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Crise dans l’Est de la RDC: 7 000 morts depuis janvier, selon la première ministre congolaise

- Judith Suminwa Tuluka a souligné que le bilan des victimes à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, s'élève à plus de 3 000 morts, dont de nombreux civils

Majdi Ismail  | 27.02.2025 - Mıse À Jour : 27.02.2025
Crise dans l’Est de la RDC: 7 000 morts depuis janvier, selon la première ministre congolaise

Congo, The Democratic Republic of the

AA / Kinshasa / Beyza Binnur Donmez

Le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a coûté la vie à plus de 7000 personnes depuis janvier, pour une part importante des civils, a déclaré lundi la première ministre congolaise, Judith Suminwa Tuluka.

S'exprimant lors d'une conférence de presse avec l'Association des correspondants accrédités auprès des Nations unies (ACANU) à Genève, Judith Suminwa Tuluka, a précisé que ce chiffre inclut toutes les zones touchées récemment par le conflit.

Suminwa Tuluka a souligné que le bilan des victimes à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, s'élève à plus de 3 000 personnes, dont de nombreux civils.

À la question de savoir si elle était d'accord avec les déclarations du secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, à l’ouverture de la 58ème session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, la première ministre congolaise a répondu qu'elle l'était ‘’pleinement’’.

Plus tôt lundi, Antonio Guterres avait averti dans son discours que la récente offensive du M23, soutenue par les Forces de défense rwandaises, avait provoqué un ‘’tourbillon meurtrier de violence et d’horribles violations des droits de l’homme’’ au Congo.

‘’À mesure que de nouvelles villes tombent, le risque d’une guerre régionale augmente. Il est temps de faire taire les armes ; ‘’Il est temps de recourir à la diplomatie et au dialogue’’’’, a-t-il déclaré.

Judith Suminwa Tuluka a fait observer que la RDC est entourée géographiquement par neuf pays et que toute préoccupation relative à la paix dans le pays peut affecter tous ces pays voisins.

‘’Ce dont nous avons d’abord besoin, c’est d’un cessez-le-feu et d’un retrait des troupes’’, a-t-elle insisté.

En réponse à une question sur un éventuel rôle des États-Unis en tant que pacificateur et sur la position de Kinshasa vis à vis d'une telle médiation de Washington, Judith Suminwa Tuluka a déclaré : ‘’Je ne pense pas que ce serait une mauvaise chose’’.

La première ministre congolaise a fait allusion aux dernières sanctions imposées par Washington à Kigali, déclarant que Kinshasa considère cela comme une ‘’aide’’.

Les États-Unis avaient annoncé, jeudi dernier, des sanctions contre le ministre rwandais chargé de l’intégration régionale, James Kabarebe, ainsi que contre Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23. Tous deux sont accusés d'être impliqués dans la violence et les violations des droits de l'homme dans l'est de la RDC.

Sanctions jugées ‘’injustifiées’’ et ‘’infondées’’ par Kigali qui estime que ces mesures ne peuvent permettre la résolution du conflit dans l’est de la RDC.

Les Etats-Unis ont également appelé Kigali à mettre fin à son soutien au M23 et à retirer ses troupes du territoire congolais, tout en insistant sur un retour à la table des négociations dans le cadre du processus de Luanda, dirigé par l'Angola, afin de résoudre le conflit.

Kinshasa accuse depuis longtemps le Rwanda de soutenir le M23 et de déployer des troupes dans l'est du Congo pour appuyer les rebelles, des allégations que Kigali a démenties à plusieurs reprises.

Les insurgés du Mouvement du 23 Mars (M23) ont pris le contrôle des villes stratégiques de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, et Bukavu capitale provinciale du Sud-Kivu, après une offensive éclair dans l’est de la RDC.

Au moins 3 000 personnes, dont des soldats de la paix, ont été tuées et des milliers d’autres déplacées en raison des combats autour de Goma.

Les rebelles progresseraient désormais vers Uvira, une ville située à moins de 30 km de la capitale économique du Burundi, Bujumbura.

Le Mouvement du 23 Mars a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe ‘’terroriste’’ et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.

Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.

*Traduit de l'anglais par Majdi Ismail


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