AA/Abidjan/Fulbert Yao

En Côte d’Ivoire, les trois principales organisations syndicales de la filière Cacao annoncent une "grève illimitée" à partir de lundi 18 janvier pour dénoncer le blocage des stocks et le laxisme du gouvernement, a appris Anadolu jeudi d'une source syndicale.

Il s’agit du Syndicat national agricole pour le progrès en Côte d’Ivoire (SYNAPCI), de l’Association nationale des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire (ANAPROCI) et du Syndicat national des exploitants agricoles de Côte d’Ivoire (SYNEAGRI-CI).

Joint au téléphone jeudi, Koné Moussa, président du SYNAPCI déplore le blocage de la commercialisation de leurs produits depuis le 17 novembre 2020 dans les différents ports, sans que le gouvernement ne trouve de solutions.

Depuis le début de la saison le 1er octobre, le conseil café cacao, l’organe régulateur a écoulé des contrats relatifs à un volume compris entre 15 000 et 20 000 tonnes de cacao contre un stock compris entre 50 000 et 70 000 tonnes à la même période de la saison précédente.

Ces difficultés dans la commercialisation extérieure s’expliquent surtout par le ralentissement des activités de l’industrie mondiale de la transformation à cause des conséquences du coronavirus. ce qui constitue un énorme préjudice aux producteurs.

Pour Koné Moussa, les producteurs ne souhaitent pas subir le même préjudice qu’en 2016-2017, invitant le gouvernement à assumer ses responsabilités.

« Lors du blocage 2016-2017, le gouvernement nous a fait comprendre que c’est par manque de bateaux que le cacao n’arrivait pas à être écoulé. Face à la situation, le prix bord champ du cacao fixé à 1000 FCFA (1,85 dollars) a été acheté à 700 F (1?30 dollars). Nous avons revendiqué les 300 FCFA de perte. Le gouvernement a promis de rembourser. Mais 6 ans après, il ne l’a pas encore fait. pire, il nous a brandi une ordonnance prise par la présidence de la République indiquant qu’en cas de sinistre, le gouvernement ne peut dédommager que les exportateurs et les transformateurs. Cette année, la situation est encore bloquée. Le gouvernement ne fait rien et il va encore prendre notre argent pour récompenser les exportateurs et les transformateurs. C’est inadmissible », a encore déploré Koné Moussa.

Les producteurs regroupés au sein de ces faîtières souhaitent que le gouvernement se prononce sur la situation de blocage de la commercialisation. Ils souhaitent le paiement des arriérés du report de stock de la campagne 2016-2017, suite à la mévente du café-cacao sur le marché mondial, estimé à 1,6 milliards FCFA.

Les organisations dénoncent également « un appui clanique de certaines Organisations Professionnelles Agricoles par le Conseil café-cacao en violation des dispositions fixant les règles relatives à la commercialisation du café-cacao et à la régulation de la filière ».

La Côte d’Ivoire est le premier pays producteur de fève de cacao dans le monde avec une production moyenne annuelle de 1.200.000 tonnes, soit 41 % de l'offre mondiale.

Le pays vend par anticipation 70 à 80 % de sa récolte globale afin de fixer le prix minimum aux producteurs au début des campagnes principale et intermédiaire.