Afrique

Diaspora soudanaise: « Nous appelons la Türkiye à un soutien militaire et humanitaire »

- Le Soudan est le théâtre de violents affrontements entre l'armée et les milices FSR soutenues de l'extérieur depuis le 15 avril 2023

Ömer Faruk Madanoğlu  | 01.11.2025 - Mıse À Jour : 03.11.2025
Diaspora soudanaise: « Nous appelons la Türkiye à un soutien militaire et humanitaire »

Istanbul

AA/Istanbul

Les autorités de la diaspora soudanaise en Türkiye ont affirmé que le massacre perpétré par les Forces de soutien rapide (FSR) à El-Facher au Soudan n'est pas un fait isolé et que les Soudanais font face à une crise humanitaire sans précédent depuis le début de la guerre civile en 2023

Kevser Elbahari Orakci, directrice de l'Association Ubuntu pour le développement humanitaire en Afrique, et Muhammed Tayyip Yasin, vice-président de l'Association de la communauté soudanaise, ont évalué pour Anadolu le massacre survenu à El-Facher, capitale de l'État du Darfour-Nord.

Muhammed Tayyip Yasin a indiqué que les FSR, soutenues de l'extérieur, ont lancé des centaines d'opérations sur la ville d'El-Facher sans succès, avant d'imposer un blocus et un embargo prolongés sur la région, aboutissant à la chute de la ville.

Ce dernier a souligné que les FSR ont commis de nombreux massacres au Soudan similaires à celui d'El-Facher.

« Ce qu'ils ont fait n'est pas nouveau. Ils ont réalisé à El-Facher un peu plus que les massacres qu'ils avaient précédemment appliqués à Khartoum. Pourquoi plus ? Parce que généralement, ils commettaient leurs massacres en silence, mais ici, le nombre de morts en une journée était d'environ 2 000. Personnellement, je pense que ces chiffres sont plus élevés », a-t-il expliqué.

Muhammed Tayyip Yasin a affirmé que les miliciens des FSR considèrent comme une source de fierté le fait de commettre des crimes contre l'humanité et qu'ils n'ont aucune « émotion humaine » lorsqu'ils perpètrent ces massacres.

Indiquant que la guerre civile au Soudan entre dans sa troisième année avec une intensification des massacres, Yasin a poursuivi :

« Ces événements font partie d'un processus qui dure depuis trois ans. Pourquoi n'en a-t-on pas parlé pendant tant d'années ? Nous pouvons l'expliquer pour diverses raisons. Les pays européens utilisent les FSR, certains pays arabes les soutiennent également. C'est pourquoi le silence a prévalu. Mais ce n'est pas la fin, la situation est désormais du fascisme. Il y a d'autres villes similaires à El-Facher. Il y a un endroit appelé Baba Nusa, et une vingt-deuxième ville est dans une situation similaire. Si nous ne pouvons pas les sauver, la situation pourrait s'aggraver encore plus. »

Le vice-président de l'Association de la communauté soudanaise a souligné que le peuple soudanais est devenu le pays au monde qui est le plus dépendant à l'aide humanitaire en raison de la famine et de la guerre et a appelé à venir en aide aux civils sur place.

« Les gens en sont réduits à manger de la nourriture pour animaux en deux ans. Aucun produit alimentaire de base n'entre. Personne n'apporte d'aide. Les hôpitaux sont complètement détruits, les gens meurent. Environ 54 à 55 enfants meurent chaque jour. Aucun besoin humanitaire des gens n'est satisfait », a-t-il martelé.

Qualifiant d'« comportement fasciste » les attaques des FSR contre les civils, Yasin a conclu :

« Les FSR attaquent les gens, les maisons. Ce sont de véritables comportements fascistes. Comparé aux événements dans d'autres parties du monde, cela n'est peut-être pas moins ou plus que Gaza, mais le Soudan est exposé à ces pressions sous tous ses aspects. C'est pourquoi nous ne pouvons rien faire seuls contre eux. Les FSR n'ont aucun avenir avec nous. Ils veulent diviser une région mais ils n'y parviendront pas. Parce que tout le Soudan est uni. Notre seul manque est que les grands pays et les vendeurs d'armes ne nous vendent pas d'armes. Monsieur (Recep Tayyip) Erdogan est très aimé au Soudan. Les Soudanais ont de grandes attentes de votre part » a-t-il souligné avant de poursuivre :

« Nous avons trois demandes : Premièrement, le soutien matériel et moral de la Türkiye. Nous avons besoin d'une armée forte sur le plan militaire. Deuxièmement, l'ouverture de comptes pour que les Soudanais en Türkiye puissent envoyer de l'argent. Troisièmement, nous demandons aux entreprises de l'industrie de défense en Türkiye de fournir des armes au Soudan. Nous sommes prêts à mourir. »

Kevser Elbahari Orakci a pour sa part déclaré que les massacres au Soudan se poursuivent depuis de longues années et que le pays a été abandonné dans son processus de guerre civile.

Attirant l'attention sur les massacres commis par les miliciens des FSR contre la population civile dans tout le Soudan, elle a affirmé : « Qui a filmé ces images de massacres ? Pas les journalistes, ni les Soudanais. Ces vidéos ont été filmées par les oppresseurs eux-mêmes. Pourquoi ? Parce qu'ils aiment faire couler le sang, ils prennent plaisir. Ce sont eux qui ont publié ces vidéos. »

Orakci a estimé que le cessez-le-feu au Soudan doit être réclamé plus fort et a pointé du doigt le silence des grandes puissances et le mutisme des médias sur le Soudan.

« Je ne les accuse pas seulement, je m'accuse aussi moi-même. Pourquoi je m'accuse ? Parce que je n'ai pas appelé à un cessez-le-feu à haute voix. Nous sommes tous coupables parce que nous avons été négligents. Pourquoi les gens se sont tus ? Pourquoi n'a-t-on pas parlé du Soudan ? Si nous avions parlé, les choses n'en seraient pas arrivées là. Si nous avions élevé la voix, peut-être que nous n'en serions pas là. Non seulement les pays, mais le monde entier est coupable. Les portes ont été fermées pour les Soudanais, on ne leur accorde même pas de visa. Les gens ont été abandonnés. Le Soudan ne lutte pas seulement contre la guerre, mais aussi contre la souffrance, la misère et les maladies. Si nous voulons envoyer les malades à l'étranger, on ne nous le permet pas.

Le Soudan est-il devenu un nouveau pays ? Le Soudan n'est-il pas dans ce monde ? Parce que différentes régions du monde sont occupées par d'autres guerres, le Soudan a été oublié. Nos gens ne sont-ils pas des humains ? Où est l'humanité, où sont les musulmans, où sont les Arabes ? Nous ne nous tairons pas. Désormais, nous élèverons la voix. Nous ne demandons de compassion ou de miséricorde à personne, nous demandons seulement justice. Nous voulons sauver les gens là-bas », a-t-elle lancé.

Le Soudan est le théâtre de violents affrontements entre l'armée et les milices FSR soutenues de l'extérieur depuis le 15 avril 2023.

El-Facher, la plus grande ville de la région du Darfour à l'ouest du pays, est largement passée sous le contrôle des FSR après de violents combats.

Dans la ville où des dizaines de milliers de personnes ont fui les affrontements, les moments où les FSR ont déplacé de force les civils et tué et torturé de nombreuses personnes non armées ont été reflétés dans les vidéos partagées par les membres des FSR.

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