Afrique

Hissène Habré: Chronologie d'une déchéance

L'ancien chef d'Etat tchadien a été condamné à la prison à perpétuité après avoir été reconnu coupable de "crimes contre l'humanité", "crimes de guerre" et "crimes de torture"

Nadia Al Chahed  | 31.05.2016 - Mıse À Jour : 01.06.2016
Hissène Habré: Chronologie d'une déchéance

Dakar

AA/Dakar/ Alioune Ndiaye/ Amadou Ndiaye

L'ancien président tchadien, Hissène Habré, jugé depuis dix mois par un tribunal spécial à Dakar vient d'être condamné, ce lundi, à la prison à perpétuité.

Ce verdict marque une première dans les annales de la scène politique africaine, car il s'agit du premier procès contre un chef d'Etat africain tenu sur le sol africain. Retour sur les dates clefs d'une déchéance annoncée.

-Le 30 mai 2016: Hissène Habré est reconnu coupable de "crimes contre l’humanité", "crimes de guerre" et "crimes de torture". Il est condamné par le tribunal spécial qui le jugeait, à Dakar, à la réclusion à perpétuité.

-Le 20 juillet 2015 : Démarrage du procès de Habré à Dakar, conduit par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), juridiction spéciale mise en place en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA).

Ce procès est l'aboutissement d'un long périple politico-judiciaire.

-1990, Hissène Habré fuit au Sénégal après avoir été renversé par un de ses collaborateurs, Idriss Déby Itno, l'actuel président tchadien.

-1992 : Publication par la Commission d’enquête formée en 1990 par le nouveau président tchadien Idriss Déby Itno pour documenter les crimes de Habré et ses proches, du premier rapport officiel qui accable le régime de Habré "d’usage systématique de la torture". Selon ce rapport, durant le règne de Habré entre 1982 et 1990, environ 40 000 personnes sont mortes en détention dont 4 000 identifiées nommément. Ces estimations sont basées sur des archives et des témoignages des survivants des prisons de Habré, selon la commission.

-En 2000, sept victimes tchadiennes déposent une plainte contre Habré devant le Tribunal régional de Dakar, «pour actes de torture et de barbarie et crimes contre l’humanité».

-2001, après avoir inculpé Hissène Habré et l’avoir placé en résidence surveillée, le Sénégal décide de repousser l’accusation, estimant que sa justice n’était pas compétente pour juger de tels crimes commis par un étranger hors du territoire national.

-2005, lancement par la Belgique d’un mandat d’arrêt international et d’une demande d’extradition contre Hissène Habré, à la suite du dépôt en 2000 par trois ressortissants belges d’origine tchadienne d'une plainte contre lui auprès du Tribunal de première instance de Bruxelles, en application de la compétence universelle pour crimes contre l’humanité. Cette demande sera rejetée par les autorités sénégalaises pour "vice de forme".

-2012: reprise des négociations, avec l'arrivée au pouvoir de Macky Sall, entre le Sénégal et l’Union africaine, qui permettront de mettre sur pied les CAE. Ces négociations se trouvaient du temps d’Abdoulaye Wade dans l’impasse, l’ancien président sénégalais est, d'ailleurs, accusé "d'avoir tout fait pour protéger son ami Habré" en refusant de le juger et de l'extrader.

-Le 8 février 2013, les Chambres africaines extraordinaires (CAE) chargées de juger l'ex chef d'Etat tchadien, sont inaugurées à Dakar.

- Le 30 juin 2013, l’ancien président tchadien est arrêté dans sa résidence des Almadies (quartier huppé de Dakar) et placé en garde à vue. Deux jours plus tard, il est inculpé de "crimes de guerre", "crimes contre l’humanité" et "tortures" et placé en détention provisoire.



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