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Congo-Brazzaville : Au marché du «Oui» de Pointe-Noire, l’insalubrité étouffe les habitants

Une odeur nauséabonde émane de ce marché qui se situe dans une zone résidentielle et qui brasse quelques 20 mille personnes chaque semaine

Slim Jerbia  | 14.06.2017 - Mıse À Jour : 15.06.2017
Congo-Brazzaville : Au marché du «Oui» de Pointe-Noire, l’insalubrité étouffe les habitants

Brazzaville

AA/Pointe-Noire (Brazzaville)/Rosie Tshanda

En plein cœur du quartier résidentiel de l’OCH, au grand marché du « Oui » à Pointe-Noire, capitale économique du Congo-Brazaville, une odeur nauséabonde émane des étalages.

Ici, vendeurs et vendeuses étalent leurs marchandises à même le sol. Des immondices s’entassent aux quatre coins du marché. Et les rares bacs à poubelles sont remplis d’ordures depuis des semaines.

Les caniveaux autour sont bouchés, répandant leurs eaux sales que les clients piétinent.

L’insalubrité de ce marché et de ses alentours, est devenue telle que marchands, acheteurs mais surtout résidents du quartier se plaignent chaque jour de la dégradation de l’air qu’ils respirent.

«Ici, c’est une zone résidentielle. Avant l’installation de ce marché, nous étions bien. L’espace aujourd’hui envahi par les marchandises était, il y a quelques années encore, un terrain de football et de loisir pour les enfants. Nous étions réellement bien dans ce quartier », déclare à Anadolu Rodrigue Mouboungoulou, résident du quartier OCH, qui avoue ne « plus supporter l’odeur ».

Deux établissements à savoir le CEG Kwame Nkrumah et le Lycée technique commercial de l’Och jouxtent ce marché. Le rythme des cours est sérieusement perturbé au sein de ces écoles en raison des odeurs nauséabondes qui dérangent les élèves.

Sous couvert de l’anonymat, un élève a déclaré à Anadolu se plaint. « L’étude qui a précédé l’installation de ce marché a été très mal faite, car l’on ne peut faire cohabiter un marché et des écoles, et le tout, dans une zone résidentielle réputée comme l’OCH », dit-il.

Une situation sur laquelle les responsables de ces écoles n’ont cessé d’attirer l’attention des autorités municipales sans succès.

« Il faut peut-être que les autorités viennent passer une journée entière ici, durant les heures de cours pour mieux comprendre nos difficultés à travailler et découvrir ce à quoi les élèves sont exposés à longueur de journées, à savoir les odeurs et la nuisance sonore », estime pour sa part Charlie Okotaka, directeur des études au Lycée technique de l’OCH.

Adèle Ngami, vendeuse de poissons au marché dit du « oui » (en référence à la période référendaire d’Octobre 2015 en République du Congo. Ce referendum avait conduit au changement de la constitution du 20 Mars 2012 et favoriser ainsi le président Denis Sassou Nguesso à briguer un nouveau mandat), se plaint des conditions dans lesquelles elle travaille.

«Ici, les tables sont insuffisantes. C’est pourquoi plusieurs d’entre nous sont contraints de vendre à même le sol et ce même en saison pluvieuse. Evidemment, ça pose un problème d’hygiène. Pourtant, nous payons des taxes de nettoyage !», assure-t-elle.

Le marché du « oui », don octroyé en 2015 par Denis Christel Sassou Nguesso, fils du président, à la population de Pointe-Noire, qui avait vu à l’époque l’ancien marché central démoli, brasse, selon certaines estimations du Bureau local du marché, près de 20.000 personnes chaque semaine. Un chiffre pléthorique pour une cité qui a du mal à gérer ses ordures et autres déchets ménagers.

Et alors que la municipalité semble débordée, pour Bissé Mazouka, président du comité du marché, il n’y a pas de quoi s’inquiéter.

« Avez-vous déjà vu un marché que l’on ne nettoie pas ? En comparaison à certains autres marchés de la ville, nous sommes mieux lotis. Seulement, le rythme de ramassage de nos déchets est plus lent, mais nous ne cessons d’attirer l’attention de notre tutelle pour que les choses soient bien faites», assure-t-il.

Les autorités locales se sont refusées à tout commentaire de la situation.

De leurs côtés, les résidents du quartier OCH, les élèves des écoles avoisinantes, les marchands et les visiteurs de ce marché, prennent leur mal en patience.

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