Afrique

Chassé au Niger, Boko Haram se rabat sur le Tchad

- Le bilan s’élève à une trentaine de morts, dont dix-huit (18) civils au Tchad, un soldat et dix terroristes au Niger

Lassaad Ben Ahmed  | 22.07.2018 - Mıse À Jour : 23.07.2018
Chassé au Niger, Boko Haram se rabat sur le Tchad

Niger

AA / Niamey / Kané Illa

Chassés du Niger, les terroristes de Boko Haram se sont rabattus sur la rive tchadienne du Lac Tchad, tuant 18 personnes, ont rapporté dimanche, des médias locaux et africains.

Selon « Africanews », l’attaque a eu lieu dans la sous-préfecture tchadienne de Daboua, près des frontières avec le Niger, jeudi dernier vers 21 heures GMT.

Dix-huit personnes ont été égorgées et dix femmes enlevées, selon la même source.

Dans la même nuit, 10 membres de Boko Haram ont été tués dans la région de Diffa, au sud-est du Niger, a appris Anadolu du ministère nigérien de la Défense.

«Dans la nuit du jeudi 19 juillet, la position militaire de Baroua a été attaquée par le groupe terroriste Boko Haram. Le bilan provisoire est : côté ami, un militaire décédé et deux blessés, côté ennemi, dix terroristes tués suite à la réaction rigoureuse de nos forces», a annoncé samedi le ministère nigérien de la Défense.

La même source a précisé que des «opérations de ratissage» ont été engagées par les forces de défense et de sécurité nigérienne dans la zone.

La localité de Baroua est située dans la région de Diffa où les attaques de Boko Haram sont devenues permanentes depuis plus de trois ans.

Au début du mois de juin dernier, c’est au centre de la ville de Diffa que trois attentats-terroristes simultanés ont été perpétrés par deux femmes et un homme soupçonnés appartenir au groupe terroriste.

Selon un bilan officiel, ces attentats ont fait au moins 9 morts et 37 blessés.

Depuis le début de l'année 2015, la région de Diffa subit les attaques récurrentes du groupe terroriste Boko Haram basé dans le nord du Nigeria voisin.

Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), pour la seule année 2017, quelque 103 attaques attribuées à Boko Haram ont été enregistrées dans la région de Diffa, faisant 141 morts parmi les civils.

Depuis le début de l’année en cours, plusieurs autres attaques attribuées à Boko Haram ont aussi été enregistrées dans la région de Diffa.

Le 17 janvier, une attaque avait visé un poste militaire dans la commune de Toumour.

Selon un bilan officiel, au moins 7 militaires ont été tués et 17 autres blessés.

L'état d'urgence, instauré dans la région de Diffa en février 2015, a, depuis, été renouvelé tous les trois mois.

Le Niger prend part aux côtés du Cameroun, du Nigéria et du Tchad à la force multinationale conjointe de lutte contre Boko Haram.

Cette recrudescence des attaques de Boko Haram, malgré toutes les mesures prises, ne manque pas de susciter des interrogations chez beaucoup d’observateurs et analystes des conflits armés.

Dans une analyse confiée à Anadolu, Ibrahim Manzo Diallo, journaliste nigérien spécialisé sur les questions des conflits armés, explique que «la guerre contre Boko Haram ne se gagnera pas uniquement par les armes».

Il estime que les membres de cette organisation ont une «conviction idéologique très forte» qu’ils vont continuer à résister contre les armées des différents pays.

Le journaliste pense aussi que Boko Haram profite du terrain de la zone du bassin du Lac Tchad avec ses «forets clairsemées et ses marécages inaccessibles aux véhicules de l’armée nigérienne».

Selon Ibrahim Manzo Diallo, jusqu’en octobre, qui marque la fin des pluies au Niger, «les attaques vont s’intensifier car Boko Haram va adopter une attitude de guérilla qui va dérouter les forces de défense et de sécurité qui agissent en groupe et qui seront, donc, lentes dans l’action».

Contacté par Anadolu, un membre des forces de défense et de sécurité nigériennes, qui a requis l’anonymat, soutient que «la complicité de certaines populations civiles, qui ne fournissent pas de renseignements à l’armée, explique aussi la persistance des attaques de Boko Haram dans la région de Diffa».

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