Centrafrique : MSF suspend ses activités dans certaines régions
- En raison des attaques incessantes

Cameroon
AA/ Peter Kum
L’ONG humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a décidé de suspendre ses activités dans certaines régions de la Centrafrique suite aux attaques incessantes contre les patients, le personnel de santé et les établissements médicaux dans le pays.
« La résurgence du conflit en RCA depuis décembre et jusqu’aujourd’hui a fait payer un lourd tribut à la population civile et aux services médicaux. Ceci nous a obligés à suspendre nos activités dans certaines régions de la RCA », a déclaré à l’Agence Anadolu Rhian Gastineau, chef de mission MSF.
« Nous sommes très préoccupés par les attaques répétées contre les patients, les agents de santé et les établissements médicaux », a-t-il souligné.
D’après ce responsable de MSF en Centrafrique, au premier semestre de l'année en cours, ses équipes ont vu des dizaines d'établissements de santé saccagés, endommagés et occupés par des hommes armés.
« Les agents de santé communautaires dans les zones rurales ont été menacés et agressés. Tandis que des motards livrant des médicaments essentiels ou transportant des patients ont été attaqués, blessés et volés sous la menace d'une arme », a-t-il mentionné.
Ces actes de violence sont généralement attribués par les belligérants à des éléments incontrôlés de divers groupes armés en RCA.
Selon MSF, les faits se sont déroulés dans plusieurs régions, notamment, la Ouaka, l’Ouham-Pendé, l’Ouham-Fafa, l’Ombella-Mpoko, la Nana Mambéré et même à Bangui.
« C’est une décision difficile que nous avons prise, mais c’est par rapport à l’insécurité surtout sur les axes là où on mène les cliniques mobiles, là où il y a les activités de supervision, les activités de vaccination, on a dû suspendre toutes ces activités pour les raisons de sécurité», a expliqué à AA Fidèle Ngombou, Chef de mission support MSF en RCA.
MSF a été attaquée plusieurs fois en Centrafrique. Et avait déjà attiré l’attention des autorités centrafricaines en 2020 à propos de l’insécurité à laquelle elle fait face sur le terrain.
Fin juin dernier, une femme a été tuée et trois personnes blessées dans une attaque d'un convoi de Médecins sans frontières par des hommes armés. Celui-ci transportait des blessés dans le nord de la Centrafrique, avait annoncé le 26 juin l'ONG dans un communiqué.
« Deux pilotes de motos embauchés par MSF ont été pris dans une embuscade par des hommes armés en Centrafrique alors qu'ils transportaient des blessés à Batangafo », une ville à 380 km au nord de la capitale Bangui, avait écrit MSF.
Deux autres attaques avaient eu lieu à proximité, le même mois, tandis que des attaques similaires ont eu lieu près de Bossangoa et Bria.
À la suite de ces incidents, MSF a dû suspendre temporairement et à plusieurs reprises ses activités médicales dans certaines localités, incluant l’offre de soins vitaux, le fournissement de médicaments, la supervision du personnel du centre de santé et le transport de patients.
« La suspension et la réduction des activités de sensibilisation médicale dans de nombreuses régions où nous travaillons est très préoccupante, en particulier avec la saison des pluies en cours, lorsque les cas de paludisme et d’autres maladies potentiellement mortelles atteignent leur pic », s’inquiète Gastineau.
L’organisation humanitaire exhorte le gouvernement centrafricain et toutes les parties au conflit à respecter la neutralité des établissements de santé et à permettre aux populations d’accéder à l’aide médicale et humanitaire.
« Aujourd’hui plus que jamais, toutes les parties au conflit doivent renforcer le respect du droit international humanitaire, y compris la protection des civils et des installations médicales, des transports et du personnel », a conclu Rhian Gastineau, chef de mission MSF.