Afrique

Coronavirus : Immersion ramadanesque dans la ruche du SAMU de Tunis (Reportage)

Mona Saanouni  | 06.05.2020 - Mıse À Jour : 07.05.2020
Coronavirus : Immersion ramadanesque dans la ruche du SAMU de Tunis (Reportage)

Tunisia

AA / Tunis / Alaa Hammoudi

Dans une première salle du Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) de Tunis, les sonneries des téléphones ne s’arrêtent jamais. Des appels successifs sur le numéro vert 190 réservé aux demandes d’éclaircissements et aux interrogations au sujet du Covid-19.

Les personnes qui appellent le SAMU (service d’urgence relevant du ministère de la Santé) sont généralement des patients ou un des membres de leurs familles qui ont été contaminés par le virus.

D’autres par contre appellent pur réclamer une intervention d’urgence au sujet de plusieurs incidents et une troisième catégorie appelle pour s’enquérir des modalités de prise de rendez-vous dans les cliniques du service public de santé. .

Une quatrième frange d’appelants est composée de « prétendus rigolos » qui par leurs appels ne font qu’altérer la concentration du personnel du SAMU.

Les agents qui reçoivent les appels sont des volontaires parmi les médecins qui rejoignent ce service en dehors de leurs horaires de travail, ainsi que des étudiants en médecine. Leur mission principale consiste à diagnostiquer l’état des malades et à déterminer le degré de gravité de leur cas pour décider ou non de dépêcher une ambulance, médicalement équipée, dotée de respirateurs artificiels pour sauver la vie des malades avant de les transférer aux hôpitaux les plus proches.

Une deuxième salle du SAMU abrite l’Unité de gestion des crises. Dans cette salle, des médecins de différentes spécialités et des superviseurs prennent, rapidement, les décisions, et orientent les cas en rassurant les patients, quant à la non-gravité de leur état, ou en attendant l’arrivée imminente d’une ambulance.

** Intervention rapide

Docteure Saida Zelfeni, professeur en médecine d’urgence, a déclaré à Anadolu Agency que « la mission classique du Service, qui couvre les gouvernorats du Nord (Le Grand-Tunis, Nabeul, Zaghouan, et Bizerte) consiste à intervenir en urgence afin de répondre aux appels des personnes qui souffrent d’un malaise nécessitant une intervention rapide ».

Et Dre Zelfeni de poursuivre : « Le Service dispose d’ambulances équipées à l’instar d’un lit de réanimation au sein d’un hôpital, ce qui en fait une ambulance de réanimation mobile, avant de transporter le malade à un établissement hospitalier ».

Le médecin ajoute que « le travail au temps de la pandémie (Covid-19) qui a touché quasiment tous les pays de la planète, s’est transformé en une réponse aux appels des personnes qui se doutent de porter les symptômes du Covid-19 ».

L’image contient peut-être : une personne ou plus

La nature du travail, a-t-elle poursuivi, consiste à « se déplacer au domicile des patients pour procéder aux analyses nécessaires ou pour intervenir afin de transporter les personnes qui auraient contracté le virus en cas de détérioration de leur état de santé, et les placer aux établissements hospitaliers où il serait plus adéquat de surveiller l’évolution de leur état ».

Le travail au sein du SAMU ne s’arrête point et se poursuit tout au long des 24 heures et durant toute la semaine. Les volontaires s’alternent, toutes les huit heures, afin de recevoir les appels.

Quant au cadre médical et paramédical, il assure des vacations de 12 à 24 heures sans arrêt, ce qui rend ce service assimilable à une ruche d’abeille qui ne se lasse pas d’accomplir sa tâche avec une rigueur qui frôle la perfection.

** La Fête du Travail et le Ramadan

Anadolu Agency s’est infiltrée dans les rangs du SAMU, pendant une journée tout entière, une journée qui correspond au 1er mai, un jour férié pour célébrer la Fête du Travail.

Cette Journée a été doublement particulière dès lors qu’elle est concomitante avec le confinement imposé dans le pays à cause de la pandémie et durant le mois du Ramadan, passée loin de la famille.
L’ensemble de ces particularités et détails n’ont pas entravé le déroulement du travail au sein de la ruche de lutte contre le Covid-19.

L’image contient peut-être : 3 personnes, personnes assises, table et intérieurUne quarantaine de personnes qui composent l’équipe du SAMU travaillent sans relâche tout en arborant un sourire permanent, une image qui reflète l’espoir qu’ils caressent pour sortir de la crise.

Au son de l’Appel à la prière du Coucher du soleil (Maghrib), tout le personnel s’est tenu en file indienne, pour rompre le jeûne en mangeant une datte et en buvant un verre de petit lait, au terme d’une journée de jeûne éreintante pour certains.

Dans une autre pièce, assez spacieuse, une grande table trône au milieu, sur laquelle chacun a mis ce qu’il désire manger, avant de prendre sa place autour du « banquet ».

Certains se sont contentés d’un bol de soupe avant de regagner la salle de réception des appels pour répondre aux appels et gagner des instants précieux qui pourraient s’avérer décisifs et salvateurs pour des personnes atteintes du virus.

Moins de dix minutes plus tard, tout le SAMU devait réagir à un appel réclamant une intervention urgente ; une personne ayant appelé et qualifié l’état de son père de « délicat ».

Des symptômes d’asphyxie ou des difficultés respiratoires, doublés d’une température élevée…Après un examen rapide des données du cas, sujet de l’appel, le staff médical décide de se déplacer, sans tarder et sans la moindre hésitation, à la maison du malade potentiel du Covid-19.

Quatre membres du staff (deux infirmières, un médecin et un ambulancier) se préparent en portant une combinaison protectrice, de la tête aux pieds.

Chacun d'eux aide l'autre à obturer toute partie exposée à l’air, tout en s’assurant de la disponibilité de tous les équipements à l’intérieur de l’ambulance, chose qui n’a pas pris plus de deux minutes, avant que l’ambulance ne démarre en trombe précédée du son strident de ses sirènes.

** Une ambiance familiale

Mehdi Trimech, un étudiant à la faculté de médecine de Tunis qui s‘est porté volontaire pour recevoir les appels au SAMU, a déclaré à Anadolu Agency que « les appels téléphoniques durant la période écoulée se sont multipliés de manière notoire. Les appels reçus ont décuplé par rapport à la cadence ordinaire ».


L’image contient peut-être : 4 personnesLe SAMU disposait, auparavant de six lignes groupées, qui ont été portées à 60, sur décision du ministère de la Santé.

Et Mehdi d’ajouter : « L’ambiance au sein du Service est familiale et des plus cordiales. Tout un chacun se donne à fond pour accomplir son devoir ».

La plupart des personnes qui appellent, a-t-il encore dit, « ont réellement besoin d’une consultation médicale ou d’une intervention rapide des services de réanimation, chose qui est satisfaite en vérifiant les données avant de les soumettre à l’Unité de gestion des crises, qui prend la décision adéquate ».

Le travail au sein du SAMU se poursuit, donc, à un rythme effréné. A chaque appel téléphonique, les infirmiers et les médecins, en alerte maximale, s’apprêtent à quitter la salle et à rejoindre l’ambulance pour se diriger aux domiciles des personnes malades, chose qui se répète tous les quarts d’heure environ.

Une scène digne d’une ruche d’abeilles organisée et rodée qui travaille sans relâche et qui s’investit avec dévouement.

Au soir du mardi, la Tunisie déplore 43 décès sur les 1022 cas confirmés. 406 patients ont par ailleurs guéri.

Par ailleurs, le bilan des contaminations s’élève au matin du mercredi à 3 millions 728 mille cas, avec 258 mille décès et plus d’un million 245 mille rétablissements, selon le site worldometer spécialisé dans l’observation des bilans de la pandémie.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın