Afrique

Côte d'Ivoire: la Cayenne lisse perd du terrain face à l'ananas parfumé costaricain

-La filière ivoirienne d’ananas, l’une des plus dynamiques en Afrique de l’ouest, depuis plus de 60 ans, grâce à la « Cayenne lisse », fait face depuis à nombre de difficultés.

Nadia Chahed  | 24.05.2018 - Mıse À Jour : 25.05.2018
Côte d'Ivoire: la Cayenne lisse perd du terrain face à l'ananas parfumé costaricain

France

AA/Abidjan/Fulbert Yao

En Côte d'Ivoire, la filière ananas fait, depuis quelques années, face à une profonde crise provoquée, notamment par le manque de financement, le désintérêt des petit producteurs et surtout la concurrence de l'ananas du Costa Rica.

Avec une production annuelle située entre 250 et 270 mille tonnes dont quelque 230 mille tonnes exportés vers l'Europe, entre 2000 et 2004, la filière ananas s'est longtemps positionnée comme l'une des plus dynamiques et les plus porteuses de l'économie ivoirienne.

Fait qui a permis à la Côte d'Ivoire de se positionner premier pays africain et deuxième pays à l'échelle mondiale, exportateur d'ananas, après le Costa Rica, avec environ 39 % de part de marché au sein de l’Union européenne, d’après les chiffres officiels de l’Organisation centrale des producteurs et exportateurs d’ananas et de bananes de Côte d'Ivoire (OCAB).

Aujourd’hui les choses ont changé et la production a nettement baissé. Elloh Vosso, producteur et président du conseil d’administration de l'OCAB indique "qu'entre 2016 et 2017, la production annuelle d'ananas s'est située aux alentours de 30 mille tonnes dont 15 mille exportées vers le marché européen et 15 mille vendus sur le marché local, dont environ 5.000 tonnes destinées à la transformation agroalimentaire".

Ce recul enregistré depuis 2005 se poursuit encore aujourd'hui en l'absence de solutions idoines, selon des experts de la filière interrogés par Anadolu.

"La filière ananas a connu beaucoup de difficultés pendant et après la crise de 2002 et jusqu’après la crise post-électorale de 2011. Les exportations sont passées d'une moyenne de 230 mille tonnes à 15 mille ", , explique à Anadolu Pascal Djaté Kouamé, membre du Comité technique de l'OCAB .

Nombre de facteurs aussi bien internes qu'externes se cachent derrière ce recul de la filière. Il s'agit entre autres du rétrécissement des surfaces consacrées à cette culture, explique Vosso.

Ainsi les terres consacrées à la culture d'ananas sont-elles passées de 15.000 hectares avant la crise de 2002, à moins de 1.000 hectares actuellement, souligne l’expert.

Les crises politiques connues par le pays sont un autre facteur qui a provoqué ce recul de la production.

"Les crises successives et les coups d’Etat de 1999 et 2011 ont empêché les planteurs d'exporter leurs productions, fait qui a poussé un grand nombre d'entre eux à délaisser la filière", explique Elloh Vosso.

La concurrence véhiculée par l’ananas du Costa Rica est un autre facteur de taille qui a lourdement pesé sur la filière ivoirienne. En effet le Md2, un ananas plus parfumé et plus sucré mis au point à la fin des années 90 par la multinationale américaine Del Monte dans ses plantations du Costa Rica, a rapidement séduit les marchés, devançant largement la Cayenne lisse, la catégorie cultivée en Côte d’Ivoire.

Le Md2 est produit à raison de 70 tonnes par hectare, soit près de deux fois le rendement ivoirien à des coûts moins élevés, sans oublier que ce fruit est plus résistant au voyage explique le président de l'OCAB, regrettant que les producteurs ivoiriens n'aient pas pu suivre la vague et maîtriser la culture de cette catégorie trés appréciée sur le marché.

En vue de familiariser les agriculteurs ivoiriens à cette nouvelle variété, l’Etat a promis de leur distribuer des plants de Md2, mais cette promesse bute depuis des années sur un désaccord entre ceux qui prônent la distribution gratuite de plants et ceux qui estiment qu'il faut imposer un prix de vente abordable.

Les difficultés de l’ananas ivoirien sont aussi dues à la flambée des prix des intrants, mais également au manque de financement des petits producteurs. Beaucoup d'agriculteurs ont d’ailleurs décidé de se tourner vers d'autres cultures « plus porteuses et moins risquées comme l’hévéa…», déclare Abou Coulibaly (43 ans), agriculteur à Bonoua (sud), l’une des villes pionnières de la culture d’ananas.

En guise de solutions pour sortir la filière de la crise, Elloh Vosso évoque un soutien conséquent de la part de l’Etat, "la culture d'ananas nécessitant un investissement très lourd".

L'adoption de la variété Md2, pourrait selon lui redynamiser la filière marché.

S'exprimant au nom des agriculteurs, le président de la Commission des fruits tropicaux, Pascal Djaté Kouamé suggère d’associer le Centre national de recherche agronomique (CNRA), afin qu’il finalise la recherche sur la variété H4, une espèce hybride qui n’a pas besoin d’éthéphon (régulateur de croissance des plantes).




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