AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa

La ville stratégique d’Uvira, chef-lieu provisoire de la province du Sud-Kivu dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis la chute de Bukavu en février, est passée mercredi sous le contrôle de la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo, branche politique du M23, ont indiqué plusieurs sources locales.

Les combattants de l’AFC/M23 sont entrés dans la ville après-midi, profitant du retrait précipité des Forces armées de la RDC (FARDC), de leurs alliés burundais et des miliciens Wazalendo qui les appuie, selon des témoins joint par Anadolu (AA).

À 13h30 locales (11h30 GMT), plusieurs groupes de rebelles étaient visibles sur les principales artères de la ville, tandis que d’autres se dirigeaient vers Kavimvira, à la frontière avec le Burundi.

Le porte-parole du mouvement, Lawrence Kanyuka, a dans un communiqué, revendiqué la prise de la ville, parlant d’une « libération » et appelant les habitants à « reprendre leurs activités en toute sérénité ».

Selon plusieurs ONG locales et les autorités burundaises, au moins 30 000 personnes ont fui vers le Burundi voisin, aggravant une situation humanitaire déjà critique dans l’est de la RDC.

La frontière burundaise a été fermée après la chute de la ville, ont confirmé à Anadolu des sources du haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés et les responsables rebelles dont Willy Ngoma, porte-parole militaire du M23.

Située aux portes du Burundi, Uvira occupe une position géopolitique majeure.

Nœud commercial et administratif, sa chute renforce les craintes d’une extension régionale du conflit, impliquant notamment le Rwanda, accusé par Kinshasa, l’ONU et plusieurs sources de soutenir la rébellion, ce que Kigali dément.

À Kinshasa, le gouvernement congolais a accusé mardi soir le Rwanda de violer l’accord récemment signé à Washington. Le ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya, a affirmé que des bombes tirées depuis le Rwanda sont tombées sur des cibles civiles au Sud-Kivu, en début de semaine.

Kinshasa alerte également sur un risque de régionalisation du conflit et appelle les médiateurs internationaux à intervenir d’urgence.

Le gouvernement rwandais a de son côté accusé la RDC et le Burundi de « violations délibérées » des processus de paix. Kigali assure que ses forces ne sont pas impliquées et dénonce des bombardements à proximité de sa frontière.

Les Etats-Unis et plusieurs pays européens dont la Belgique et la France ont exhorté mardi le Rwanda et le groupe armé M23 à cesser "immédiatement" leur offensive et se "retirer" de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à des combats et une fuite massive de population au Burundi voisin.

Le groupe de contact pour la région des Grands Lacs exhorte "le M23 et les Forces de défense rwandaises à cesser immédiatement leurs opérations offensives dans l'est de la RDC, en particulier dans le Sud-Kivu, et appelle les FDR à se retirer de l'est de la RDC", a-t-il indiqué dans un communiqué commun.

Le M23 était réapparu fin 2021 avant de s’emparer début 2025 de Goma puis de Bukavu. La rébellion et Kinshasa sont engagés dans des négociations sous la médiation du Qatar, sans parvenir à un cessez-le-feu réel.