Afrique

Guinée Equatoriale: Ce riche pays d'Afrique sauvera-t-il sa population de la pauvreté?

- La Guinée Equatoriale est troisième producteur de brut en Afrique Subsaharienne, pourtant, 76.8 % de sa population vit sous le seuil de la pauvreté

Slim Jerbia  | 16.06.2017 - Mıse À Jour : 17.06.2017
Guinée Equatoriale: Ce riche pays d'Afrique sauvera-t-il sa population de la pauvreté?

Equatorial Guinea

AA/ Malabo/ Essien Fabien

Troisième producteur de brut en Afrique Subsaharienne avec près de 250 000 barils de pétrole par jour, produits et transformés (estimation 2015), la Guinée équatoriale est l’un des pays les plus riches du continent.

Pourtant, les trois quarts de sa population vit encore sous le seuil de pauvreté. Des disparités dues, entre autres au fait que les richesses sont concentrées dans les mains d’une minorité, dénoncent régulièrement des Ong internationales.

La Guinée équatoriale : un pays riche, une population pauvre :

La Guinée équatoriale s’étend sur une superficie de 28 051 km² et compte presque un million d’habitants, selon les dernières statistiques.

Elle a perçu environ 45 milliards de dollars (USD) de revenus du pétrole entre 2000 et 2013, ce qui l’a propulsé en peu de temps au premier rang des pays africains classés selon le revenu par habitant (38 700 dollars, estimation 2016).

Mais si la Guinée Equatoriale est admirée par ses voisins pour ses progrès rapides –surtout dans le domaine des infrastructures-, la réalité est, elle, bien moins glorieuse.

En effet, selon un rapport de la Banque mondiale daté de 2016 et consulté par Anadolu, « près de 76,8 % des Équato-guinéens vivent avec moins de 2 dollars US par jour. »

« Les signes de la pauvreté sont plus présents dans les zones rurales et de plus en plus en zone urbaine où le taux d’insécurité est grandissant dû au chômage en augmentation de la population jeune », poursuit le rapport précisant que le taux de chômage est de 15%.

Par ailleurs, même si entre 2008 et 2012, le pays a réussi à faire progresser le taux de scolarisation dans le primaire de 85 à 91%, seule 42% de sa population rurale a accès à l’eau potable.

La malnutrition continue, elle aussi, d’être un véritable fléau dans le pays, dénoncent des experts du PAM (Programme Alimentaire Mondiale), et ce malgré la multiplication des infrastructures modernes qui ont pour objectif de voir le pays devenir émergent d’ici à 2020, conformément à un plan appelé Horizon 2020.

Dans ce pays producteur de pétrole, les données résultantes de l'enquête d'indicateurs multiples réalisé en 2016 par plusieurs instituts et ONG comme Doing Business, montrent que la plupart des enfants de moins de 5 ans souffrent d’un grave retard de croissance. La malnutrition affecte surtout les enfants de la région continentale (dont la ville principale est Bata, ville la plus peuplée avec 400.000 habitants sur une population totale de 845.000 habitants selon une estimation faite en 2016 par la Banque Mondiale) que ceux de la région insulaire (avec pour ville principale la capitale Malabo).

Pour l’économiste camerounais Albert Zeufack en service à la Banque Mondiale et interrogé par Anadolu : « Ces chiffres doivent donner à réfléchir ».

« L’émergence n’est pas une destination mais un état d’esprit. L’émergence requiert une vision claire du développement. Cela demande de mettre en place des institutions solides qui permettent de mettre en œuvre des programmes de développement. Il faut s’assurer que l’administration est équipée des meilleures compétences», dit-il.

Déjà, depuis 2012, le PIB de la Guinée équatoriale a chuté de 29 %, et ses réserves pétrolières devraient être épuisées d’ici 2035, à moins que de nouveaux gisements ne soient découverts, alerte le Fonds monétaire international (FMI).


L’ONG internationale Human Rights Watch, a dénoncé quant à elle, dans un rapport publié jeudi « la mauvaise gestion par la Guinée équatoriale de ses richesses pétrolières qui a contribué à un sous-financement chronique de ses systèmes de santé publique et d’éducation en violation de ses obligations en matière de droits humains ».

« Les réserves de pétrole déclinantes signifient qu’il ne reste que peu de temps au gouvernement pour rectifier sa stratégie et procéder aux importants investissements requis pour améliorer les indicateurs de la santé et de l’éducation, dont l’actuel niveau est affligeant » poursuit le rapport qui révèle que le gouvernement n’a consacré que 2 à 3 % de son budget à la santé et à l’éducation en 2008 et en 2011 - années pour lesquelles des données sont disponibles- tout en affectant près de 80 % à des projets d’infrastructures à grande échelle parfois contestables.


Revenant sur la détention de la richesse par une poignée de personnes dans le pays, Sarah Saadoun, chercheuse auprès de la division Entreprise et droits humains à Human Rights Watch cité dans le rapport de 85 pages, a estimé que« les gens ordinaires ont payé le prix de la corruption de l’élite au pouvoir en Guinée équatoriale ».


« Maintenant que l’économie est doublement touchée par le déclin de la production de pétrole et des prix, il est plus crucial que jamais pour le gouvernement d’investir des fonds publics dans les services sociaux plutôt que dans des projets d’infrastructures douteux», a-t-elle ajouté.

Les initiatives du gouvernement

Le président Teodoro Obiang qui dirige le pays depuis qu’il a renversé son oncle en 1979, (ce qui fait de lui le plus ancien président en exercice au monde) lui,a justifié les dépenses élevées en infrastructures de son gouvernement comme étant nécessaires pour moderniser le pays et son économie.

Du côté du ministère de l'économie, on nous assure que le gouvernement prend ces problèmes très au sérieux. «le gouvernement a entrepris depuis le début de l’année 2017, une série d’initiatives visant à mettre fin à la pauvreté dans le pays», nous dit-on.

Ainsi, des initiatives d'appui aux groupes de femmes dans les zones rurales, un développement de programmes d’infrastructures rurales de base, avec la construction et la réhabilitation d’un réseau routier, un appui financier et matériel à plus de 240 groupes de producteurs identifiés à travers l’acquisition de tracteurs, de camions, de charrues, des pulvérisateurs, des engrais, ont été mise en place par les pouvoirs publics pour permettre au plus grand nombre d’accéder à ces facilités et sortir de la pauvreté ambiante, promet la même source, jointe par Anadolu.

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