t-il en signalant qu’actuellement, ils ont comme défis : le manque de matériel, de moyens de transport des plants d’une province à une autre, etc.

Pour être plus efficace, Jadot Nkurunziza fait ses études universitaires à St Lawrence University en Ouganda, option : Sciences environnementales et changements climatiques.

De par ses actions, ce jeune burundais compte à son actif certaines décorations.

On peut citer en l’occurrence le prix accordé par la Francophonie en 2014 : Prix des jeunes talents du Burundi ; le prix accordé par le Président Nkurunziza lors de la journée Internationale du travail et des travailleurs en 2010, celui octroyé par le Partenariat des forêts du Bassin du Congo en 2015 au Cameroun.

Son engagement, sa détermination dans la protection de l’environnement a permis également à cet orphelin de père de bénéficier des formations en la matière en Chine, au Maroc, en Arabie Saoudite, en Tanzanie, en Côté d’Ivoire, etc.

Une clé, aussi, pour participer aux grandes rencontres environnementales comme ce fut le cas lors de la COP22, tenue du 7 au 18 novembre 2017, à Marrakech au Maroc.

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