Afrique

Israel séduit le Rwanda pour mieux appâter l’Afrique

-Les relations entre le Rwanda et Israël semble plus étroites que jamais, en témoigne la visite de 48 heures (dimanche et lundi dernier) du président rwandais Paul Kagamé qui a été accueilli avec les honneurs sur le territoire hébreu.

Nadia Chahed  | 13.07.2017 - Mıse À Jour : 14.07.2017
Israel séduit le Rwanda pour mieux appâter l’Afrique

Kigali

AA/Kigali/Henri De Marie

«Vous êtes pour nous le pont indispensable pour faire notre retour en Afrique, pas à pas»; ces mots prononcés récemment par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l’endroit du président rwandais Paul Kagame en visite en Israël, révèlent la volonté qu’à l’Etat hébreu d’affermir sa position sur le continent noir.

- Le Rwanda, pays pivot dans la stratégie israélienne

Les relations entre le Rwanda et Israël semble plus étroites que jamais, en témoigne la visite de 48 heures (dimanche et lundi dernier) du président rwandais Paul Kagamé qui a été accueilli avec les honneurs sur le territoire hébreu. 

En 2013, le président rwandais s’était déjà rendu en Israël à l’occasion des 90 ans de Shimon Peres, ancien président et premier ministre israélien (décédé en 2016).

L’actuel premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, a quant à lui, fait une escale à Kigali en 2016 à l’occasion d’une tournée en Afrique de l’est.

«Israel est une vieille amie du Rwanda ‘rencontrée’ à travers les Etats-Unis. Et même si ces derniers temps les relations entre le Rwanda et ses alliés traditionnels les Etats-Unis et la Grande Bretagne sont balbutiantes, les liens avec l’Etat hébreu restent privilégiés surtout en raison d’un passé similaire », estime Maurice Mahounon spécialiste rwandais des relations internationales, interrogé par Anadolu.

« Ce sont de petits pays en surface, avec un passé douloureux (génocide) mais qui ont une vision de développement durable. Et aujourd'hui, ils sont sur la bonne voie, ce qui consolide naturellement leurs liens », souligne Damien Mousoun, philanthrope béninois.

- Rwanda/Israël : une volonté de renforcer la coopération

A l’occasion de cette seconde visite, Kagame a fait savoir qu’il voulait développer davantage la coopération entre les deux pays, dans des secteurs tels que la technologie, l'agriculture ou la sécurité.

Affirmant que la coopération entre Israël et les nations africaines avait «fleuri dans de nombreux domaines» (technologie, l’agriculture, l’énergie et la sécurité), le président rwandais a assuré avoir « hâte de renforcer la coopération ».

Déjà, en 2014 et 2015, les deux pays avaient signé plusieurs accords de coopération. Une ambassade du Rwanda a également ouvert à Tel-Aviv.

Actuellement, les investissements israéliens au Rwanda s'élèvent à 32 millions de dollars, a-t-on appris auprès des autorités rwandaises. En 2016, les exportations israéliennes vers le Rwanda étaient estimées à 13 millions de dollars et les importations étaient de 13 milles dollars.

« Les échanges sont certes encore relativement faibles mais le président Kagame a profité de cette visite pour rencontrer les hommes d’affaires israéliens afin d’aboutir à un partenariat davantage gagnant-gagnant dans le futur», a indiqué l'économiste Rwandais Teddy Kaberuka, dans une déclaration à Anadolu.

A l’échelle du continent, Israël veut surtout répondre aux besoins en armes et en technologie de pointe de plusieurs pays africains qui luttent contre la menace terroriste (le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Tchad).

-Une volonté diplomatique minée par des positions politiques

L’État hébreu qui était dans les années 1950/1960 un partenaire de marque pour de nombreux pays africains a vu ses relations se détériorer depuis la guerre du Kippour (1973). La quasi-majorité des pays africains (une trentaine) avaient ainsi décidé de rompre leurs relations avec Israël, s'alignant sur une résolution de l'OUA adoptée à l'initiative de l’Egypte.

Une situation qui a été envenimée par le conflit israélo-palestinien ainsi que par les liens qui unissaient Tel-Aviv au régime d’apartheid en Afrique du Sud.

Depuis, Israël essaye de renouer avec le continent, afin, notamment d’obtenir un statut d’ observateur à l’Union Africaine (UA).

Toutefois, de nombreux pays africains ont du mal à « succomber » à l’Etat Hébreu, notamment en raison de l’occupation de nombreux territoires palestiniens par ce dernier.

Certains dirigeants africains comme le Roi Mohamed VI du Maroc ou encore le président du Niger Mahamadou Issouffou n’ont pas effectué par exemple le déplacement du dernier sommet de la CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) en juin dernier en raison de la présence du premier ministre Benyamin Netanyahu à cet évènement. Preuve de l'"animosité", éprouvés par certains pays.

-Séduire le Rwanda pour plaider la cause israélienne

Le Rwanda sera à la tête de l'Union Africaine dès le 30 janvier 2018 pour un mandat d'un an. Selon certains observateurs, il plaidera très probablement la cause israélienne auprès des pays africains.

« Le Rwanda fera forcément du lobbying pour Israel lors de sa présidence à la tête de l'UA, et cela produira certainement un résultat. Plusieurs pays changeront probablement d’attitude envers l’Etat hébreu», assure Ange Hatangimana, analyste politique rwandais.

« Dans les années 60/70, Israel avait déjà de l’intérêt pour l’Afrique mais a dû se retirer. Désormais, elle veut combler sont retard comparé à d’autres pays comme les Etats-Unis, la France et l'Angleterre et misera donc sur ses soutiens traditionnels comme le Rwanda et l’Ethiopie pour y parvenir », estime Mahounon.

Un sommet Israel-Afrique est prévue en pctobre 2017 au Togo. Ce sera la première rencontre de ce genre entre l'Etat Hébreu et le continent africain.

Le sommet de Lomé (Togo) sera donc celui de la relance diplomatique mais aussi le meilleur moyen de rééquilibrer les échanges commerciaux, précise-t-il.

D’après le site du ministère des Affaires étrangères israélien, consulté par Anadolu, l'Etat hébreu dispose, aujourd'hui, de onze missions diplomatiques en Afrique (Afrique du Sud, Angola, Cameroun, Côte d'Ivoire, Egypte, Érythrée, Ethiopie, Ghana, Kenya, Nigéria, Sénégal).

Une représentation qui se révèle encore faible sur une échelle macro-diplomatique.

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