Idriss Déby Itno, le chef de guerre élevé au rang de Maréchal du Tchad (Portrait)
- Commandant en chef des armées sous les règnes d’Hissène Habré en 1981, Idriss Déby devient célèbre avec la guerre de "reconquête" qui permet au Tchad de reprendre le nord du pays occupé par la Libye

Cameroon
AA/ Peter Kum
Tout juste réélu le 19 avril pour un sixième mandat, le président Idriss Déby a été tué au combat, a annoncé mardi 20 avril l’état-major de l’armée tchadienne.
À la tête du Tchad depuis 1990, Idriss Déby Itno qui a été réélu dès le premier tour de la présidentielle du 11 avril 2021, a donné son dernier souffle le 20 avril 2021 en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille face à un mouvement rebelle tchadien.
Né en 1952 à Berdoba (nord-est du Tchad) dans une famille zaghawa, une branche du groupe gorane, présente de part et d'autre de la frontière tchado-soudanaise, il se destine dès le plus jeune âge au métier des armes.
Baccalauréat en poche, Deby qui a été élevé au rang de « Maréchal du Tchad » en aout 2020, entre à l'école d'officiers de N'Djamena, puis décroche à 25 ans son brevet de pilote à l’école de pilotage Amaury-de-La-Grange d’Hazebrouck, dans le nord de la France.
Rentré au pays, il lie son destin à celui d'Hissène Habré et fait ses premières armes aux côtés de ce dernier. Déby participe au mouvement de rébellion de 1980 à 1984 contre l’ancien président tchadien Goukouni Oueddei.
Commandant en chef des armées sous les règnes d’Hissène Habré en 1981, Idriss Déby devient célèbre avec la guerre de reconquête qui permet au Tchad de reprendre le nord du pays occupé par la Libye.
Accusé de complot en 1989 et se trouvant en désaccord avec le régime d'Hissène Habré, il part en exil en Libye, puis au Soudan à partir de 1989 et crée en 1990 le Mouvement patriotique du salut (MPS).
Le 4 décembre 1990, les troupes fidèles à Déby s’emparent de N’Djamena et chassent Habré du pouvoir.
Le nouveau pouvoir ouvre le pays au multipartisme. Il est officiellement élu en 1996, 2001, 2006, 2011 et en 2021 avec 79,32 %.
Pendant son règne, Déby déjoue complots et attaques de rebelles qui arrivent aux portes du palais présidentiel en février 2008.
Le 2 février 2008 précisément, un commandement militaire uni, regroupant les forces rebelles du RFC de Timan Erdimi, de l'Union des forces pour la démocratie et le développement de Mahamat Nouri, le CNT (Conseil national de transition) de Hassan al-Djineidi font une percée dans la capitale, ils sont stoppés grâce à l'aide de la France et de la Libye. L'ANT (L'armée nationale Tchadienne) perd son chef d'état-major Daoud Soumain.
Lors de ce coup manqué, la France a alors proposé au président de l'évacuer. Il a refusé, jurant de garder le pouvoir, ou de mourir, armes à la main.
En mars 2020, des combattants de Boko Haram ont tué près de 100 militaires tchadiens dans une attaque à Boma, dans la province du Lac au Tchad.
Le « guerrier » Déby Itno s’est rendu en personne sur les lieux de l’attaque pour « s’incliner sur le corps » des 92 soldats morts, précisant que c’était « la première fois » qu’il perdait autant d’hommes.
Il a également décidé de rester dans la province, affirmant qu’il préparait une « réplique foudroyante ». Dans des offensives menées dans la zone par Déby, plus de 1000 combattants ont été neutralisés par l’armée.
Sous le Maréchal Déby, les contingents tchadiens sont présentés comme les plus aguerris sur le continent.
Le Tchad est présent sur de nombreux fronts en Afrique. Le pays compte plus de mille hommes au Mali dans le cadre de la mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation du pays.
L’armée tchadienne fait aussi partie de l’organisation régionale G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), engagée depuis 2017 avec la France pour lutter contre les groupes terroristes au Sahel.
Déby a tiré sa révérence le mardi 20 avril 2021 après avoir pris part aux combats contre les rebelles du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT).
Le FACT avait lancé son offensive depuis ses bases arrière en Libye le 11 avril, jour de l'élection présidentielle au Tchad.
L'armée tchadienne a précisé avoir tué plus de 300 rebelles qui menaient une incursion depuis huit jours dans le nord du pays, fait 150 prisonniers et perdu cinq militaires dans des combats.