Fin d'Ebola en Afrique de l'Ouest: Deux ans de lutte et plus de 11 mille morts (encadré)
l'OMS a annoncé jeudi, la fin d'Ebola en Afrique de l'Ouest (Guinée, Libérai et Sierre Leone)

Tunis
AA/Tunis
Deux ans après l’apparition de l’épidémie Ebola, l'un des plus graves de l’histoire, l’Afrique de l’Ouest, la région la plus touchée, a, enfin, été déclarée exempte du virus par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Le bilan enregistré au bout de deux années de lutte s'élève à 11. 315 morts, selon la même source, alors que les systèmes sociaux et économiques de ces pays ont été fortement secoués par cette épidémie dévastatrice.
Aujourd'hui la Guinée, le Sierra Leone et le Libéria, les trois pays les plus touchés par la maladie commencent à se relever tout en restant vigilants, tel que recommandé par l'OMS.
Voici
-Fin de la maladie en Afrique de l'Ouest:
«l'OMS déclare la fin de la plus récente éclosion de maladie à virus Ebola au Libéria et déclare que toutes les chaînes de transmission connues ont été arrêtés en Afrique de l'Ouest », a annoncé, jeudi, l’OMS.
L’annonce faite jeudi par l’OMS succède de 42 jours (deux cycles d'incubation de 21 jours du virus) après que le dernier patient confirmé au Libéria n’a été testé négatif pour la maladie deux fois.
Le Libéria a ainsi été déclaré exempt d'Ebola, le 14 janvier, succédant à la Sierra Leone (7 Novembre 2015) et la Guinée (29 Décembre 2015).
-11 315, le lourd bilan enregistré en deux ans:
Depuis l’identification du premier cas en Guinée forestière en décembre 2013, la maladie aura tué au moins 11 315 personnes sur un total de 28 627 cas, principalement en Afrique de l’Ouest, a précisé l’OMS.
Ce bilan serait, cependant, largement sous-estimé de l’avis des observateurs et d’organisations sanitaires locales.
Si Ebola a frappé, depuis janvier 2014, pas moins de neuf pays, ce sont surtout la Guinée (3804 cas et 2536 morts recensés au 9 décembre 2015), le Liberia (10 675 cas, 4809 décès) et la Sierra Leone (14 122 cas, 3955 morts) qui ont enregistré le plus grand nombre de morts. L'année 2014 a été la plus meurtrière avec un total 7.779 morts.
-Des meures de cloi̇sonnement ri̇gi̇des :
Outre le lourd bilan humain, l’économie, le tourisme et les systèmes éducatifs des trois pays les plus touchés ont, largement, pâtit de l’impact de l’épidémie Ebola. La psychose générale a, en effet, motivé de rigides décisions de cloisonnement.
Ainsi Le pélerinage à la Mecque y avait été empêché -durant deux années de suite- tandis que le Maroc s'est désisté d'organiser la Coupe africaine des Nations (CAN) du 17 janvier au 8 février 2015 (le sauvetage de la CAN avait finalement été assuré par la Guinée Equatoriale, sur fond de grogne sociale).
-Une croissance économique en berne :
Une panique généralisée (avec fermeture des frontières) avait provoqué une récession économique dans les trois pays concernés.
En 2014 (comparé à 2013) la croissance annuelle du Libéria est passée de 5,9% à 0,4%, celle de la Guinée de 4,5 à 1,3 % et celle de la Sierra Leone de 11,3 à 6 %, d'après la Banque mondiale. Les pertes en produit intérieur brut (PIB)pour les trois pays s'élèvaient à pas moins de 2,4 milliards de dollars, selon la même source.
Tout en annonçant la fin de la maladie, l’OMS a appelé à la vigilance estimant que le travail n’était pas fini et rappelant d’une éventuelle résurgence de la maladie demeure possible.
"les parties prenantes doivent rester vigilantes afin de savoir répondre à toute résurgence du virus tel qu’il fût le cas au Libéria", a indiqué l’OMS.
Le Libéria avait à deux reprises, été déclaré exempt d’Ebola, respectivement en Mai et Septembre derniers avant que de nouveaux cas n’aient été identifiés.
-Des réponses tardives à l’épidémie :
Dès le 23 mars 2014, la Guinée avait informé l'OMS d'une "épidémie au développement rapide" mais l'institution onusienne n'a décrété la mobilisation mondiale qu'en août 2014 et les premières aides n'ont été disponibles qu'à la mi-octobre de la même année.
-2015, l’année de la riposte :
Les autorités africaines et les acteurs de la lutte contre l'épidémie avaient clairement affiché l'ambition de marquer l'année 2015, du sceau de la riposte efficace et de tirer les leçons de 2014 en s'engageant d'avantage dans la sensibilisation des populations, dans l'intervention immédiate, la mise en quarantaine et le suivi des malades, et surtout dans la coordination à échelle nationale.
Dès le 22 janvier 2015, le déclin de la maladie, était qualifié de "radical", par l’OMS. L'année courante aura enregistré 3521 morts, soit deux fois mois de morts qu'en 2014.
Cette avancée a été rendue possible grâce à l'engagement des pays africains qui, à travers des centres de lutte spécialisés et une coordination nationale et régionale, ont empêché la propagation de la maladie.
La mobilisation internationale a quant à elle, permis aux trois Etats ouest-africains d'avoir les "capacités suffisantes pour isoler et traiter les patients" et "les capacités suffisantes pour enterrer toutes les personnes mortes d'Ebola", selon l'OMS.
- 7.872 milliards de dollars mobilisés pour la lutte contre la maladie
Sur le plan financier, les initiatives gouvernementales africaines et internationales ont contribué à mobiliser 7.872 milliards de dollars, selon les dernières données communiquées le 18 novembre 2015 par la Banque Mondiale (BM). Ces fonds, ont notamment pour objectif de renforcer les systèmes de santé pour les années à venir.
-Les perspectives 2016, un espoir de traitement se profile
Afin de mieux s'armer pour le futur, dès le mois de mars 2016, un Centre régional de contrôle et de surveillance des maladies sera opérationnel en Afrique, d'après une annonce récente de l’Organisation ouest africaine de la santé (Ooas). Le budget alloué à ce centre s’élèvera à 5 millions de dollars pour l’exercice 2016. Tout au plus, 2 millions de dollars supplémentaires sont prévus pour des interventions rapides en cas d’épidémies.
Le 7 janvier courant, l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) et Epicentre (Une organisation crée par des médecins de MSF spécialisée dans la lutte contre les épidémies) ont publié dans le New England Journal of Medicine les résultats d’une étude rétrospective menée dans un centre de prise en charge d’Ebola géré par MSF à Foya, au Libéria, en 2014. Cette étude montre une diminution du risque de mortalité chez les patients Ebola ayant reçu une combinaison de médicaments contre le paludisme. Fait qu ouvre de nouveaux horizons face à la recherche sur le traitement de cette maladie.
-Ebola, un virus mystérieux et mortel:
Apparue pour la première fois au Soudan et en République démocratique du Congo, en 1976, la maladie à virus Ebola est une affection hautement contagieuse pour laquelle aucun remède ou traitement n’a encore été trouvé.
Initialement transmis aux humains par des animaux sauvages, le virus se propage, ensuite, par contagion entre êtres humains.
Une maladie mystérieuse et ravageuse qui a tout pour semer la panique mais qui a finalement été vaincue grâce à la ténacité des gouvernements africains soutenus par la communauté internationale.