En Afrique subsaharienne, un simple «SMS» peut sauver une mère et son enfant

Tunisia
AA/Tunis/Esma Ben Said avec la contribution de Mahamat Ramadane
«Bonjour, votre fœtus est âgé de 6 semaines et sera suivi par m-pregnancy avec les conseils du Dr ........», (Côte d’Ivoire)
«Recevez des consultations prénatales, des informations sur les vaccinations de votre enfant ainsi que des conseils», en envoyant «Mom Suscribe» au 8006 (Cameroun).
«Suivre la mère dès le début de sa grossesse, pendant et aussi après», grâce à «Rapidsms» au Rwanda…..
En Afrique subsaharienne, il suffit parfois d’un simple SMS pour sauver deux vies, celle d’une mère et de son enfant, dans une région qui enregistre toujours le taux de mortalité infantile le plus élevé au monde et ce, malgré les nombreux efforts déployés depuis plus d’une décennie dans le cadre des Objectifs du Millénaire de développement (OMD).
Aujourd’hui encore, un enfant sur douze y meurt avant son cinquième anniversaire, soit plus de 12 fois plus que la moyenne de 1 sur 147 dans les pays à revenu élevé, selon le rapport Levels and Trends in Child Mortality 2015 [Niveaux et tendances en matière de mortalité de l’enfant] publié en septembre 2015 par l’UNICEF, l’Organisation mondiale de la Santé, le Groupe de la Banque mondiale et la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies.
D’après ce rapport, "c’est à la naissance et dans la période autour de la naissance que réside le principal défi".
Quelque 45% des décès des moins de 5 ans surviennent, en effet, au cours de la période néonatale, c’est-à-dire dans les 28 jours suivant la naissance. «La prématurité, la pneumonie, les complications au cours du travail et de l’accouchement, la diarrhée, les infections et le paludisme sont les principales causes de décès des enfants de moins de 5 ans», précise le document.
Afin de lutter contre ce fléau, plusieurs pays africains à l’instar du Tchad, du Rwanda, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun, du Mozambique ou encore de la Tanzanie, redoublent d’idées ingénieuses dont la mise en place du système «SMS» qui permet de suivre les grossesses, les accouchements, et d’accompagner la mère durant les premiers jours de la vie du nourrisson, et qui se révèle véritablement efficace, selon les témoignages recueillis par Anadolu.
«Le système alerte-santé par SMS joue un véritable rôle préventif, surtout lors des complications sanitaires, pendant ou après les accouchements, souvent dans des zones où les structures de santé et les moyens de transports se font rares», explique Aristophane Ngargoune, responsable de la Communication au sein de l’Hôpital moderne de la mère et de l’enfant de N’Djamena.
«En quatre ans d’utilisation des alertes SMS, plus de 7 milles naissances ont été sauvées de complications sévères et plus de mille enfants en bas âge, en situation d’urgence ont également pu être épargnés», détaille-t-il.
«Le système permet en fait aux services des urgences et les gestionnaires des ambulances d'hospitalisation d'intervenir en un temps record, juste après la réception du message d'alerte et de poser le diagnostic qu'il faut au moment opportun. La procédure est simple, il suffit juste de laisser même un SMS vide au standard des urgences et les agents vous rappellent dans les secondes qui suivent pour consultation à distance immédiate et dépêcher les ambulances »,ajoute le responsable.
En Tanzanie, le succès est largement au rendez-vous, se réjouit la presse locale.
Connu sous le nom «Wazazi Nipendeni SMS Service» («Mes parents m’aiment»), l’application mobile lancée en 2012 et soutenue par le ministère tanzanien de la Santé et des affaires sociales et le Centre américain de contrôle des maladies (CDC), à célébrer son premier million d’abonnés en octobre dernier.
Depuis son lancement, le programme qui sensibilise les femmes enceintes et les mères qui ont des enfants en bas âge, sur un ensemble de bons gestes à pratiquer pour leur santé et celle de leur enfant, a distribué plus de 55 millions de messages gratuits, rapporte le média en ligne est-africain «CIO», dans son édition du 13 octobre 2015.
Autre succès africain phénoménal : «RapidSms» au Rwanda.
Entre 2000 et 2015, le Rwanda- un peu moins de 12 millions d’habitants- est le pays au monde qui a connu la réduction la plus importante de son taux de mortalité chez les bébés de moins de cinq ans et chez leurs mères, d’après Levels and Trends in Child Mortality 2015.
La mortalité infantile est ainsi passée de 50 pour 1000 naissances en 2010 à 42 pour 1000 naissances en 2015, selon le rapport.
Ce succès remarquable est dû, d’une part au travail des agents de santé, mais aussi, au système «RapidSms», présenté par le Gouvernement du Rwanda en 2009, avec l'appui technique et financier de l'UNICEF.
L’application, suit les «mille premiers jours de la vie d'un bébé», peut-on lire sur la plateforme de présentation en ligne.
«Nous avons toujours des décès évitables, mais RapidSMS nous facilite les choses pour mieux accompagner les femmes enceintes », a déclaré la ministre de la Santé rwandaise, le Dr Agnes Binagwaho interrogée par le quotidien britannique «The Guardian» (16 février 2016).
Au Sénégal aussi, des SMS rappellent quotidiennement aux femmes enceintes leur devoir de prendre du fer acide folique par exemple, explique Mme Dia, responsable au sein du service social de la maternité de Rufisque tandis qu’en Côte d’Ivoire, «M-Pregnancy», sert de calendrier pour les femmes enceintes.
L’utilisation de SMS dans le domaine de santé a déjà fait ses preuves dans de nombreux domaines à l’instar de la lutte contre le paludisme ou encore la malnutrition notamment au Nigeria, en Zambie ou au Malawi, d’après la presse africaine.
Une réussite d’autant plus efficiente que le taux de pénétration du téléphone portable en Afrique subsaharienne est en augmentation constante et devrait d’ailleurs passer de 52% en 2012 à 79% en 2020, selon une nouvelle étude publiée début janvier par le cabinet d’étude international Frost & Sullivan.