Covid-19 en Afrique : quelles solutions pour éviter une nouvelle flambée des contaminations ?
- Les nouveaux cas de covid-19 sur le continent repartent à la hausse, ce qui est source d’inquiétude pour l’OMS.

Togo
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La montée inquiétante de nombre de cas du Covid-19 en Afrique, notamment dans la partie australe, inquiète l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
L’organisation onusienne en charge de la santé tire de nouveau la sonnette d’alarme au moment où, au plan mondial, le deuxième sommet sur le virus, tenu virtuellement le 12 mai courant, engage la réflexion pour mieux « faire face aux futures menaces sanitaires ».
D’après les chiffres publiés par l’organisation onusienne dans un communiqué à cette occasion, la sous-région de l’Afrique australe a enregistré 46 271 cas au cours de la semaine se terminant le 8 mai 2022, soit une augmentation de 32 % par rapport à la semaine précédente.
Ce qui est en grande partie dû à un pic en Afrique du Sud, où les cas hebdomadaires enregistrés ont quadruplé au cours des trois dernières semaines.
Comment l'Afrique pourra alors éviter une nouvelle flambée des contaminations? L'Agence Anadolu a donné la parole à des experts afin d'identifier les meilleures solutions de lutte contre la pandémie Covid-19.
Redoubler de vigilance, renforcer la surveillance
Au fait, les pays africains ont considérablement amélioré la riposte à la COVID-19, dès les premières apparitions du virus sur le contient, en renforçant des aspects essentiels tels que la surveillance, le dépistage et le traitement.
« Il est essentiel que ces mesures soient maintenues et rapidement renforcées si les cas de COVID-19 augmentent encore et dans de nombreux pays » alerte l’OMS.
« Nous avons jusqu'à présent, lutté contre la covid-19 comme une communauté et nous devons continuer la surveillance et les mesures de santé publique telles que les mesures barrières et dans la mesure du possible, se faire vacciner. Et quand il n'est pas possible de vacciner tout le monde, de vacciner au moins les plus vulnérables » a indiqué au micro de l'Agence Anadolu, Dr Abdou Salam Gueye, directeur pour les Urgences Sanitaires du bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
Un avis que partage Prof. Didier Ekouevi, épidémiologiste togolais, enseignant chercheur à l’université de Lomé et coordinateur général des projets et études du Centre Africain de Recherche en Épidémiologie et en Santé Publique (CARESP) basé au Togo.
Interrogé par l'Agence Anadolu, il affirme que ce réveil pourra permettre d’« éviter qu’une nouvelle vague de contamination vienne anéantir les efforts » déployés par les différents acteurs en vue d’une véritable relance post-Covid.
« Le virus circule encore beaucoup et nous devons travailler à surveiller attentivement sa circulation sur le continent. Il faut définitivement se mettre à l’idée qu’on n’a pas encore vaincu le Covid-19. Ce message doit être connu de tous. Nous devons continuer par le diffuser auprès de la population », affirme-t-il.
Pour le chercheur togolais, il est impératif que l’on trouve une alternative au contexte de relâchement actuel des populations sur le continent.
Ce relâchement que l’on constate, a-t-il expliqué, « ne peut qu’être défavorable à la lutte que nous menons tous pour maîtriser la pandémie ».
Des médicaments plus simples pour suppléer la vaccination
Au-delà, Prof. Didier Ekouévi, a sa propre théorie pour permettre à l’Afrique de sortir du cycle infernal de cette pandémie.
L’universitaire togolais soutient dans un premier temps, qu’il est urgent de « prendre des mesures pour renforcer la stratégie actuelle du continent par la recherche scientifique » afin de proposer, par exemple, de nouveaux traitements à ceux qui sont encore réticents à la vaccination contre le SARS-CoV-2.
« Il faut continuer la recherche avec efficacité pour trouver des médicaments beaucoup plus simples à prendre contre le SARS-CoV-2. Surtout que dans le contexte africain, il y a une forte hésitation vaccinale, parce que les gens préfèrent probablement prendre des médicaments que de se faire vacciner » suggère-t-il.
Ensuite, poursuit-il, « il faut avoir en Afrique des agences capables d’anticiper suffisamment sur les épidémies pour qu’on ne se retrouve plus dans des situations pareilles à ce que nous a montré la Covid-19 ».
Enfin, sur le plan économique, politique et autres, conclu-t-il, « il faut que les dirigeants africains réfléchissent rapidement à des décisions qui permettent au continent de souffler un peu. En Afrique de l’ouest par exemple, il y a la question des frontières qu’il faut rouvrir ».
Pour rappel, plus de 518 millions de cas de Covid-19 ont été recensés dans le monde entier depuis le début de la pandémie, avec plus de 6,25 millions de décès à la date du 11 mai 2022, selon le total des compilations régulièrement effectuées pays par pays par l’Organisation Mondiale de la Santé – OMS. Dans le lot, près de 12 millions de cas avec 253 000 décès imputés au nouveau coronavirus sont sur le continent africain.
Ces chiffres sur les pertes en vies humaines seraient sous évalués affirme depuis le 05 mais passé la même organisation. Les morts directement ou indirectement imputables à la Covid-19 seraient au plan mondial « d'environ 14,9 millions (soit une fourchette de 13,3 à 16,6 millions », contre « 1,24 million au plan africain », soit plus de cinq fois ce que tous les répertoriés montraient sur la même période.
« Les estimations africaines ont été présentées sans que nous ayons pu avoir toutes les données nécessaires. Seuls cinq pays ont pu fournir des données consolidées, 42 n’en ont pas suffisamment et quelques-uns pas du tout. Nous sommes donc face à une véritable difficulté de modélisation » a indiqué William Msemburi, analyste à l’OMS cité par le monde.
Cela signifie, que la lutte contre la pandémie en Afrique, ne dépend pas uniquement de la volonté de ses dirigeants et des dispositifs anti-Covid déployés, mais aussi de moyens structurels tels que les ressources humaines et institutionnelles ainsi que des infrastructures de distribution et de recensement...