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Il y a 63 ans, "La Toussaint rouge", souvenir brûlant d'Algérie

Le 1er novembre 1954 marque un tournant majeur dans l’histoire de l’Algérie. En une journée, soixante-dix attentats ont eu lieu dans une trentaine de villes. C'est le début de la guerre pour l'Indépendance

Esma Ben Said  | 01.11.2017 - Mıse À Jour : 01.11.2017
Il y a 63 ans, "La Toussaint rouge", souvenir brûlant d'Algérie

France

AA/France/Fawzia Azzouz

Le 1er novembre 1954 marque un tournant majeur dans l’Histoire de l’Algérie contemporaine. En une journée, soixante-dix attentats ont eu lieu dans une trentaine de villes de ce pays colonisé par la France. Bilan : 10 morts.

Les opérations sont, à l'époque, pilotées par le Front de Libération Nationale (FLN) tout juste constitué, qui déclenche une insurrection sans précédent contre le régime colonial français. Ce sera le début de la Révolution algérienne, ou ce qui est communément appelé "Guerre d’Algérie", un conflit sans merci, qui durera huit ans et fera de nombreuses victimes, un million et demi de martyrs selon les Algériens, et au moins 300 mille morts selon les historiens.

D'ailleurs, la France n’a reconnu le terme de «Guerre d’Algérie » qu’en 1999, faisant preuve d’un déni certain. Le terme officiel utilisé pendant près de 45 ans fut celui des "événements d'Algérie".

Moustapha Ben Boulaïd est l’un des fondateurs du FLN. Cet ancien adjudant de l’armée française, déjà condamné à sept ans de prison en 1950 pour atteinte à la sûreté de l’Etat, a accumulé des centaines d’armes pendant la deuxième Guerre mondiale. Elles seront la principale source d’armement pour les attaques lancés par les nationalistes algériens.

Les multiples attentats de cette nuit sanglante, feront dix morts. Parmi les victimes, figurent deux français d’Algérie, quatre militaires, un agent de police, un garde-forestier, un algérien pro-colonisation, et un jeune instituteur, tué par erreur. Les cibles ont été choisies méthodiquement pour déstabiliser le régime colonial : bombardement d’une gendarmerie, incendies de récoltes, embuscades visant les forces de l’ordre, etc…

Le 1er novembre, parallèlement aux attaques dans le pays, le FLN fait diffuser un texte, la «Déclaration du 1er novembre 1954". Le mot d’ordre est donné, il réclame «la restauration de l’Etat Algérien, souverain, démocratique et social dans le cadre des principes de l’Islam ».

Les opérations de la "Toussaint rouge" sont planifiées pendant quatre mois et démarrent dans la région des Aurès (Est), fief de Moustapha Ben Boulaïd. La France, qui n’avait rien vu venir, s’emballe et prend conscience de la gravité et de l’ampleur du mouvement d’insurrection.

Dès le 5 novembre, le ministre français de l’Intérieur de l'époque, un certain François Mitterrand, multiplie les discours et estime que «la seule négociation, c’est la guerre», avant de préciser deux jours plus tard que «l’Algérie c’est la France, et que la France ne reconnaîtra pas, chez elle, d’autre autorité que la sienne».

Ces deux déclarations, ne laissent que peu de doute sur la méthode qui sera employée par Paris pour faire cesser la progression du soulèvement indépendantiste. Le Premier ministre Pierre Mendès-France prendra de son côté la parole face à l’Assemblée Nationale pour faire savoir qu’« à la volonté criminelle de quelques hommes, doit répondre une répression sans faiblesse ».

Sans l’ombre d’une hésitation, la France choisit de réprimer. La guerre d’Algérie commence avec son lot de massacres, de crimes et autres forfaits commis par l'armée française, épaulés par des supplétifs internes, traîtres de leur patrie, appelés les Harkis, qui ont du regagner la "Métropole" après 1962 où ils ont été parqués dans des camps.

Plus de soixante ans plus tard, les plaies de ce conflit, où les pires tortures avaient été commises sous couvert de l'autorité politique française, ne se sont toujours pas refermées et laissent toujours leur ombre sur une relation "passionnelle" entre Alger et Paris.

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