
Abidjan
AA/Abidjan/ Fulbert Yao
La situation semble s'être apaisée ce mardi matin, à Abidjan, à Bouaké (Centre), ainsi que dans l'ensemble du territoire ivoirien, au lendemain de l’annonce par le ministre de la Défense, Alain-Richard Donwahi, d’un «accord» avec les soldats mutins qui réclamaient des primes depuis jeudi, a constaté le correspondant d'Anadolu et rapporté des témoins oculaires.
A Abidjan, les barrages dressés devant les camps militaires d’Akouédo, de Gallieni et au ministère de la Défense ont été levés. Les banques, les commerces ainsi que les administrations qui avaient fermé leurs portes au cours des derniers jours, ont rouvert, et les populations vaquent à leurs occupations ordinaires, a-t-on constaté.
Joint par téléphone, un soldat mutin du camp d’Akouédo (Abidjan), a également confirmé le retour au calme dans les casernes. «Tout est calme, il n y a rien aujourd’hui », a-t-il assuré à Anadolu.
Lundi soir, dans une déclaration lue à la télévision publique, le ministre ivoirien auprès du président de la République, chargé de la Défense Alain Richard Donwahi, a annoncé « un accord » de sortie de crise avec les mutins, les invitant à rejoindre les casernes.
«Nous n’avons pas les contenus de l’accord. Mais on nous a dit qu’un accord a été trouvé. Je pense que si tout est calme, nous sommes pratiquement d’accord avec ce qu’ils ont dit», a poursuivi le soldat, joint par le correspondant d'Anadolu à Abidjan.
«Nous faisons confiance à nos autorités. Ils ne peuvent plus s’amuser à ne pas nous payer. La population doit comprendre qu’il y a eu un accord et puis après on n'a rien compris. C’est ce qui a fait que nous étions fâchés. La population ivoirienne est très mûre et elle doit comprendre cela », a-t-il justifié.
Selon des sources concordantes, les soldats auraient, en vertu de l'accord conclu, reçu l’assurance du paiement à chaque soldat de « 5 millions de F CFA (8400 dollars), dans l'immédiat et de 2 millions (3380 dollars) en juin». Mais cette information n’est pas encore confirmée par le gouvernement.
A Bouaké, d’où est partie la mutinerie, les barricades érigées au niveau des corridors depuis 5 jours, empêchant toute entrée et sortie de la ville ont aussi été levées ce mardi matin, selon des témoins oculaires joints par téléphone.
Dans cette même ville, aucun tir n’a été entendu depuis mardi matin. Les mutins sont très discrets et l’on observe plus de monde dans les rues, a rapporté François Alain, un habitant de la ville.
« On a trouvé un terrain d’entente. Nous rentrons dans nos casernes. La mutinerie est terminée. Nous sommes en train d’expliquer à nos camarades les modalités de sortie de crise proposées par le gouvernement. Il s’agit pour nous de sensibiliser nos camarades quant à ce contenu, car notre objectif n’est pas de fatiguer le président Alassane Ouattara. Nous allons l’accompagner dans sa mission», a annoncé le sergent Cissé Fousseni, l’un des porte-paroles des mutins du Contingent 8400, devant la presse à Bouaké.
À Korhogo (Nord), "les commissariats ont repris du service et les populations vaquent à leurs occupations. Les corridors sont rouverts et les douaniers qui avaient laissé les postes frontaliers avec le Mali et le Burkina Faso aux mains des militaires, sont à nouveau à leur poste", a signifié Touré Adama, un habitant de la ville située à 635 Km au Nord de la capitale économique Abidjan.
Cette nouvelle mutinerie d'envergure fait suite à la déclaration faite, jeudi, par un collectif de soldats disant renoncer aux primes militaires promises par les autorités, en janvier dernier.
Les mutins qui avaient, dans un premier temps, ébranlé le pays en janvier, sont des soldats issus de l’ex-rébellion des "Forces nouvelles" ayant intégré les Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Les Forces nouvelles de Côte d'Ivoire (FNCI) étaient une coalition de mouvements rebelles qui contrôlaient principalement la partie nord de la Côte d'Ivoire entre 2002 et 2007.