Afrique

Centrafrique : Chronique d’un conflit sans fin

Depuis son indépendance en 1960, la Centrafrique vit au rythme des guerres civiles et des coups d’Etats. L’Agence Anadolu résume les plus importants évènements depuis l’Indépendance à nos jours

Fatma Bendhaou  | 23.12.2020 - Mıse À Jour : 23.12.2020
Centrafrique : Chronique d’un conflit sans fin

Tunisia

AA/Tunis

Rares sont les conflits qui sont aussi complexes et enchevêtrés à comprendre que celui de la République centrafricaine. Au cœur du continent africain, la RCA riche en or, pétrole, diamants et uranium, s’est enfoncée pendant des années dans le chaos. Une longue crise sécuritaire et humanitaire dure depuis des années dans ce pays peuplé de quelque 5 990 855 habitants, et où la France, ancienne puissance coloniale continue d'y jouer un rôle important.

Le pays devient la République centrafricaine le 1er décembre 1958 et proclame son indépendance le 13 août 1960.

Le 31 décembre 1965, Jean-Bedel Bokassa renverse son cousin David Dacko et prend le pouvoir lors du « coup d'État de la Saint-Sylvestre ».

Le 4 décembre 1976, Bokassa s'auto-proclame empereur Bokassa Ier, mettant en place une politique très répressive dans tout le pays.

En Septembre 1979, « l'opération Barracuda », organisée par la France, renverse Bokassa et remet au pouvoir David Dacko.

Le 1er septembre 1981, David Dacko est chassé du pouvoir par le général André Kolingba, qui établit un régime militaire.

Les 22 août et 19 septembre 1993, les premières élections multipartites ont lieu et Ange-Félix Patassé est élu président de la République.

Huit ans plus tard, le 27 mai 2001, Une tentative de coup d'État provoque de violents affrontements dans la capitale, Bangui.

Coup de théâtre le 15 mars 2003, date à laquelle le général François Bozizé réussit, avec l'aide de militaires français et de miliciens tchadiens, un nouveau coup d'État et renverse le président Patassé.

Deux guerres civiles

Entre 2004 et 2007, l'accession à la présidence de Bozizé est violemment contestée et une première guerre civile centrafricaine ravage le pays, jusqu'à la signature d'un accord de paix.

Mais fin 2012, les rebelles dénoncent la non-tenue des accords par le président Bozizé, et reprennent les armes, lançant une série d'attaques et démarrant la deuxième guerre civile centrafricaine. Le groupe armé "Séléka" composé majoritairement de musulmans, et les milices "anti-Balaka", formées de chrétiens s’entretuent. Les conflits qui étaient d’origine politique au départ ont pris une forme religieuse et ethnique au fil du temps.

Le 24 mars 2013, les groupes armés pénètrent dans la capitale Bangui et renversent le régime de François Bozizé. Ce coup d’Etat est accompagné de violences extrêmes dans tout le pays. Bozizé fuit au Cameroun voisin. Le chef de file de la Séléka, Michel Djotodia, s'autoproclame président par intérim. Les violences sporadiques se sont transformées en un conflit ravageur et des exactions de masse ont visé essentiellement les populations civiles. La communauté musulmane (qui constitue une minorité dans ce pays) a trouvé refuge dans les pays limitrophes comme le Tchad et le Cameroun.

La France de retour

Le 5 décembre 2013, la France qui n’a cessé de manœuvrer en coulisses depuis l’indépendance envoie en urgence un contingent de 1 200 soldats avec l’aval des Nations unies. C’est le début de l’opération Sangaris.

Le 10 janvier 2014, le président par intérim Michel Djotodia démissionne sous la pression des dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) réunis en sommet au Tchad voisin. Le président démissionnaire quitte le pays pour le Bénin.

Les belligérants signent, le 23 juillet 2014, un accord de cessation des hostilités à Brazzaville. En dépit de cet accord, le pays est divisé en régions contrôlées par des milices.

Fin 2014, des milliers de civils ont été tués par les deux camps, et plus de 800 000 personnes déplacées avaient dû quitter leur foyer, parmi lesquels 415 000 environ, pour la plupart musulmans, ont passé les frontières pour chercher refuge dans les pays voisins. Les milices anti-Balaka ont continué à mener des attaques de représailles massives contre les civils.

Faustin-Archange Touadéra est élu président du pays au terme du deuxième tour de la présidentielle en janvier 2016. Il lance un processus de réconciliation nationale afin de rendre justice aux victimes des guerres civiles.

En décembre 2017, un accord militaire est conclu entre Bangui et Moscou, en vertu duquel la Russie a officiellement le mandat de former les troupes centrafricaines.

Le 6 février 2019, l'État centrafricain signe avec les 14 principaux groupes armés du pays un nouvel accord de paix négocié en janvier à Khartoum.

En 2020, les trois quarts du territoire de la République restent sous le contrôle des groupes armés. L’élection présidentielle est prévue pour le 27 décembre 2020.

Situation humanitaire très difficile

Près de 643 000 personnes sont encore déplacées à l'intérieur du pays tandis que 575 000 Centrafricains ont trouvé refuge dans les pays voisins. Selon les estimations, en 2019, 2,9 millions de Centrafricains, soit plus de la moitié de la population du pays, devraient avoir besoin d'une aide humanitaire, dont 1,6 million sont dans une situation d’extrême urgence.

En janvier 2015, un rapport d'une commission d'enquête de l'ONU affirme que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont été commis par la Seleka et les anti-balaka mais qu'il n'y a pas de preuve de génocide.

La République centrafricaine est l'un des pays les plus pauvres au monde. Elle se classe tout en bas du classement de l’Indice de développement humain de l’ONU (188ème rang sur 189 pays en décembre 2018) ce qui risque d’avoir de graves conséquences graves pour sa future génération.


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