Afrique

Industrialisation en Afrique : Quand les Subsahariens mettent du coeur à l'ouvrage...

- En Afrique, l'industrie demeure un secteur mal-servi avec une contribution en termes de PIB, située entre 8 et 10%, selon la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF).

Nadia Chahed  | 25.04.2017 - Mıse À Jour : 26.04.2017
Industrialisation en Afrique : Quand les Subsahariens mettent du coeur à l'ouvrage...

Abidjan


AA/ Abidjan/ Fulbert Yao

Catalyseur incontestable de croissance et de développement, l'industrie demeure en Afrique, un secteur mal-servi avec une contribution en termes de PIB, située entre 8 et 10%, selon la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF).

Dans son rapport sur les capacités en Afrique (2013) l'ACBF, relève que "l’état de développement industriel et de la production en Afrique est encore faible".

"La part du secteur manufacturier dans le produit intérieur brut (PIB) en Afrique subsaharienne est tombée de son niveau le plus élevé qui était de 15,3% en 1990 à 12,13% en 2000 et à 10,44 % en 2010. Par ailleurs, l’Afrique subsaharienne représente encore une part très faible de l’industrie mondiale en comparaison à d’autres régions", rapporte la même source.

Seringue Diene, industriel sénégalais interrogé par Anadolu en marge du 4e Sommet des Think Tanks d’Afrique, (6-8 avril à Abidjan), estime que derrière ce faible taux d'industrialisation se cache nombre de facteurs dont "un environnement politique et institutionnel inadéquat, un manque de personnel qualifié, un capital humain et financier limité".

A cela, s’ajoute "une faible capacité d’endettement, un environnement juridique et réglementaire peu propice à l'investissement et l'absence d’intégration régionale effective", souligne-t-il encore.

- Faible contribution à l'économie mondiale

Conscients de ce défi à relever des experts africains récemment réunis à Abidjan se sont penchés sur la question et identifié des actions à engager pour développer le secteur.

S'exprimant en marge de cette rencontre, le ministre ivoirien de l'Industrie et des mines, Jean-Claude Brou, a déclaré "l’Afrique a, certes, connu une croissance économique relativement importante au cours de la dernière décennie, 5% en moyenne par an, contre 3% au niveau mondial, mais sa contribution à l’économie mondiale a faiblement évolué".

"La part de l’Afrique dans la production de la richesse mondiale a connu une faible évolution passant de 2,4% en 1980 à 3,1% en 2015. Toutefois, sur la même période, la proportion de la population africaine dans le monde est passée de 8 à 13% alors que la grande majorité des pays africains n’a pas encore amorcé son dividende démographique", a-t-il ajouté.

Intervenant lors de la même rencontre à Abidjan, Reda El Merini, directeur des affaires économiques à l'Union du Maghreb Arabe (UMA), a souligné que les niveaux de développement du secteur industriel en Afrique varient d'un pays à un autre, notant que des disparités existent notamment entre les pays d'Afrique du nord et ceux d'Afrique subsaharienne.

Evoquant le cas des pays d'Afrique du Nord, il a noté qu'en plus de la base industrielle existant depuis l’Indépendance, chaque pays s'est engagé dans une politique d'industrialisation à même de lui permettre de réduire sa dépendance en termes d'importations de certains produits.

Aujourd'hui, on s'oriente de plus en plus vers les secteurs qui collent aux exigences de l'économie mondiale. C'est notamment le cas de du Maroc, de la Tunisie, de l’Algérie, a-t-il indiqué, ajoutant que les avancées réalisées à ce niveau par les pays du Maghreb peuvent être mis au profit de tout le continent à travers l'investissement et le transfert d'expertise pour élaborer une politique d’investissement volontariste.

Outre ces disparités entre le Sud et le Nord, d'autres disparités apparaissent au niveau des tissus industriels des pays d'Afrique subsaharienne.

- Le réveil des Subsahariens

Emmanuel Nnadozie, secrétaire exécutif de l’ACBF souligne, à ce propos, que certains pays comme la Côte d’Ivoire, le Rwanda, l’île Maurice, et l’Ethiopie ont commencé à faire des efforts importants dans le domaine.

Revenant sur le cas de la Côte d’ivoire, le ministre de l'Industrie et des Mines, Jean-Claude Brou, a noté que l’industrialisation constitue l’un des piliers-clés de la transformation structurelle de l'économie ivoirienne, en vue de l’émergence à l’horizon 2020. La Côte d'Ivoire a, à cet effet, mis en œuvre une stratégie fondée sur les avantages comparatifs, une forte contribution du secteur privé et des appuis ciblés de l’Etat aux secteurs prioritaires ainsi que l’accompagnement des entreprises en matière de qualité, de normes, de compétitivité et d’accès aux marchés, a ajouté le ministre.

Des réformes qui ont permis la relance du secteur manufacturier qui avait connu un déclin sur la période 2002-2011, du fait de la longue crise socio-politique traversée par le pays. "Ainsi, l’industrie ivoirienne a enregistré une croissance moyenne annuelle de 9% de 2012 à 2015, avec une croissance moyenne de l’activité manufacturière de 13% sur la même période. L’activité manufacturière est dominée par l’industrie agroalimentaire qui représente la moitié de sa valeur ajoutée, a-t-il encore précisé.

"Pour gagner le défi de l'industrialisation, le continent devrait investir dans les infrastructures nécessaires, à savoir les chemins de fer, l’énergie et les technologies de l'information et de la communication", estime Emmanuel Nnadozie, secrétaire exécutif de l’ACBF.

Une révision des politiques et des conditions d’investissement, notamment, celles relatives à la réglementation est également nécessaire pour permettre un développement optimal de ce secteur en Afrique, estime-t-il encore. Il recommande, en outre, de développer davantage les formations spécialisées dans les domaines de la science, des technologies et de l’innovation.

Un avis partagé par le ministre ivoirien de l'Industrie et des Mines qui soutient que les pays africains doivent : « continuer à améliorer l’environnement des affaires, pour être plus attractifs pour l’investissement privé, développer le capital humain pour disposer d’une main-d’œuvre qualifiée, développer davantage les infrastructures économiques, améliorer l’accès au financement de long terme, notamment pour les petites et moyennes entreprises (PME), réduire les coûts de facteurs qui restent encore élevés, particulièrement au niveau de l’énergie, du transport-logistique et des services ».

Selon les estimations de l'ACBF, pas moins de 4,3 millions d’experts ingénieurs manquent à l'Afrique pour lancer son industrialisation.




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