Afrique

Femmes entrepreneures au Niger : le parcours du combattant

- Alors que tissu entrepreneurial au Niger est largement dominé par les hommes, les Nigériennes s’arment de courage et décident de passer outre les préjugés.

Ekip  | 31.05.2023 - Mıse À Jour : 31.05.2023
Femmes entrepreneures au Niger : le parcours du combattant

Niger

AA / Zinder / Zara Boukar

A Zinder et partout ailleurs au Niger, l’entreprenariat connaît un grand engouement, surtout chez les femmes. Le tissu entrepreneurial est pourtant largement dominé par les hommes. Conscientes de cet état de fait, les Nigériennes s’arment de courage et décident de passer outre les préjugés socioculturels pour être financièrement indépendantes.

Anadolu s'est rendue chez certaines d'entre-elles pour recueillir leurs témoignages et s'enquérir de leurs expériences.

Zeinab Lawan Issoufou, étudiante en master à l’université, a eu l’intelligence et le courage d’être l’une des pionnières des entreprises de la scène et de l’animation à Zinder, deuxième ville du Niger. Elle est la promotrice de l’agence Damagaram, art et communication. Dans sa petite boutique qui lui sert d’entreprise, elle nous reçoit le matin avec une grande fierté de nous faire découvrir sa société qu’elle a créée il y a 4 ans alors qu’elle était au tout début de ses années estudiantines.

"C’est un cabinet de communication. On fait des prestations artistiques culturelles et d’ordre communicationnel comme des conceptions, des affiches, des banderoles, mais aussi des tournées des caravanes de sensibilisation, des formations et renforcements de capacités. Quand on parle de l’entreprenariat au Niger, jusqu’à présent beaucoup reste à faire. C’est vraiment difficile, il va falloir gérer beaucoup de choses en même temps", nous confie Zeinab. Et d'ajouter : "L’entreprise demande en plus ma présence et bien d’autres choses pour fonctionner ... Si vous êtes une femme c’est particulièrement difficile. Mais si vous croyez en ce que vous faites, ça va réussir malgré tout".

Outre le domaine de la scène, le Niger regorge d’opportunités dans le secteur agricole. Un potentiel qu'Oumalheir décide d’exploiter à travers son entreprise OD’S Toukoudi de luxe, spécialisée dans la transformation du mil en boule, un met local prisé par la population. Pour Oumalheir, étudiante en master dans un institut de la place, pas la peine d’attendre un recrutement de l’Etat. Elle s’auto-emploie à travers son entreprise.

Elle nous explique : "J’ai commencé en 2022, j’ai eu l’idée de créer cette entreprise. La matière première utilisée est le mil. Je le transforme en Toukoudi, un met local nigérien. Je n’ai pas eu de grosses difficultés dès le début, étant donné que j’ai grandi dans une famille de commerçants. Ma maman est entrepreneure, c’est un modèle d’inspiration pour moi. Mes parents m’ont soutenue et ça m’a permis de réaliser mon rêve. Pour elle, inutile d'attendre d'être recruté. Mieux vaut prendre les devants. "Il ne faut pas que les femmes nigériennes se disent j’ai tel ou tel diplôme en attendant un recrutement de l’Etat. Par exemple, moi quand j’avais eu cette l'idée d’entreprendre, les amies ont essayé de me dissuader mais j’ai été catégorique", note-t-elle.

Comme Oumalheir et Zeinab, Ramatou Ali Bouzou, promotrice du restaurant Bouzou fast-food, est un autre exemple de l'esprit d’initiative. Une jeune femme passionnée de cuisine qui a choisi de mettre ses potentialités au service de la population. Etudiante également, elle a bénéficié du soutien de sa famille et de ses proches pour réaliser son rêve.

"Mon entreprise est spécialisée dans la restauration et la formation en cuisine. Pour la création de l’entreprise, c’était mon ambition. Je suis douée en cuisine et j’ai jugé utile de mettre ces potentialités au service de la population. Quand tu es entrepreneure, tu subviens sans difficultés à tes besoin", nous explique-t-elle.

De plus en plus présentes dans tous les secteurs d’activités génératrices de revenus, les jeunes entrepreneures se plaignent, toutefois, du non accompagnement de l’Etat ne serait-ce qu’en formation. A cela s’ajoutent les préjugés sociaux expliquent-elles à l'unanimité.

"Les moyens [financiers] demeurent la première difficulté. Parce qu'un entrepreneur doit avoir un local, donc il faut forcément payer le loyer, les employés, les factures. Ceci rend la tâche très difficile. En ce qui me concerne, jusqu’à présent, mon entreprise n’a pas eu de l’aide de la part de l’Etat. Aussi, il y a le statut de femme entrepreneure qui pose encore problème au Niger", regrette Zeinab. Constat partagé par Oumalheir qui estime, à son tour, qu'au Niger, "il y a beaucoup de préjugés autour de la femme entrepreneure, liés pour la plupart à la tradition".

Quant à Ramatou, elle déplore un problème de favoritisme dans le domaine de la restauration. "Les prestations de service sont rares du coup c’est difficile. Les gens ne nous aident pas, ils préfèrent demander le service à leurs connaissances. Et sans prestations de service, on ne peut pas développer nos entreprises", relève-t-elle, notant toutefois qu'elles sont appuyées par des ONG.


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