Congo: Rachel, ou lorsqu'un plat populaire, Saka-saka, inspire l'entreprise (Portrait)
Une congolaise à la fleur d'âge a transformé un plat populaire, le Saka-saka, en start-up et s'apprête à conquérir des marchés extérieurs...

Congo
AA/Brazzaville/Rosie Tshanda
Elle n'a que vingt ans, mais elle déborde d'énergie et d'idées, la jeune congolaise Rachel Kombela, pourtant diplômée en électrotechnique, s'est lancée comme défi d'exploiter et d'industrialiser le Saka-saka, denrée très prisée au Congo et en Afrique centrale.
Sous le label Richel Food, Rachel Kombela, lauréate du challenge startupper, organisé en 2016 par une compagnie de distribution pétrolière, a monté une usine de conditionnement des feuilles de manioc et autres produits agro-alimentaires, dont l’objectif principal consiste à mettre un terme à la pénibilité encourue par les ménagères, en leur permettant de gagner du temps dans la cuisine.
Fréquemment consommées par les Congolais, les feuilles de manioc dit Saka-saka passent par un long processus de préparation avant d'être emballées et mises sur le marché. Avec une équipe composée d’une douzaine de personnes, Rachel assure la production depuis la cueillette jusqu'à la distribution, en passant par le tri, le nettoyage, le broyage, la pré-cuisson et le conditionnement du produit final dans des emballages appropriés et estampillés : "Richel Food".
Après l’euphorie du lancement de sa start-up, Rachel Kombela, rencontrée par Anadolu, affirme avoir appris beaucoup de choses négatives et positives au cours de son expérience. Cela lui permet, aujourd’hui, dit-elle, de repartir vers de nouvelles perspectives.
Difficultés surmontées
« Ce n’est pas facile d’être jeune entrepreneur au Congo et même en Afrique, d’ailleurs", confie-t-elle à Anadolu.
"Il y a beaucoup de choses à repenser dans notre système. Il manque, d'abord, l'accompagnement sur le plan entrepreneurial. Ensuite, au niveau du marché, les grandes surfaces n’acceptent pas de revendre nos produits faute de certification. Mon souhait serait de voir le gouvernement adopter des lois obligeant les grandes surfaces à consacrer un espace aux produits locaux non certifiés. La certification des produits coûte extrêmement chère » ajoute Rachel.
La vente de ces produits dans les grandes surfaces du Congo, particulièrement à Brazzaville et à Pointe-Noire est quasi-impossible, sinon difficile, à cause de ce manque de certification, un handicap au niveau de la distribution de ces produits.
En outre, « Le marché de consommation est fermé aux produits locaux. Les autorités devraient mettre sur pied des mécanismes et des stratégies pour, non seulement promouvoir la consommation des produits locaux, mais aussi permettre réellement aux jeunes d’avoir un esprit entrepreneurial fort », déclare Rachel Kombela.
Sur les réseaux sociaux, certains consommateurs de la diaspora congolaise ayant déjà goûté au saka-saka de "Richel Food", n’ont pas manqué d’encourager la promotrice. Des produits que l’on peut facilement retrouver dans toutes les surfaces des stations services du groupe l'ayant financièrement soutenue dans le lancement de son projet.
Cette start-up de transformation agroalimentaire dont les feuilles de manioc ou saka-saka constituent le produit de base, compte désormais étendre ses activités à d’autres produits et denrées locales comme les tubercules de manioc, le piment, les arachides décortiqués, les maïs, l’oseille, tout en respectant les normes internationales en matière decertification.
Unique en son genre à Brazzaville, capitale du Congo, "Richel Food" entend positionner son produit sur l’étendue du territoire national avant de se lancer à la
conquête des marchés potentiels dans les pays voisins.