Afrique

"Ferrailleuses", "charpentières", "maçonnes"… les nouveaux métiers des femmes en RDC

-Face à la pauvreté prévalant dans certaines provinces de l'Est congolais, de plus en plus de femmes se mettent aux métiers d'hommes

Nadia Chahed  | 21.02.2017 - Mıse À Jour : 22.02.2017
"Ferrailleuses", "charpentières", "maçonnes"… les nouveaux métiers des femmes en RDC

Congo, The Democratic Republic of the

AA/RDC/Joseph Tsongo

Madeleine Karaboneye, Congolaise de 30 ans, est "aide-maçonne". Un métier habituellement réservé aux hommes, qu’elle exerce pourtant depuis près d'une année, dit-elle à Anadolu.

Un choix qu’elle explique par la pauvreté et la rareté des sources de revenus dans sa province du Rutshuru, située dans l’Est de la RDC, ravagé par les attaques récurrentes des groupes armés.

Comme elle, Justine Kavira, 45 ans et six enfants à charge, a opté pour un "métier d’homme", elle aussi est "aide-maçonne".

"C’est un travail fatiguant et qui demande une grande force physique, mais qui me permet de vivre dignement", témoigne-t-elle, se disant prête le faire, le temps qu'il faudra pour voir ses enfants grandir.

Auparavant, elle travaillait dans les champs agricoles avoisinants, dit-elle à Anadolu, seulement depuis près de deux ans, l'intensification des attaques de groupes armés, tels les Mai-mai et les FDLR, a rendu ceci quasi impossible souligne encore Justine.

Tout comme Madeleine et Justine de nombreuses femmes se sont reconverties dans les métiers du bâtiment, qui étaient traditionnellement réservés aux hommes.

Dans le Rutshuru, il n'est plus rare de voir des femmes perchées sur des échafaudages ou prenant part aux travaux de construction, allant de la maçonnerie jusqu'à la charpenterie.

Sur l’actuel chantier du marché central de Kiwanja dans la ville de Rutshuru, les femmes représentent plus de 60% des 200 ouvriers journaliers

Parmi les ouvrières de ce chantier, Chiruzi Rachel, 24 ans, après avoir été "aide-maçonne", s'est initiée au métier de charpentier pendant deux mois. Les cheveux protégés par un foulard, un léger maquillage visible sous la couche de poussière, elle explique qu’elle a fait ce choix pour avoir une meilleure paie, précisant qu'un charpentier gagne trois fois plus qu'un aide-maçon ( 1 dollar par jour).

Salopette verte et pagne par-dessus, Denise Mulyata, est, quant-elle, "ferrailleuse".

"J’ai demandé à m’intégrer aux ouvriers qui travaillent le fer. Ils m’ont d’abord appris à mettre en place les étriers (armature métallique). Au bout d’un mois et demi, j’ai été officiellement agréée au sein de leur groupe comme ferrailleuse. Désormais, je peux être recommandée en tant que telle sur d’autres chantiers", raconte-t-elle à Anadolu sans cacher sa fierté.

L'arrivée des femmes sur les chantiers de construction s'est faite timidement, dans un premier temps, avant de prendre de l'ampleur. Une reconversion qui a dépassé son côté insolite pour forcer l'admiration, des hommes en premier.

La présence de ces femmes ne semble, en effet, nullement déranger les hommes. Ingénieur en construction, Charles Ndulani, dit, plutôt, apprécier leur travail.

« Elles sont plus consciencieuses et plus appliquées que leurs collègues masculins, pas question pour elles de se cacher, comme le font souvent certains ouvriers hommes, qui viennent seulement pointer en fin de journée ! », déclare-t-il à Anadolu.

Père de famille et maçon depuis 5 ans, Kasereka Edison affirme pour sa part qu'il ne voit aucun inconvénient à partager son savoir-faire avec des femmes et à apprendre les bases du métier à celles qui font preuve de volonté.

Pour Bruno Matsundo, chef du projet de construction du marché central de Kiwanja, c'est la pauvreté grandissante qui pousse les femmes à travailler sur les chantiers de construction. L’entrepreneur souligne : « au début, nous avions de la peine à trouver du personnel féminin répondant aux exigences du marché mais ça commence à aller mieux, grâce à la détermination de ces femmes qui n'hésitent pas à se former sur le terrain, dépassant des fois l'endurance de leur collègues masculins".

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