Afrique

Faire découvrir le Rwanda aux Rwandais, le nouveau pari de Kigali !

Depuis le début du mois, plusieurs centaines de Rwandais ont formé des groupes appelés "Explorons le Rwanda" pour découvrir les opportunités touristiques de chacune des 5 provinces du pays.

Safwene Grira  | 12.10.2016 - Mıse À Jour : 13.10.2016
Faire découvrir le Rwanda aux Rwandais, le nouveau pari de Kigali !

Kigali

AA/ Kigali/ Henri Demari

Faire découvrir le Rwanda aux Rwandais est le nouveau pari des autorités de Kigali. Le Rwanda a placé depuis une décennie le tourisme au coeur de sa transformation socio-économique. Et même si ce secteur se porte de mieux en mieux, le tourisme domestique peine toutefois à décoller dans le pays.

Seuls 50 millions USD ont été engrangés, en 2015, par le tourisme domestique, alors que seulement 15% de Rwandais ont visité les 214 sites touristiques du pays, pendant la même période. L'ensemble du secteur touristique, qui participe à hauteur de 33% de l'économie du pays, a engrangé 342 millions USD, pendant la même période.

Des chiffres que les autorités veulent augmenter à l'horizon 2018 en même temps qu'elles ambitionnent désormais une augmentation de 25% chaque année des revenus du secteur touristique.

"Nous souhaitons que d'ici 2018 le pourcentage des touristes rwandais passe à 40% de l'ensemble de la population. Les mesures que nous venons de prendre donneront une réelle vitalité au tourisme domestique dans notre pays dans les deux prochaines années", a confié à Anadolu Belize Kalisa, directrice du tourisme à l'Agence rwandaise de développement.

De nombreuses mesures sont effectivement entrées en vigueur depuis octobre dernier, en faveur des Rwandais. Il s'agit surtout de l'accès gratuit à nombre de sites touristiques, d'importantes réductions de coûts d'accès pour les 3 parcs nationaux fonctionnels (des prix variant entre l'équivalent de 3 et 35 USD), et la réhabilitation, en cours, de plusieurs sites méconnues des Rwandais.

Des initiatives qui laissent confiantes les autorités et qui ont encouragé, même, des initiatives privées servant le même objectif: dynamiser le tourisme local.

Depuis le début du mois, plusieurs centaines de Rwandais venant surtout de Kigali ont formé des groupes appelés "Explorons le Rwanda" pour découvrir davantage les opportunités touristiques de chacune des 5 provinces du pays.

Ce programme qui s'étale sur une année négocie des tarifs de groupe encore plus préférentiels, de même qu'il facilite le déplacement de ces adhérents à travers les nombreux sites.

"J'ai décidé de me joindre à cette campagne car j'ignore beaucoup des richesses touristiques. En 3 jours, j'ai par exemple mieux appris l'histoire de la royauté que ce qu'on m'a enseigné à l'école. C'est une satisfaction pour moi", s'est réjoui Prime Mukama, un jeune rwandais rencontré par Anadolu dans la province méridionale.

La province du Sud qui regorge de près de 30% du patrimoine touristique du pays est actuellement à l'honneur jusqu'en décembre 2016.

"C'est vraiment une belle occasion que j'ai saisie car j'aime l'aventure. Heureusement avec seulement 30 000 francs (un peu plus de 37 USD), j'ai pu découvrir 8 sites touristiques en 3 jours. Seul, je n'aurais pas eu le moyen de le faire", a confié Denise Nsengiyumva.

"Cette initiative est salutaire, mais à mon avis il faut mieux sensibiliser les populations rurales pour qu'elles acceptent de visiter davantage les sites touristiques proches de leur région et dépenser leurs revenus car dans nos moeurs, la curiosité est dirigée plus vers l'étranger que vers le local", a commenté à Anadolu Innocent Twagirumukiza, un spécialiste de l'éco-tourisme.

De fait, 70% des visiteurs locaux viennent des zones urbaines comme Kigali, selon l'agence rwandaise du développement. D'après la même institution, ceux-ci préfèrent se rendre, en priorité au parc national de l'Akagera à l'Est du pays (61% des touristes locaux en 2015), suivi du parc de Nyungwe au Sud-Ouest (37%) et puis le parc des Volcans dans le Nord du pays (14%).

"Il faut aussi construire des hôtels à la portée des petites bourses parce que l'accessibilité reste encore un luxe", suggère le spécialiste rwandais.

"La loi du travail de 1974 a fixé le salaire minimum à 100 francs rwandais (0,13 USD) par jour et cela n'a pas encore été révisé jusqu'à présent. En dépit de ces mesures, le tourisme reste onéreux. Les endroits touristiques payants sont les plus convoités grâce aux richesses touristiques qu'ils offrent aux touristes et aujourd'hui les Rwandais non pas forcément les moyens de s'y rendre", se désole le sociologue rwandais Alexis Rusine, dans une déclaration à Anadolu.

Mais c'est également sur les mentalités qu'il faut agir. Très souvent, l'inaccessibilité est psychologique. C'est à dire qu'on associe le tourisme à une forme de divertissement "de luxe", donc, inaccessible aux couches paupérisées et même moyennes, estime Rusine.

"Sociologiquement, les Rwandais préfèrent vaquer à d'autres activités de loisirs qu'au tourisme", résume le même sociologue, soulignant que les déplacements restent encore péjorativement connotés, dans beaucoup d'endroits en Afrique, tant ils restent associés au cas de catastrophes humanitaires.

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