Afrique

Femmes et pouvoir local en Tunisie: Des avancées juridiques qui tardent à prendre forme

-Ce constat a été fait en marge de la conférence internationale sur le thème « Femmes et pouvoir local », organisée mardi à Tunis.

Nadia Chahed  | 26.09.2017 - Mıse À Jour : 27.09.2017
Femmes et pouvoir local en Tunisie: Des avancées juridiques qui tardent à prendre forme

Tunis


AA/Tunis/ Bouazza Ben Bouazza

Traduire dans la réalité concrète les avancées accomplies par la Tunisie au niveau des textes de loi, c’est le principal défi que doit relever la Tunisie aujourd’hui pour protéger les acquis de la femme et consacrer l’égalité genre énoncée dans la Constitution.

C’est ce qui ressort des interventions faites mardi à Tunis, à l’ouverture de la conférence internationale sur le thème « Femmes et pouvoir local », organisée par le ministère de la femme, de la famille et de l’enfance, le ministère des affaires locales et de l’environnement et le Conseil de l’Europe.

La conférence va encourager l’échange des points de vue et d’expériences en matière de participation des femmes au pouvoir local et notamment concernant les cadres juridiques nationaux et internationaux, les défis de mise en place des garanties législatives et bonnes pratiques.

Elle réunit une centaine de participants, dont des responsables gouvernementaux et des institutions publiques, des collectivités locales, des parlementaires, des experts internationaux, des représentants de missions diplomatiques et d’organisations internationales, des médias ainsi que des organisations de la société civile et du secteur académique.

Déplorant une faible représentativité de la femme au sein des instances élues avec 7% de têtes de listes lors des élections de 2011 et 12% en 2014, l’universitaire Jinen Limam, estime que la Tunisie, à la faveur de l’évolution enregistrée par la femme dans les divers domaines d’activité, a « l’opportunité de passer de la culture discriminatoire à celle de l’égalité », et ce, à la faveur de la d’une politique de décentralisation adéquate.

Pour cela, elle plaide pour un « changement des mentalités » et le bannissement de « l’esprit patriarcal » notamment dans les régions de l’intérieur. « C’est une tâche de longue haleine et difficile, mais pas impossible. La Tunisie en est capable », selon elle.

Ce professeur de droit public à la faculté de sciences juridiques de Tunis considère que les élections municipales prévues normalement en mars 2018 offre une plateforme requise pour une meilleure représentation de la femme au sein des conseils municipaux.

Ce scrutin représente « une occasion propice pour battre en brèche les stéréotypes et voir émerger un leadership féminin au niveau du pouvoir local », suggère-t-elle.

La ministre de la femme, de la famille et de l’enfance Neziha Laabidi a salué « la grande audace » démontrée par le gouvernement d’union nationale pour asseoir l’égalité entre les sexes, citant la récente loi adoptée à l’unanimité des parlementaires bannissant la violence faite aux femmes.

Cependant, la ministre juge, elle aussi, que les lois aussi positives soient elles, ne sont pas suffisantes. « Il faut des mécanismes pour les appliquer », a-t-elle souligné en faisant état d’une stratégie mises en œuvre à cet effet au profit des femmes rurales.

« Les femmes tunisiennes sont une force agissante qui doit occuper la place qui lui revient dans la société. Elle est apte à participer au pouvoir local. Nous ne voulons pas être sous les cendres, mais plutôt un volcan pour forger l’avenir du pays », a-t-elle martelé.

Selon elle, « la Tunisie ne croit pas en la différenciation entre hommes et femmes ». « Nous devons avancer et bâtir ensemble », dit-elle.

Pour le ministre des affaires locales et de l’environnement Riadh Mouakher, l’approche genre constitue « le pilier de l’édification des collectivités locales.

Lors des élections municipales, il y aura 350 municipalités à mettre en place et plus de 7200 édiles à élire, avec des dizaines de milliers de candidatures. Il s’attend qu’avec la loi électorale en vigueur qui consacre la parité hommes-femmes, la moitié des élus devront être de sexe féminin.

En 2010, il y avait juste cinq présidentes de conseils municipaux. Elles seront plus de 100 en 2018, prévoit-il.

Le représentant du Conseil de l’Europe en Tunisie William Massolin, a, quant à lui, salué « les avancées considérables accomplies par la Tunisie avec une Constitution progressiste et une loi électorale qui garantit la parité verticale et horizontale entre hommes et femmes ».

« Il s’agit aujourd’hui de traduire ces avancées sur le terrain », a-t-il suggéré.

Pour la Suédoise Gudrun Mosler Törnström, présidente du congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe qui regroupe plus de 200.000 collectivités locales dans 47 pays européens, « promouvoir l’égalité hommes-femmes est capital pour tout système démocratique ».

« Une société ne peut pas être libre et démocratique si la liberté et la dignité de sa moitié n’est pas garantie », a-t-elle plaidée. « Même en Europe, nous devons nous battre pour cela », a-t-elle fait remarquer.

« En Tunisie, vous avez commencé, c’est peut-être un peu lent, mais il faut continuer en mettant à profit le potentiel féminin qui est encore sous-exploité, en donnant un pouvoir réel aux femmes dans les communes », a-t-elle relevé.

Elle a mis l’accent sur l’impératif d’un « engagement de toutes les forces vives de la société, pour changer les mentalités et asseoir une culture égalitaire ».

« C’est un processus long qui comporte des défis qu’il importe de relever », a-t-elle noté. Selon elle, « les changements historiques qu’a connus la Tunisie représentent une opportunité pour bâtir une société démocratique qui implique les femmes dans la vie publique ».

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