Guinée-Bissau: Un groupe de militaires annonce avoir pris “le contrôle "total du pays"
- Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, le président déchu, Embalo avait fait l'objet de plusieurs tentatives de coup d’État, témoignant de profondes rivalités politiques
Istanbul
AA / Istanbul / Ben Amed Azize Zougmore et Serap Dogansoy
Un groupe de militaires annonce avoir pris le contrôle “total du pays” et "suspendu le processus électoral", ce mercredi, en Guinée-Bissau, trois jours seulement après l’élection présidentielle, plongeant le pays dans une nouvelle zone d’instabilité politique.
Plutôt dans la journée, des tirs ont été entendus près de la présidence, alors que Fernando Dias, candidat indépendant, et le camp du président sortant Umaro Sissoco Embalo, tous deux, revendiquaient la victoire à l’élection présidentielle.
Les militaires expliquent leur intervention par la découverte d’un « plan de déstabilisation en voie d’opérationnalisation », impliquant « certains politiciens nationaux », « la participation d’un baron de la drogue tristement célèbre », ainsi que des ressortissants étrangers, avec des « tentatives de manipulation des résultats électoraux ». Selon eux, ce complot a été mis au jour par le Service d’information de l’État et un dépôt d’armes aurait également été découvert.
Sur cette base, le Haut Commandement militaire affirme avoir décidé de « destituer immédiatement le Président de la République » et d’ordonner la fermeture « jusqu’à nouvel ordre de toutes les institutions de la République de Guinée-Bissau ». Toutes les activités publiques sont suspendues, de même que celles des médias. Le processus électoral en cours est « immédiatement interrompu » et les frontières terrestres, maritimes et aériennes du pays ont été fermées.
Un couvre-feu est instauré entre 21h00 et 6h00, jusqu’à nouvel ordre. Les forces armées, en coordination avec la police nationale et les forces de l’ordre, ont appelé la population « au calme, à la collaboration et à la compréhension » face à ce qu’elles qualifient de « mesures graves imposées par l’urgence nationale ».
Le magazine Jeune Afrique annonce de son côté que le président Umaro Sissoco Embalo les a lui-même contactés pour annoncer son arrestation dans son bureau du palais présidentiel, aux environs de midi.
Pour l’heure, aucun détail sur le nouvel homme fort de la Guinée-Bissau n’a été officiellement communiqué.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, plusieurs tentatives de coup d’État ont été signalées contre Embalo, 53 ans, témoignant de profondes rivalités politiques. Lors de la dernière tentative en octobre, le président a accusé l’ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira d’avoir orchestré un complot pour le renverser.
Ce nouveau coup de force plonge la Guinée-Bissau, pays d’environ 2,2 millions d’habitants, dans une situation d’incertitude politique et institutionnelle, sur fond de tensions sécuritaires persistantes et de fragilité démocratique.
