Afrique

Guinée équatoriale : Ebebiyin, une ville triplement frontalière (Série)

Lassaad Ben Ahmed  | 16.03.2018 - Mıse À Jour : 17.03.2018
Guinée équatoriale : Ebebiyin, une ville triplement frontalière (Série)

Equatorial Guinea

AA / Ebebiyin / Fabien Essiane

Depuis le boum pétrolier des années 2000 en Guinée Equatoriale, le pays s’est radicalement transformé. L’extrême pauvreté dans lequel le pays était plongé jusque-là a été reléguée au second rang.

Le correspondant de Anadolu a sillonné le pays du nord au sud, d’Ebebiyin (capitale de la province du Kye-Ntem) à Sipopo (La paradisiaque ville inauguré en 2011 à proximité de Malabo avec ses 52 villas présidentielles), et revient, pour nous, sur les spécificités du pays.

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En arrivant pour la première fois à Ebebiyin, le visiteur a l'impression de plonger dans un bain de chlorophylle, en oubliant la célèbre capitale équato-guinéenne Malabo et son arrogance métallique.

Même si cette arrogance a quelque peu contaminé cette ville triplement frontalière située dans l'Extrême nord-est à quelques minutes du Cameroun et du Gabon, la dominance verdoyante du paysage suscite un bien-être particulier.

Nous sommes aux portes nord de la Guinée équatoriale, à mille lieux de la capitale, accueillis par l’allégresse d’un été indien, où la nature exulte après les orages de la saison chaude.

Dans la province du Kye-Ntem dont Ebebiyin est le chef-lieu, «là où le fleuve s’arrête», disent les Fangs peuple d'Afrique centrale), le choc est d’abord celui de la couleur, vert tendre des orangeraies, vert plus radical des bananeraies et feuilles de manioc, bleu cobalt du ciel, rouge carnassier des pistes...

On ne s’habitue pas à la fulgurante violence du paysage, mais on finit par l’accepter. Et comment ignorer la menace si proche du royaume des animaux, cette forêt qui entoure la ville avec ses dizaines d’antilopes, sangliers, porcs-épics, mangoustes et gorilles ?

Au bord de la route asphaltée à quatre voies et au bitume impeccablement fini, les arbres sont décorés comme des généraux de l’Armée rouge: les affiches électorales trônent toujours, les panneaux indiquant une traversée possible d’antilopes, une invitation à lever le pied.

Soudain, en sortant d’un virage, une vallée s’ouvre au regard et il n’y a plus rien, plus aucun signe de civilisation, juste le cheveu noir de l’asphalte qui s’enroule dans des acacias à perte de vue.

Le choc du vide, un vide accessible sans effort particulier, voilà l’autre étape de la découverte de la Guinée Equatoriale.

En l’an 2000, le pétrole commence à couler à flot. Il vient tout juste d’être découvert.

La ville entame alors une métamorphose passant de village à ville moderne.

Ebebiyin présente encore le visage imaginé par les sculpteurs de la colonisation espagnole.

Il n’y a rien dans cette ville édénique parce qu’en 2015, un stade a été construit ici et des hôtels haut-standing, parce qu’il fallait abriter les matches de la CAN que le pays organisait au pied levé pour combler l’abandon du Maroc par crainte de l’épidémie Ebola.

Quelques kilomètres plus loin, à l’intérieur du périmètre choisi par les grands architectes du développement séparé, un quartier très célèbre de «Cincuentas viviendas» (cinquante habitations), un quartier résidentiel construit à l’américaine qui porte aussi une part de l’histoire de la ville.

«J’y ai passé toute mon enfance ici. Elle a été bercée par les chants traditionnels fang, comme mèndzáng mé yè kábàn, le mvét Oyeng, l’ebolaza’a, le gòàn ntángán, le ndòng bá, ou le mèkòm. C’était la belle époque », confie à Anadolu Oscar Zue Ela, 68 ans bien entamés.

Il se souvient qu'il est devenu par la suite un joueur de Mvet-Oyeng (guitare traditionnelle des conteurs d'Afrique centrale) sillonnant la province du Kye-ntem avec son Mvet, pour redonner l’envie aux populations de la région d’aimer la musique traditionnelle.

La ville a su conserver les atouts économiques et structurels hérités de l’époque «odieuse» de la colonisation espagnole, tout en répondant aux attentes des plus démunis.

La patience est-elle une valeur d’avenir? Une bonne moitié de la population trouve le temps long.

«Nous avons réalisé l’impossible, il faut maintenant réussir ce qui est possible», se disent-ils en cœur.

C'est une ville fondée sur une ancienne carrière connue par tous les habitants de la région pour la qualité exceptionnelle de son argile qu’on en extrayait, la ville d’Ebebiyin a vu passer des dizaines de travailleurs expatriés, venus des pays voisins, le Cameroun et le Gabon, en l’occurrence.

Cette ruée a fait naître l’animosité vis-à-vis des étrangers et nombreux d’entre eux furent capturés. De cette histoire naquit le nom «Ebebiyin» qui signifie "capture des étrangers".

Ceux qui ont connu la ville autrefois se souviennent du bâtiment où siégeait la délégation du gouvernement.

Ce bâtiment avait un toit en tuiles d’argile, fabriquées à partir des carrières d’Ebebiyin.

Ces tuiles historiques continuent de raconter chaque jour qui passe, aux visiteurs de passage, aux touristes, et à leur manière l’histoire de la ville.

Une histoire, sans aucun doute, propre à Abebiyin !

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