Des millions d'Africains menacés par un moustique asiatique vecteur du paludisme (étude)

Tunis
AA/Tunis
Des dizaines de millions d'Africains sont menacés par une espèce de moustique vecteur du paludisme originaire d’Asie et particulièrement adapté à l’environnement urbain, a avertit une étude publiée lundi, et relayée par des médias.
Sur le continent africain, l’un des moustiques principaux est Anopheles gambiae, surnommé l’animal le plus dangereux de la Terre, mais il n’aime pas les flaques d’eau polluées des villes et n’a pas appris à pondre ses larves dans les réservoirs urbains d’eau propre, rapporte le quotidien belge "la Libre" dans son édition Afrique.
Dans son étude publiée par la revue scientifique américaine Pnas, l’entomologiste médicale Marianne Sinka, chercheuse à l’université d’Oxford, cartographie l’expansion d’une autre espèce, l’anophèle stephensi, originaire d’Asie, et qui, elle, a appris à exploiter les réservoirs d’eau des villes, où elle se faufile par le moindre trou pour y déposer ses larves (surtout ceux en ciment et en briques), indique le même média.
Stephensi a provoqué un premier foyer à Djibouti en 2012, une ville où le paludisme n’existait quasiment plus, et a depuis été observé en Ethiopie, au Soudan et ailleurs, selon la même source.
Marianne Sinka a utilisé un modèle pour prédire les endroits d’Afrique où l’environnement était le plus adapté à l’introduction de ce moustique importé: des endroits à forte densité, où il fait chaud, et bien sûr avec des précipitations suffisantes.
L’étude conclut, ainsi, que 44 villes sont « hautement adaptées » à l’insecte, et que 126 millions d’Africains qui sont aujourd’hui épargnés sont à risque, principalement dans la région équatoriale, rapporte encore "la Libre".
« Les 40% de gens qui vivent dans des zones urbaines pourraient soudain être vulnérables et infectés par le paludisme, ce serait très grave », avertit la chercheuse.
S'agissant des moyens de protection contre cette espèce, la spécialiste précise que contrairement aux moustiques africains, qui aiment piquer les humains quand il fait plus frais donc pendant la nuit, stephensi aime piquer dès la soirée, quand il fait encore chaud d'où l'inefficacité des moustiquaires de lit et l'importance d'opter plutôt pour des moustiquaires aux fenêtres, d'imprégner les murs de produits insecticides, et de se couvrir le corps.
Mais la mesure la plus essentielle est de viser les larves et donc supprimer toute eau stagnante, ainsi que de bien fermer tout réservoir d’eau. C’est ce qui a fonctionné en Inde, précise Sinka.
Le paludisme est une maladie déclenchée par un parasite (Plasmodium falciparum ou vivax) transmis principalement par une quarantaine d’espèces de moustiques. Environ 400.000 personnes en sont mortes en 2018, principalement des enfants, surtout en Afrique, rappelle enfin le média belge.