Des pays arabes condamnent la reconnaissance par Israël de la région sécessionniste du Somaliland
- L’Arabie saoudite, la Palestine et l’Égypte rejettent la démarche jugée illégale, mettant en garde contre une menace pour la stabilité régionale et l’unité de la Somalie
Istanbul
AA/Istanbul/Mohammad Sio
Des pays arabes ont condamné vendredi la reconnaissance par Israël de la région sécessionniste du Somaliland, rejetant cette décision comme une violation du droit international et réaffirmant leur soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Somalie.
L’Arabie saoudite a estimé que cette initiative israélienne entérine des « mesures unilatérales et séparatistes » contraires au droit international. Dans un communiqué, le ministère saoudien des Affaires étrangères a souligné le « plein soutien » du royaume à la souveraineté de la Somalie, ainsi qu’à l’unité et à l’intégrité de son territoire. Riyad a également rejeté toute « tentative d’imposer des entités parallèles » de nature à saper la stabilité somalienne, affirmant son appui aux institutions étatiques légitimes du pays.
La Palestine a, de son côté, rejeté la reconnaissance israélienne du Somaliland, la qualifiant de menace pour la sécurité arabe et régionale. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a réaffirmé son soutien total à l’unité, à la souveraineté et à l’indépendance politique de la Somalie, conformément au droit international, au consensus arabe et international, ainsi qu’aux décisions de l’Organisation de la coopération islamique. Il a averti que toute reconnaissance du Somaliland ou toute mesure légitimant la sécession porterait atteinte à la stabilité et à la souveraineté de la Somalie, s’inscrivant, selon lui, dans « les efforts plus larges d’Israël visant à déstabiliser la paix régionale et internationale ». Le ministère a également indiqué qu’Israël avait déjà évoqué le Somaliland comme destination potentielle pour la relocalisation de Palestiniens, en particulier depuis Gaza.
L’Égypte a annoncé avoir coordonné sa position avec des partenaires régionaux pour s’opposer à cette reconnaissance. Dans un communiqué, le ministère égyptien des Affaires étrangères a précisé que le chef de la diplomatie, Badr Abdelatty, s’est entretenu par téléphone avec ses homologues de Somalie, de Türkiye et de Djibouti afin d’évoquer les « développements dangereux » dans la Corne de l’Afrique liés à la décision israélienne. Les ministres sont convenus d’un « rejet et d’une condamnation complets » de cette reconnaissance et ont réaffirmé leur plein soutien à l’unité, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Somalie.
Ils ont également rejeté toute mesure unilatérale susceptible de fragiliser la stabilité somalienne, mis en garde contre un précédent dangereux consistant à reconnaître l’indépendance de parties d’États souverains, et souligné la nécessité de respecter la Charte des Nations unies et le droit international.
Le Koweït a, lui aussi, rejeté cette reconnaissance, la qualifiant de mesure violant le droit international. Dans un communiqué, son ministère des Affaires étrangères a réaffirmé le plein soutien du pays à la souveraineté de la Somalie sur l’ensemble de son territoire et à ses institutions étatiques légitimes.
L’Irak a condamné la décision israélienne, la qualifiant de « violation flagrante » de la souveraineté des États et du droit international. En tant que président en exercice de la Ligue arabe, Bagdad a estimé que cette reconnaissance porte atteinte à l’unité de la Somalie et menace la stabilité de la Corne de l’Afrique, appelant la communauté internationale à adopter une position claire contre ce qu’il a qualifié de « pratiques illégales ».
La Jordanie a également rejeté toute tentative d’imposer des entités parallèles menaçant l’unité et l’intégrité territoriale de la Somalie. Amman a affirmé soutenir les institutions légitimes somaliennes et s’opposer à toute mesure mettant en péril la sécurité et la stabilité du pays, selon l’agence de presse officielle Petra.
Le Qatar a, pour sa part, exprimé une opposition ferme, qualifiant la reconnaissance de précédent dangereux et d’acte unilatéral violant le droit international et portant atteinte à la souveraineté, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Somalie. Dans un communiqué, le ministère qatari des Affaires étrangères a rejeté toute tentative d’établir ou d’imposer des entités parallèles susceptibles de saper l’unité somalienne, réaffirmant son plein soutien aux institutions légitimes du pays et à la préservation de sa sécurité et de sa stabilité. Le ministère a ajouté qu’Israël devrait plutôt reconnaître l’État de Palestine et œuvrer à la fin de la guerre dans la bande de Gaza, l’accusant de saper la légitimité internationale et d’alimenter l’instabilité régionale.
Israël est devenu vendredi le premier pays au monde à reconnaître le Somaliland comme État souverain.
Le Somaliland, qui ne bénéficie d’aucune reconnaissance officielle depuis sa déclaration d’indépendance de la Somalie en 1991, fonctionne de facto comme une entité administrative, politique et sécuritaire indépendante. Le gouvernement central somalien n’y exerce pas son autorité, tandis que les dirigeants locaux n’ont pas obtenu de reconnaissance internationale.
Le gouvernement somalien refuse de reconnaître le Somaliland comme État indépendant, le considère comme une partie intégrante de son territoire et estime que tout accord ou engagement direct avec cette région constitue une violation de la souveraineté et de l’unité de la Somalie.
*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir
