Issad Rebrab, l'Algérien qui veut faire de l’Afrique un village
- Pour résoudre le problème du transport de marchandises en Afrique et décloisonner certaines zones enclavées,

Algeria
AA/Alger/Selma Kasmi
Rêvée par beaucoup d’Africains, projetée puis abandonnée par certains pays, la route transafricaine pourrait enfin devenir une réalité, grâce à l’industriel algérien Issad Rebrab.
En effet, Issad Rebrab, première fortune d’Algérie et dixième du continent africain (Forbes mars 2017), projette de lancer trois lignes ferroviaires reliant le Continent d’un bout à l’autre.
«L’une, partant de la ville méditerranéenne de Cap Djenet en Algérie jusqu’à l’Afrique du Sud en passant par le Niger, le Tchad, la Centrafrique Afrique et la République Démocratique du Congo. L’autre de Bechar à l’Ouest de l’Algérie jusqu’au Nigéria en passant par Bamako au Mali. Enfin, la troisième, sur un axe horizontal de Djibouti à l’Atlantique », explique-t-il dans un article publié le 28 novembre, par l’hebdomadaire français La Tribune.
L’étude de faisabilité et l’évaluation budgétaire étant achevées, ce projet dont le coût initial approximatif est estimé à 15 milliards d’euros, «réduirait de 30% le coût du transport continental», prévoit M. Rebrab, également PDG du géant industriel algérien Cevital.
Il précise que ces lignes long-parcours seront interconnectées aux infrastructures ferroviaires déjà existantes sur le Continent.
Ensembles, ces futures lignes ferroviaires permettraient de désenclaver des parties du continent africain et de booster une économie forte de «60% des terres arables mondiales inexploitées et de plus de 30% des ressources minières de la planète, mais dont le taux d'industrialisation ne dépasse pas les 11% », tient à rappeler le milliardaire algérien.
Un Financement multilatéral
La mobilisation des ressources financières pour la réalisation de ce projet qualifié de «fou» par certains observateurs, ne semble pas inquiéter Rebrab.
Le premier industriel algérien a, en effet, évoqué lors de l'Africa CEO Forum, qui s’est tenu le 20 mars 2017 à Genève, un financement potentiel de la Banque africaine de développement (BAD), ainsi que des fonds souverains et des institutions internationales comme la Banque mondiale, Eximbank aux États-Unis et l'Export-Import Bank of China.
Il avait dévoilé, à cette occasion, le coût approximatif de la plus longue ligne prévue entre Alger et la Zambie d’environ 9 000 km. «Cette réalisation coutera environ 9 milliards d'euros, augmentés du coût de quelques tunnels, rapidement amortissables», avait-il donné à titre d’exemple.
L’Europe doit adopter une approche gagnant-gagnant
Diffusé à la veille de la tenue du sommet Afrique-Europe qui a eu lieu les 29 et 30 novembre à Abijan, cet article d’Isaad Rebrab a été également destiné aux dirigeants européens, les invitant à reconsidérer les rapports de coopération économiques avec les Etats africains.
«L'Europe doit, désormais, pleinement inscrire sa relation avec le Continent dans une logique gagnant-gagnant qui nécessite autant la mobilisation des gouvernants africains que des dirigeants européens », a-t-il lancé.
Et d’ajouter «Les deux Continents ont tout à y gagner pour générer de la croissance de part et d’autre de la Méditerranée… L’Europe doit être un acteur engagé et engageant de la transformation économique du Continent », conclut le PDG de Cevital.
Cevital est le premier groupe industriel privé algérien hors hydrocarbures. Exerçant dans l'industrie agroalimentaire, la grande distribution, l'industrie et les services, ce groupe emploie 18000 personnes. C
Considéré, également, comme le leader africain de l’agroalimentaire, Cevital réalise un chiffre d’affaire de l’ordre de 4 milliards de dollars. Le niveau de ses revenus sera autour de 25 milliards de dollars d’ici 2025, selon les projections de son PDG.