Des milliers de familles fuient le Burundi à cause de la disette
Selon la FAO, plus de 350 000 Burundais ont fui leurs maisons depuis avril 2015; 90% ont trouvé refuge à l’extérieur du pays et les 10% restant ont été rassemblés à l’intérieur du pays.

Bujumbura
AA/Bujumbura/Juvénal Bigirimana
Des milliers de Burundais ont quitté le pays, durant les quatre derniers mois, à cause de la disette, en témoignent des déclarations des autorités locales et des rapports d'organisations internationales.
Une situation qui incombe aux pénuries alimentaires consécutives à la sécheresse qui frappe nombre de régions, notamment le nord du pays.
"Nous n'avons rien à manger car nous n’avons rien récolté, tous les champs ont séché. Certains préfèrent aller de l’autre côté de la frontière espérant trouver quoi se mettre sous la dent" , se lamente un paysan de Kirundo, une des provinces les plus touchées par la famine dans le nord du pays.
Désespoir et désolation sont palpables dans les propos des habitants de Kirundo où 5000 familles ont quitté le pays vers ceux voisins, notamment le Rwanda et la Tanzanie, avait annoncé le gouverneur de cette province, Melchior Nankwahomba, fin décembre dernier, sur les ondes de la radio nationale.
Tirant la sonnette d'alarme, le gouverneur de cette province a appelé les autorités et autres bailleurs de fonds internationaux à intervenir en urgence auprès des populations de Kirundo.
Nous ne pouvons rester les bras croisés alors que la disette menace des milliers de familles, a-t-il martelé évoquant des statistiques alarmantes.
Des pénuries frappent d’autres provinces comme Bubanza à l’Ouest et Karusi dans le Nord-est où la situation est également alarmante.
S'exprimant, récemment sur la radio nationale, le gouverneur de la province de Bubanza Tharcisse Niyongabo Iyongabo a indiqué que plus de trois milles familles sont menacées. « Ils ont besoin d’une assistance urgente car ils n’ont rien récolté dans des champs totalement arides à cause des changements climatiques", a-t-il précisé.
« Pourtant c’est une province qui, auparavant, récoltait beaucoup de céréales surtout le mais et le riz et pouvait même fournir d’autres provinces du pays », a-t-il rappelé.
De son côté Augustin Ntirandekura, responsable du site de déplacés de Muyange,à Bubanza, a indiqué que que quatre personnes sont mortes de faim pendant les deux dernières semaines du mois de janvier dernier.
La situation est beaucoup plus grave estiment pour leur part des Organisations internationales telle l'Organisation mondiale de l'Alimentation (FAO) qui révèle dans un rapport publié à la mi-novembre dernier que "plus d’un million de burundais sont dans une misère extrême et ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence".
Selon le même rapport cite par la Radio Publique africaine, Rumonge, Bujumbura, Muyinga, Kirundo et Makamba sont les provinces affectées par la famine.
Plusieurs personnes ont déjà quitté le pays par manque de nourriture, accentuée par la situation politico-sécuritaire du pays, note le même rapport qui indique que plus de 350.000 burundais ont fui leur ménages depuis avril 2015 et 90% ont trouvé refuge à l’extérieur du pays et les 10% restant ont été rassemblés à l’intérieur du pays.
Depuis le 3 Octobre 2016, le camp de Nduta en tanzanie a accueilli 14.785 réfugiés burundais, selon le FAO.
Pour le FAO, deux facteurs se cachent derrière cette situation d'une part la « situation politique qui a fait beaucoup d’exilés » causant un coup dur à l’agriculture burundaise et "Le manque de pluies dans les provinces touchées", d'autre part.
L'organisation évoque la décision du gouvernement tanzanien de suspendre tout échange alimentaire à la frontière burundo-tanzanienne comme un autre facteur qui a accrue la carence alimentaire au Burundi.
Le rapport de la FAO indique que plus de 350.000 burundais ont fui leur ménages depuis avril 2015 et 90% ont trouvé refuge à l’extérieur du pays et les 10% restant ont été rassemblés à l’intérieur du pays.
En réponse à cette situation alarmante, le Chef de l’Etat burundais Pierre Nkurunziza avait ordonné avant la fin de l’année 2016 à tous les gouverneurs de provinces, de collecter des aides en vivres auprès de la population pour venir en aide aux plus nécessiteux. Des dizaines de tonnes avaient alors été collectés et distribués mais sont restés insuffisants au vu de l’ampleur de la situation.
Ainsi un plan de contingence humanitaire a été instauré par le gouvernement en collaboration avec les agences des Nations unies œuvrant au Burundi.
Suzanne Ngo-Mandong, représentante du Fond des Nations Unies pour la population UNFPA au Burundi a indiqué que « au moins trois million de Burundais ont besoin d’une assistance humanitaire, mais un million d’entre eux ont besoin d’une aide d’urgence. Ceci signifie qu’un quart de la population burundaise a besoin d’une assistance alimentaire ».
S'exprimant en conférence de presse, fin décembre, la responsable a précisé que ce plan de contingence humanitaire nécessite pour sa mise en application un budget de 73.7 millions de dollars américains, a précisé Ngo-Mandong, lançant un appel à la communauté internationale à soutenir ce plan.
Le programme alimentaire mondiale (PAM) a déjà répondu à l’appel du gouvernement de venir en aide aux nécessiteux. Il a déjà procédé à la distribution d’aides en vivres dans certains coins surtout dans les provinces de Bubanza et Cibitoke à l’ouest du pays.