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Habitat traditionnel dans la Médina de Tunis, le pari gagné des maisons d'hôte

Ekip  | 04.07.2025 - Mıse À Jour : 04.07.2025
Habitat traditionnel dans la Médina de Tunis, le pari gagné des maisons d'hôte

Tunis

AA/Tunis/Sara Rhouma

Dans la Médina de Tunis, inscrite depuis 1979 au patrimoine mondial de l’UNESCO, de nombreuses demeures anciennes témoignent d’un riche héritage architectural, souvent fragilisé par le temps, l’exode résidentiel ou les transformations inadaptées. Dans ce contexte, certaines initiatives individuelles émergent, mêlant sauvegarde du bâti, revitalisation urbaine et projets familiaux.

C’est le cas de Dar Kenza, une maison d’hôtes réaménagée par ses propriétaires, Dhouha Belhadj Ounallah et feu Lotfi Ounallah, dans le respect des volumes, matériaux et usages traditionnels. Derrière la façade discrète d’une ruelle typique, l’habitation retrouve une seconde vie, sans renier son ancrage au sein de l'espace traditionnel : cour intérieure, zelliges, plafonds peints, et circulation centrée autour de l’espace familial.

Le projet s’inscrit dans une dynamique plus large de réappropriation de l’habitat ancien, en conciliant usage contemporain (hébergement, accueil, co-working) et préservation d’un patrimoine architectural et immatériel précieux. À travers cette démarche, Dar Kenza illustre comment une maison, autrefois strictement privée, peut s’ouvrir au monde tout en demeurant profondément ancrée dans son histoire et son territoire.

Dar Kenza : quand l’hospitalité devient un art au cœur de la Médina de Tunis

Au détour d’une ruelle silencieuse de la Médina de Tunis, une porte s’ouvre. Derrière elle, un univers vibrant de chaleur, de passion et de traditions s’offre aux visiteurs. Bienvenue à Dar Kenza, maison d’hôtes familiale fondée par Dhouha Belhadj Ounallah, une femme qui a su transformer un rêve partagé en une réalité vivante, au cœur de l’ancienne ville.

Mais rien n’aurait été possible sans Lotfi Ounallah, son mari, sa source de force, de soutien et d’inspiration. « L’aventure Dar Kenza a commencé avec lui. C’était son rêve, qu’il a voulu partager avec moi, avec toute la famille. Il a cru en moi avant même que je n’ose y croire » dit-elle, les yeux brillants.

Au début, alors que nous étions à la maison, des visiteurs de la Médina se sont arrêtés devant chez nous. Par curiosité, ils ont frappé à la porte pour nous demander si nous proposions un hébergement. C’est ainsi que tout a commencé. De ce moment simple et sincère est née une belle aventure. Nous avons ouvert notre porte, puis notre cœur, avec l’envie de faire tout notre possible pour nos hôtes, pour qu’ils se sentent chez eux, accueillis comme en famille.

« Cette maison, c’est mon trésor. C’est ici que je vis pleinement ma passion, que je me retrouve, que j’accueille, que je partage » confie Dhouha avec une émotion sincère. Maman de trois enfants, diplômée en modélisme, elle a longtemps consacré son énergie à sa famille, cette fois dans le domaine de la cuisine, une passion profonde qu’elle cultive depuis toujours.

Dar Kenza n’est pas un simple lieu d’hébergement : c’est une maison vivante, un lieu d’échange et de découverte. Sur sa terrasse baignée de lumière, les visiteurs goûtent aux trésors du patrimoine culinaire tunisien, préparés avec amour par Dhouha elle-même. Des plats savoureux, des recettes de famille, une cuisine du cœur où chaque ingrédient raconte une histoire.

« Je suis passionnée par l’accueil, par la cuisine, et par la Médina. Recevoir des gens chez moi, c’est naturel. Je veux qu’ils vivent une vraie immersion, qu’ils sentent l’âme de la Médina, qu’ils découvrent ses monuments, ses ruelles, ses senteurs… mais aussi ses saveurs » explique-t-elle.

Le nom Dar Kenza a été choisi en hommage à leur fille cadette, Kenza, « adorable et rayonnante », comme aime à le dire sa mère. Un choix symbolique, pour rappeler que ce projet est avant tout une aventure familiale, tissée d’amour, de patience et d’une infinie tendresse.

Derrière les sourires et les plats servis, il y a aussi une femme qui a dû surmonter les regards sceptiques, les jugements, les difficultés. « Ce n’est pas facile de porter un projet en tant que femme dans la Médina. Mais j’ai avancé avec passion, et j’ai eu la chance de rencontrer des gens formidables qui m’ont encouragée. Je dis à toutes les femmes : n’ayez pas peur. Croyez en vous, entourez-vous bien, et foncez vers vos rêves. »

Aujourd’hui, Dar Kenza continue de grandir. Dhouha prépare l’aménagement d’espaces de co-working, une salle d’accueil pour les nomades numériques, et rêve de faire de sa maison un lieu hybride, vivant, inspirant. « Ce projet est mon bébé. Je le vois grandir jour après jour. Maintenant que Lotfi n’est plus là, c’est moi qui le fais vivre. J’avance avec lui dans le cœur, parce que tout a commencé grâce à lui. Il reste la lumière de ce projet, et moi je continue de le porter avec amour, pour lui, pour nous. »

Dans cette maison d’hôtes nichée au cœur de la Médina, chaque sourire offert, chaque plat cuisiné, chaque conseil donné à un voyageur de passage est empreint d’une authenticité rare. Dar Kenza n’est pas qu’un lieu, c’est un lien. Un lien entre passé et présent, entre tradition et modernité, entre une femme et le monde, entre un homme et le rêve qu’il a semé avec tendresse.

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